La licence culte Mana tient enfin un artbook à sa hauteur
L’artbook Art of Mana est disponible, l’occasion pour nous de revenir sur l’une des licences les plus populaires de Square Enix en Occident. Et d’en souligner le charme purement visuel.
On ne peut que se réjouir : Mana Books continue son gros travail de fond, afin de gâter les joueurs de tous bords. Après avoir ostensiblement gonflé nos bibliothèque, grâce à des artbooks prestigieux comme Akira Toriyamma Dragon Quest Illustrations, Bloodborn : Artbook officiel, ou encore Fallout 4 : imaginer l’apocalypse, voilà que la très précieuse maison d’édition enchaîne avec un nouvel ouvrage très attendu. Ce n’est pas tous les jours qu’on a vingt-cinq ans, un quart de siècle, dès lors il fallait marquer les esprits. C’est ce défi que se devait de relever Art of Mana, sorti le 6 septembre 2018. Verdict dans les prochaines lignes.
Des licences cultes, Square Enix en possède à foison. Le roi du jeu de rôle à la japonaise, ce genre vidéoludique si codifié, n’a pas gagné ses lettres de noblesse en tirant au flanc, c’est une certitude. Final Fantasy, Dragon Quest, voilà deux séries parmi les plus connues et les plus vendues de l’histoire des jeux vidéo. Mais ce n’est pas tout ! D’autres sagas ont largement contribué à la légende, comme Kingdom Hearts, SaGa, Front Mission… et Seiken Densetsu. Derrière ce titre nippon se cache surtout un soft, et pas n’importe lequel : Secret of Mana. Cet Action-RPG de très haut vol fut l’un des premiers à atteindre le sol européen, et quel choc ! Si vous avez un peu plus de trente ans, vous avez sûrement connu ce Noël magique, avec ce pack comprenant le jeu et la soluce, le fameux duo qui fit sensation. Des souvenirs émus, qui se sont incrustés au plus profond de nous grâce, notamment, aux qualités artistiques de l’œuvre. Art of Mana se propose de réunir non seulement les magnifiques illustrations de ce grand hit, mais aussi celles des autres titres de la licence, ce qui permet de rappeler quelques faits intéressants.
Tout d’abord, on a tendance à l’oublier mais le titre original de Secret of Mana est Seiken Densetsu 2. Ce qui veut dire qu’un opus le précédait, merci Captain Obvious. Et ce premier jeu, on l’a aussi connu en Europe : il n’est autre que Mystic Quest, sorti en 1991 sur Game Boy. Là aussi, on vous parle d’un temps que les moins de vingt (voire trente) ans ne peuvent pas connaître. Et dès cet épisode, on sent un style s’installer, volontairement enchanteur. La patte de l’immense Kôichi Ishii (le créateur des Chocobos, tout de même), qui réalisait le soft et lui imprimait sa personnalité par le biais de la création des personnages, s’est alors imposée d’elle-même. Un véritable univers était né, dans lequel des éléments visuels étaient destinés à devenir inoubliables. On pense évidemment à l’arbre Mana qui, par la suite, se propagera même en-dehors de la licence. Des personnages reviennent aussi à l’esprit, et Art of Mana nous permet d’en observer l’évolution, au fil des années. Flammy, Ondine, Liévro et les autres, c’est assez saisissant de se rendre compte que ces figures cultes ont su traverser les aventures des différents héros.
Des tonnes d’illustrations, et des commentaires précieux
Art of Mana revient sur le travail de création artistique fascinant au sein d’une licence visuellement plus cohérente qu’il n’y paraît. On ne parlera pas, ici, des qualités purement vidéoludiques de certains épisodes, vous devez savoir que le niveau a malheureusement chuté après le très mémorable Seiken Densetsu 3 (désormais disponible en Europe sous le titre de Trials Of Mana). Artistiquement, c’est une autre paire de manche : force est de constater que la série a su garder un certain standing, et ce malgré une véritable baisse de régime sur le plus consensuel Rise of Mana. Les artistes ont défilé, mais dans un esprit de continuité, ce qui n’empêche pas des prises de risque. On pensera à Legend of Mana et les traits des personnages très précis, ce qui donne un rendu assez étrange mais pas désagréable, entre la fantaisie des costumes et une complexité des corps. On a parfois cette impression que la saga provoque de la prudence, de la part des artistes, cet artbook est idéal pour prouver le contraire.
Si Art of Mana est sous-titré La bible visuelle ultime, ce n’est pas pour faire joli. Effectivement, cet excellent artbook livre en puissance est un ouvrage de pointe, qui régalera tous les joueurs passionnés. Les illustrations et autres croquis préparatoires sont, bien évidemment, au cœur de ce succès, mais pas que. On a rarement croisé la route d’un artbook aussi détaillé. La structure est assez classique : on aborde chaque jeu, dans l’ordre de parution, mais le contenu des différents chapitres se révèle de l’ordre du précieux. Les travaux sont en grande partie commentés par l’un des artistes, lesquels sont cités en page de présentation du soft. Ainsi, on apprend une tonne de détails passionnants, sur le design et la méthode de création. Vous allez passer autant de temps à admirer les dessins, qu’à vous régaler des descriptions.
Art of Mana est une expérience complète, comprenant même les derniers travaux effectués pour les besoins du très discuté Secret of Mana HD. Elle se complète d’une interview croisée très précieuse, avec Kôichi Ishii et Hiromichi Tanaka, autre figure importante de la licence, qui a notamment réalisé le troisième opus. Ils reviennent notamment sur le défi que fut le passage à un moteur 3D, à l’occasion du ratage (en termes vidéoludiques, pas artistiques) que fut Dawn of Mana. On y découvre des créateurs assez fiers, mais aussi conscients des quelques mauvaises idées qui ont pu détérioré l’image de la saga. L’ouvrage se termine sur un index des commentaires, mais aussi avec un message des différents illustrateurs. L’un d’eux, le surdoué Shin’ichi Kameoka, signe : « J’ai hâte de découvrir la future série Mana que va créer la nouvelle génération ». Un indice sur la tournure les développements, chez Square Enix ? Sûrement, et cet ouvrage participe grandement à l’espérance qu’on place derrière ces propos.