Narita Boy soigne plus les apparences que le gameplay
Si le phénomène Kickstarter s’est tout de même un peu calmé, ou du moins s’est enfin structuré pour accoucher de projets plus sérieux qu’auparavant, on continue d’y découvrir des titres intéressants. C’est sur cette plateforme, en 2017, qu’on a croisé pour la première fois Narita Boy, premier jeu du Studio Koba. Ayant attiré l’attention de l’éditeur Team17, le soft a connu un long développement, avant de le retrouver au Steam Game Festival 2021. Et c’est à cette occasion que certains joueurs y ont placé une attente un poil démesurée…
Narita Boy met bien plus en avant son scénario qu’aucun autre jeu des années 1980. Et cette histoire est l’un des éléments un peu perturbateur pour l’expérience. Pourtant, le récit n’a rien de spécialement original, on est en plein Ready Player One, Tron etc. Avec ce qu’il faut de héros plongé dans le jeu d’un développeur marqué par les drames de sa propre vie, que l’on ne manquera pas de découvrir au travers de séquences walking simulator. L’avatar se retrouve donc en plein Royaume Numérique, à suivre un cheminement balisé par une intelligence artificielle omnisciente, afin de sauver ce monde que le Créateur semble devoir détruire.
Le début du récit ne laisse aucun doute, on est en plein trip nostalgique néo-rétro. Le héros, avant de se faire aspirer dans le jeu, vit dans la banlieue de Old-York. C’est un ado gamer, dont la mère ne cesse de railler la passion. Tout cela sonne indéniable : Studio Koba a vu les mêmes films que nous, que vous, les D.A.R.Y.L. et consorts. Très bien, mais le traitement, et la digestion, nous laissent un peu sur notre faim. La traduction française est certes imparfaite, mais le trip qui rend volontairement incompréhensible certaines répliques, est contreproductif dans un jeu. Surtout un jeu d’aventure en 2D, à la limite du Metroidvania… et sans carte (The Skylia Prophecy, a aussi tenté, sans succès). On aura bien des indications à base de gros doigt vers un objectif, mais on se perd assez rapidement dans les multiples salles, heureusement toutes nommées.
Des débuts rudes dans l’installation des mécaniques
La première heure de Narita Boy est ainsi un véritable test. On comprend un peu le game design, on voit des points communs avec Another World notamment dans les sensations un peu lentes. On parle à des PNJ, on reçoit leurs missions (trouver une clé dans telle salle, par exemple), puis tout change dès qu’on obtient la Techno-épée. Là, un système de combat aussi classique qu’efficace se met en place. Au corps-à-corps donc, mais aussi à distance grâce à un fusil aux munitions au concept cooldown qui, chargées, peut envoyer un laser dévastateur. On trouvera tout au long du cheminement des améliorations, de nouveaux mouvements comme un dash très utile.
Tout cela fonctionne bien, mais la bonne idée de Narita Boy se trouve ailleurs : dans la mécanique des Dudes Légengaires. Ceux-ci nous accordent une super-attaque, liée à une jauge. Mais, surtout, chacun de ces Dudes est associé à une couleur. Bien vite, on se rend compte que c’est aussi le cas des ennemis, vous comprendrez donc que vos coups seront plus puissants en fonction de la compatibilité de tout cela. Une attaque rouge terrasse bien plus vite un adversaire rouge, c’est simple, percutant. On pourra définir cela comme un système de postures. Tout cela sert un feeling des combats plutôt sympathique, bien aidé par des patterns globalement intelligentes.
Un trip visuel rétro sympathique mais parfois envahissant
Seulement voilà, le gameplay c’est aussi la précision des commandes, et l’intelligence de la configuration des touches. Et là, Narita Boy manque le coche. Très étrangement, les sauts sont assez précis avant que l’on récupère l’épée. Une fois l’objet acquis, les bonds prennent en raideur, et la moindre plate-forme à atteindre devient une épreuve pour les nerfs. On pensait s’y faire au fil du temps, mais non, même dans la dernière ligne droite on a souvent ragé sur ce genre de passage. Aussi, les deux configurations de la manette ne permettent pas d’avoir les accès à la croix multidirectionnelle pour les mouvements. Hélas, elle est dédiée aux supers-attaques des Dudes Légendaires. Dommage.
Reste la direction artistique, la grosse attraction de Narita Boy. Mais là aussi, il y a débat. Certes, on apprécie la personnalité de l’ensemble, à la convergence de Tron, de l’univers de feu Daft Punk et autres références évidentes aux années 1980. Mais les gros néons, certains effets stroboscopiques, tout cela vient aussi gêner la bonne lisibilité de l’action. Les animations, quant à elles, sont carrément merveilleuses, c’est détaillé et crédible. Le tout sans la moindre faiblesse du framerate. Enfin, la musique est excellente. On est évidemment dans du bon gros synth-wave énergique, avec parfois quelques petites références fortement agréable, comme ce morceau se rapportant à l’OST de Chrono Trigger. Du bonheur au casque, à savourer pendant la dizaine d’heure de durée de vie.