HitchHiker embarque l’histoire, mais pas le ludisme
Avec HitchHiker, le studio allemand Mad About Pandas tente sa chance dans un exercice devenu périlleux : le Walking simulator. Ce genre, s’il a connu certaines heures de gloire (Firewatch, What Remains of Edith Finch), est désormais perçu comme ayant atteint ses limites. Voyons si le jeu ici traité parvient à contrer cette idée.
Il faut que vous en soyez conscients : HitchHiker mise tout, absolument tout, sur deux éléments. Son récit, et sa situation. Pour le premier, le constat est assez bon, même si l’on émet quelques regrets. Le début de ce récit ô combien initiatique ne souffre d’aucune fausse note : en quelques secondes on a droit à une installation efficace. Par le bruitage, on comprend que le parcours se fera sur la route, et que notre avatar, dont on ne connait pas le nom, est un auto-stoppeur. Voici donc la situation. Un walking simulator à la sauce road trip ? Il fallait oser, et c’est sans doute la plus grande force de ce titre.
Cette originalité, encore que Road to Guangdong s’y est aussi récemment essayé, est idéale pour traiter de deux sujets. Tout d’abord l’amnésie de l’avatar, lequel va donc découvrir son identité au fil des discussions. Et, justement, la personnalité des cinq conducteurs qui se passent le relai. Tous sont assez différents dans le fond (un réfugié, un fermier, etc), mais leurs remarques vont faire avancer votre quête. Car HitchHiker dévoile bientôt les raisons du pourquoi de ce parcours : vous recherchez votre petite amie récemment disparue. Un prétexte pour en apprendre plus sur le personnage, mais n’allons pas plus loin afin de laisser le mystère agir. Notons ici que les sous-titres sont assurés en français, avec une grosse dose de coquilles.
Beau travail de mise en scène
HitchHiker pourra accrocher le joueur en recherche d’un (road) trip avant tout narratif. On peut tout de même regretter un traitement de la conclusion bien trop précipité. Cela manque de puissance, même si l’on comprend l’envie de décaler le point culminant du final sur le parcours. L’autre anicroche, c’est le trop peu d’interactions intéressantes. Oui, le walking simulator a atteint ses limites ludiques, et les casses-têtes se réussissent sans forcer. On pourra tout de même parfois agir sur les objets, et l’on a plutôt apprécié la phase dans le restaurant, au court de laquelle rester alerte quant aux événements étranges rapporte des points. C’est pas foufou, mais ça sort du sempiternel choix de réplique.
Plutôt accrocheur si le récit vous embarque, pas très ludique, HitchHiker propose une durée de vie en accord avec ses prétentions. Il vous faudra un peu moins de cinq heures pour en venir à bout, et sans grand intérêt pour la rejouabilité. Techniquement, le constat est bon, sans non plus nous faire sauter au plafond. On apprécie la direction artistique, très typée dessin animé voire bande dessinée, mais on a remarqué quelques petites baisses de framerate. Alors que les textures ne sont pas des plus riches, c’est donc difficilement compréhensible. Reste qu’on apprécie la mise en scène, de laquelle se dégage une petite ambiance lynchéenne. Enfin, signalons un gros travail sur les doublages, tous de grande qualité.