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[Test] Onechanbara Z2 Chaos – PlayStation 4

image jeu onechanbara z2 chaos

Onechanbara Z2 Chaos, un kusoge sexy et gore

En ces temps de puritanisme en nette progression, il est toujours bon de chercher à créer un contre-mouvement. Alors que les idéologues gagnent du terrain, après avoir fait interdire une pub pour des sous-vêtements féminin (« cachez ces corps qu’on ne saurait voir », tandis que le burkini est défendu par certaines féministes, allez comprendre), les arts ont vocation à nous protéger des censeurs et autres extrémistes (religieux ou non), nous ramener aux fondamentaux. Si l’on conseillera aux indignés de tous bords de passer une journée parmi les sculptures du Louvre, où la nudité leur donnera quelques sueurs aussi froides que salvatrices, le jeu vidéo a aussi son rôle à jouer. Des licences comme Onechanbara, issues d’une autre culture, contient des bienfaits qui pourront ravir celles et ceux qui n’en peuvent plus des carcans aujourd’hui imposés par une minorité.

Il faut, tout d’abord, rappeler qu’Onechanbara est à la base de la pure production Z japonaise. L’un des plus fiers représentants de ce qu’on appelle le « kusoge », une abréviation typiquement nipponne de deux mots : kuso (merde, en français) et game. La licence est née en 2004, au sein de ce qui fut un petit phénomène : les Simple Series. Le principe s’avère d’une simplicité à toute épreuve : proposer des softs plus ou moins génériques, mais à tout petit prix. Ainsi, les gamers qui font attention aux fins de mois ont pu tout de même s’amuser sur des jeux de cartes, de bowling, et autre billard. Mais bien vite, l’éditeur D3 Publisher, qui tient une partie de cette offre, a voulu développer le concept, et a poussé la sortie de titres autrement plus intéressants. C’est ici, par exemple, qu’est né Earth Defense Force, là encore un titre de niche parmi les plus fameux. On aura aussi vu sortir des choses parfois ahurissante, comme The Daibijin (sorti en Europe sous le titre très significatif de Demolition Girl), dans lequel le joueur incarne un soldat qui se doit de lutter contre l’avancée fatale d’un extraterrestre transformé en jeune fille gigantesque. Et cette dernière revêt un bikini, sinon c’est beaucoup moins drôle.

Vous l’aurez compris, la licence Onechanbara est née au sein des Simple Series. Et, tout comme Earth Defense Force, son succès populaire auprès des fans un peu déviants a poussé D3 Publisher a envisager des suites, mais cette fois-ci costaudes en terme de production. Pas beaucoup plus cependant, ne rêvons pas trop, et à juste titre : ce genre de jeu est voué à construire une véritable offre de série B, à destination de joueurs à la fois fins connaisseurs et curieux. La licence a, donc, gagné en reconnaissance. Des filles proposent des cosplays, et deux films (que l’on abordera prochainement) sont sortis. Pourquoi une telle aura, vous demandez-vous ? Deux raisons nous sautent aux yeux. La première est l’étonnante qualité du gameplay. Si les premiers opus n’étaient vraiment pas des foudres de guerre à ce niveau, le studio de développement Tamsoft (que vous connaissez sans doute pour Toshinden et Senran Kagura) a su redresser la barre, et Onechanbara Z2 : Chaos en est la preuve. La deuxième, et sûrement la plus indéniable, c’est l’univers délirant qui nous est proposé. On va faire simple : des filles en petites tenues défoncent joyeusement du zombie au sabre. Avouez que ça vous fait déjà rêver.

Une recette bien plus soignée qu’espéré

Les zombies n’ont qu’à bien se tenir !

Onechanbara doit composer avec les chuchotements de bien-pensants qui voudraient faire du jeu vidéo (et du cinéma) un reflet de leur idéologie bien occidentale. Tout en inventant le concept, particulièrement crétin, d’appropriation culturelle, ces indignés intrusifs voudraient voir un pays comme le Japon se soumettre à leur idéologie intrusive, voire même colonialiste. Quelle tristesse, quelle petitesse d’esprit ! À leurs yeux, le duo formé par Tamsoft et D3 Publisher représente sûrement le Mal absolu : mais que viennent faire ces filles aux mensurations irréelles dans une histoire de zombis à découper ? On leur rétorquera que la réponse est presque contenu dans la question : on s’en fiche du réalisme, de la tenue des filles, dans une œuvre qui nous parle de monstres. Rappelons, à leur endroit, que les morts-vivants n’existent que sur les écrans, desquels il faudrait que ces harpies et autres chevaliers blancs (en recrudescence dans les médias occidentaux dédiés au jeu vidéo) se déconnectent un peu. Sortez de Twitter, étrangement vous ne verrez aucune femme se baladant en string, persuadée de se lancer dans une chasse au zomblard. Et pas plus d’hommes persuadés qu’une fille devrait se comporter de la sorte. Prendre en mains un avatar, ça ne créé pas du sexisme, et ce n’est jamais sexiste. Jamais.

Une fois le contexte replacé, il est grand temps de dignement aborder Onechanbara Z2 : Chaos, et pas de le bazarder au rang des jeux-sexistes-qui-ne-méritent-que-trois-paragraphes-et-juste-la-moyenne-sinon-on-va-se-faire-défoncer-par-Lucie-aux-cheveux-verts-sur-les-réseaux-sociaux. On fait face à un bon gros beat them all, avec un flux d’ennemis parfois assez épais pour qu’on puisse presque qualifier le résultat de hack and slash. Le soft n’est pas qu’un prétexte au combat, il propose aussi un scénario plus développé que ce qu’on peut s’imaginer, de prime abord. Malheureusement, il faudra avoir pratiqué les précédentes itérations pour bien comprendre toutes les particularités. En gros, le titre fait suite directe à Onechanbara Z, lequel se terminait par la défaite de la Reine Carmilla, la mère adoptive des deux héroïnes : Kagura et Aya. Aidées par Saaya et Saki, deux chasseuses appartenant aux Baneful Blood (et que l’on retrouvera pour School Girl Zombie Hunter), elles vont devoir se débarrasser d’Evange, une femme (plantureuse, hein) qui voudrait détruire l’humanité, et la remplacer par un conglomérat de vampires et de Banefuls. De quoi créer un récit certes bordélique au possible, mais au moins énergique. Signalons ici que, malheureusement, les sous-titres sont uniquement proposés en anglais.

Onechanbara Z2 : Chaos commence à réellement nous plaire une fois que l’une des donzelles devient notre avatar. On comprend de suite que le principe n’est pas si générique. Les quatre héroïnes proposent une approche assez différente pour ne pas que le choix se résume à la simple apparence. Kagura est puissante mais un peu lente. Aya frappe un peu moins fort, mais nous paraît plus mobile. Saaya reste la moins rapide, mais sa tronçonneuse déblaye tout sur son passage. Enfin, Saki est la plus énergique, mais aussi celle qui propose l’approche la plus centrée sur le corps-à-corps. Et chacune de ces chasseuses profite de trois armes. Les deux premières influent directement sur la manière d’enchainer les coups. Par exemple, l’arme de base d’Aya propose un combo qui impose un coup assez lent mais dévastateur. S’il ne vous convient pas, vous pourrez passer à la double-épée, dont la célérité n’est jamais prise à défaut. Aussi, nos combattantes profitent d’une arme secondaire, comme un couteau ou une lame-boomerang, à charger pour plus d’effets. Celle de Saki est la plus étonnante : il s’agit d’un contre, à déclencher pile au bon moment, et totalement mortel. Cela ne fait que commencer à dessiner une petite approche tactique qui fait toute la différence.

Onechanbara Z2 : Chaos est plaisant à maitriser

Les supers attaques sont de sortie.

Onechanbara Z2 : Chaos pousse à la maitrise des mécaniques. Vous ne pourrez pas faire votre bonhomme de chemin, dans les modes de difficulté élevés, sans les maitriser sur le bout des doigts. Vous remarquerez assez vite que l’ATH (affichage tête haute, en gros les informations à l’écran) est plutôt bien pensé, mais se retrouve parfois chargé. Quelques jauges sont au rendez-vous. Les quatre personnages sont représentés par des portraits, lesquels se voient appliquer une mesure rose. Celle-ci nous informe sur la disponibilité des chasseuses. Quand elles sont prêtes, appelez-les en pressant le Touch Pad ! Ces renforts vous sauveront de bien des situations. D’ailleurs, leur présence est aussi l’occasion de jouer avec le switch des personnages. Arrivé au bout d’un enchainement, appuyez sur la croix directionnelle : une autre fille prend alors le relais et assène un gros coup bien puissant, continuant ainsi le combo en cours. Bien entendu, ce dernier est associé à un compteur, et plus il est élevé, plus vous engrangez des points. Ceux-ci sont récompensés par une note, aussi importante pour l’égo que pour l’obtention d’orbes (et d’un Trophée, ça a son importance).

Aussi présentes à l’écran, on a les jauges de Dare Drive, et d’Ecstasy. La première est la grande nouveauté d’Onechanbara Z2 : Chaos. Plus vous créez des bains de sang, plus votre avatar cumule de l’hémoglobine et, quand le maximum est atteint, il est grand temps de se transformer. Sous cette nouvelle forme, au design plus ou moins réussit selon les combattantes (on a vraiment du mal avec celle de Kagura, plus poilue que votre humble serviteur), la puissance et la rapidité s’en trouvent décuplées. Aussi, l’Ecstasy grimpe toute seul, et c’est une véritable bénédiction. Rappelons que cette dernière mécanique est liée à la rapidité des enchaînements. Avec les coups augmentent une jauge, laquelle est divisée en trois parties. Une fois qu’une d’entre elles est remplie, presser Carré et Rond déclenche une super-attaque. Pour qu’elle soit d’autant plus puissante, il faut tenter de remplir les trois compartiments. Difficile, car le niveau baisse continuellement. On aura remarqué que les combos Cool, que vous réussissez en déclenchant un coup au bon moment, provoquent une meilleur complétion. On observe, donc, une volonté de Tamsoft à garder la vigilance du joueur en alerte, et il en résulte un véritable plaisir de la maitrise.

Qui dit beat them all dit enchainements nombreux, et autres subtilités. Onechanbara Z2 : Chaos propose tout cela, et même un peu plus. On abordait, plus haut, la présence d’orbes. Celles-ci, tout comme dans un Devil May Cry, s’accumulent tel un système monétaire. Elles servent à l’achat de nouveaux coups, d’éléments à consommer (regain d’énergie, par exemple) mais aussi d’armes et d’anneaux. Ces derniers provoquant des effets parfois plus qu’intéressants, comme celui qui facilite grandement les combos Cool. Bien entendu, il faudra les placer dans l’inventaire des héroïnes, ce qui est possible sous certaines conditions : en début de mission, à l’écran des menus, ou en cours de niveau quand on croise une statue. La gâchette R2 est liée aux esquives. Celles-ci se placent remarquablement bien, et deux personnages voient ce mouvement, quand il est parfaitement exécuté, s’accompagner d’un petit ralentissement afin de placer un coup assez dévastateur. On devra faire attention à bien d’autres choses, comme le besoin de rafraichir les armes du sang accumulé, ou encore la Poursuite : votre avatar s’élance dans les airs, embarque avec lui les ennemis qu’il croise dans ce mouvement, et peut les défoncer en cours d’action. Et les personnages ont droit à des spécificités qu’on vous laisse découvrir. Vraiment, il faut s’y pencher car, encore une fois, si vous voulez vous en sortir en difficulté Berserk, ce ne sera pas sans payer le prix de l’investissement. Tout comme les (très, très) petites culottes des héroïnes cachent une force sans égale, le jeu propose un gameplay savoureux derrière des apparats légers.

Quelques regrets, tout de même

Onechanbara Z2 : Chaos n’est pas une claque technique…

Onechanbara Z2 : Chaos est plus contestable sur deux points. Le level design s’avère incroyablement plat. Les niveaux manquent de possibilités, de surprises. Aussi, la caméra n’est pas toujours des plus satisfaisantes. Elle ne devient jamais illisible, par contre on aurait apprécié pouvoir influencer la vitesse des rotations. Heureusement, une option nous permet de choisir la proximité du point de vue, ce qui contentera les amateurs de caméra rapprochée, tout comme ceux qui préfère des angles plus larges. Techniquement, on fait face à un rendu digne d’un début de règne de la PlayStation 3, mais ce n’est pas spécialement gênant quand on sait où l’on met les pied. D’ailleurs l’ensemble reste d’une belle fluidité. Par contre, les différents environnements se révèlent sans grande saveur. Outre qu’ils sont vides d’animations, la globalité reste d’un classicisme assez terrible. L’intérieur d’un gratte-ciel, une mine, un désert, un bateau, et d’autres lieux tout aussi peu surprenants, ne parviennent pas à créer une ambiance visuelle inoubliable. Dommage, car ces héroïnes méritent mieux. La musique, composé par quatre artistes (Akihi Motoyama, Mutsumi Ishimura, Keisuke Sugiyama, Yuki Mori) accompagnent bien l’action, avec une préférence pour les morceaux chantés. Aussi, on ne pourra que vous conseiller d’opter pour le doublage japonais, tout bonnement succulent. Congeulatuléchioneu !

La durée de vie de Onechanbara Z2 : Chaos atteint les vingt-cinq heures de jeu. Sur ce point, cet épisode fait moins bien que les quarante heures demandées par l’épisode Bikini Samurai Squad (disponible sur Xbox 360). Mais il est acquis que l’équilibre de l’opus abordé dans notre article est d’une meilleure facture. Le scénario se boucle en trois heures grand maximum, mais trois modes de difficulté se débloquent (Hard, Violent et Berserk), uniquement en terminant celui qui le précède. Et croyez-nous, il y a du challenge, pas qu’un peu. Les Missions rajoutent pas mal de sel : elles vous proposent des arènes, et des objectifs précis. Par exemple, des ennemis uniquement sensibles aux attaques de Poursuite. Ces défis sont au nombre de quarante, divisés en deux difficulté : Normal et Hard. Des quêtes sont aussi de la partie. Celles-ci se déroulent en cours de tous les modes de jeu, et visent à rajouter un peu de challenge. Se défaire d’une cinquantaine de boss, sans qu’ils n’infligent le moindre dégât, ce n’est pas de la tarte. Tout cela provoque le gain d’accessoires et de tenues pour les héroïnes, à appliquer comme bon vous semble dans le mode Coordinate. Par contre, on ne peut s’empêcher de regretter l’absence d’un mode multijoueur, que ce soit en ligne ou en local. Dommage, même si cela n’atteint pas notre constat : le jeu se révèle bien recommandable… si vous êtes conscients de ce qu’est un kusoge.

 

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