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[Test] Super Meat Boy Forever – PlayStation 4

image jeu super meat boy forever

Super Meat Boy Forever, une suite courageuse

La sortie de Super Meat Boy Forever fait sans aucun doute l’effet d’une résurgence masochiste. Entre plaisir du skill grandissant et difficulté à s’arracher les poils de nez à la cuillère, le premier Super Meat Boy reste parmi l’un des jeux indépendants les plus influents. Cette suite est-elle à la hauteur ?

Super Meat Boy s’inscrivait de plein pied dans la plate-forme 2D, évidemment avec un énorme focus sur le Die and retry. Un petit morceau de viande encore bleu qui devait se tirer de tableaux de plus en plus vicieux, avec comme grande force de ne pas imposer un temps de chargement quand l’échec, inévitable, sanctionnait la moindre micro-erreur. Tout cela a longtemps servi de modèle à la partie la plus hardcore des gamers, laquelle a ensuite pu se régaler d’itérations comme The End Is Nigh, d’ailleurs signée par Edmund McMillen, un ancien de la Team Meat. L’héritage est donc assuré dans les faits, et cela ne fait qu’ajouter à la curiosité que l’on ressent en découvrant Super Meat Boy Forever.

Car cette suite, onze ans après le précédent opus, prend tout le monde à revers. Entre nous, l’on n’avait pas suivi le développement de ce titre, ni regardé de trailers. Rien. Grosse surprise donc au moment de découvrir… un Endless runner. Oui, ce genre aujourd’hui un peu ringardisé, que l’on retrouve parfois sur smartphone, et assez souvent gratuitement. En gros, l’avatar avance automatiquement, et vous avez la tâche de lui faire éviter divers pièges en sautant, à l’aide d’un seul bouton. Oui, voilà, comme Temple Run. Super Meat Boy Forever s’empare de ce style, et cherche à lui redonner une certaine noblesse. La décision est courageuse et, dans les faits, quelques idées valaient effectivement le coup d’être tentées.

Le renouveau du Endless runner ?

la licence lorgne maintenant vers l’Endless runner.

L’emballage est soigné, on a droit à une narration par cutscenes certes oubliables mais appréciables. On retrouve donc Meat Boy, lequel vient de sauver sa dulcinée. Après avoir fêté ces retrouvailles comme il se doit, le couple donne naissance à un enfant nommé Nugget. Celui-ci va se faire kidnapper le vilain du premier épisode et, bien entendu, va se cacher au fin fond du dernier niveau. Et vous savez quoi ? Il va falloir le rejoindre, avec l’aide de nouveaux personnages dont la compagne Bandage Girl. Au programme de ce Super Meat Boy Forever, plus de sept mille niveaux réservant une grosse dose de pièges capillotractés. Oui, vous avez bien lu. Cela peut tout d’abord faire bel effet, la durée de vie est assuré, mais on doit tout de même signaler une certaine monotonie, à la longue, d’autant que la part d’aléatoire, dans la disposition des embûches, ne fonctionne pas toujours bien.

Si l’on avait un peu peur de l’effet « jeu flash deluxe », Super Meat Boy Forever nous rassure tout de même assez rapidement sur ce point. Endless runner oui, mais pas bête et discipliné. Tout d’abord, vous l’aurez compris : si on parle de niveaux c’est qu’ils ont une fin. Un paradoxe qui cherche donc à produire une impression d’accomplissement, typique du Die and retry. Aussi, le principe de l’unique bouton vole en éclat avec une commande pour l’action (sauter, frapper) et une autre afin de glisser. On ne parlera pas non plus de révolution de ce côté mais, mine de rien, cela ouvre aussi des perspectives sur le rapport au level design. Aussi, et plus discutable, on peut effectuer un rebond sur un mur afin soit de recommencer sur une paroi proche, soit de faire demi-tour. Là, c’est un peu dangereux car Meat Boy court vite, et l’on se retrouve parfois sans solution de revenir vers une course à l’endroit. Ce qui créé des échec plus injustes que dans le précédent opus.

Une difficulté plus injuste qu’auparavant

Super Meat Boy Forever propose des gros pics de difficulté.

Heureusement, les points de sauvegarde sont quand même assez nombreux, mais cela n’empêche pas une énorme frustration. Certes, cet aspect est tout à fait maitrisé, pris en compte, et les développeurs prennent un certain plaisir à proposer des replays de vos défaites cuisantes. Mais Super Meat Boy Forever est tout de même parfois décourageant, surtout quand deux difficultés du parcours semblent ne pas être faites pour se succéder, ce qui arrive notamment dans la deuxième moitié du jeu. Il faudra donc serrer la mâchoire comme Vegeta, et pourquoi pas se laisser prendre au jeu du jusqu’au-boutisme, car des objets à collecter permettent de débloquer un beau nombre de personnages, mais malheureusement sans capacités qui les différencient.

Super Meat Boy Forever peut compter sur un effet de surprise, mais il s’atténue au fil du temps pour aussi laisser place à quelques regrets. Par exemple, le fait même de proposer de l’aléatoire coupe l’herbe sous le pied de la scène speed run. Mais tout de même, il serait malvenu de tout rejeter, l’expérience assurant au moins un certain fun immédiat, et la difficulté corsée espérée. Techniquement, tout roule comme sur des boulettes de viande, on a toujours cette direction artistique typique de la Team Meat, colorée et paradoxalement bon enfant alors que le sang gicle. Ceci dans une fluidité constante. Et les musiques de Ridiculon, si elles restent moins en mémoire que celle de Danny Baranowsky sur Super Meat Boy, assurent une bonne énergie.

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