Babylon’s Fall nous cache quelque chose !
Au rayon des arlésiennes du jeu vidéo, Babylon’s Fall se pose parmi les plus dignes représentantes. Annoncé en 2018 lors d’un E3 encore physique (ah, le monde d’avant !), le titre a de suite attiré l’attention. Et pour cause : un an après la sortie de NieR Automata, nous retrouvions le duo formé par PlatinumGames et Square Enix. Seulement voilà, les informations se sont depuis faites rares, ce qui n’empêche pas un retour sur les éléments à disposition. Et l’on va voir qu’ils sont parlants.
Tout d’abord, rassemblons les données officielles quant à ce bien mystérieux Babylon’s Fall. Avant toutes choses, il faut rassurer quant à l’existence persistante de ce projet. Car, si PlatinumGames est un studio talentueux, il est aussi taquin, pas avare de titres annulés ou abandonnés à d’autres. Les joueurs qui suivaient l’actualité de Scalebound, ou de Granblue Fantasy Relink, le savent mieux que quiconque. Mais rassurons-nous ici : si nous n’avons toujours pas de date de sortie, ce qui viendra peut-être tout prochainement (pour l’E3 2021 ?), l’équipe a confirmé, en juillet 2020, que le développement suit son cours malgré la pandémie du moment.
Si l’équipe technique reste encore mystérieuse, on connait au moins un nom au générique de Babylon’s Fall. Et pas n’importe lequel. C’est ici que des liens vont, d’ailleurs, commencer à se tisser. On sait que Yosuke Saito est à la production, et le bonhomme s’occupe de la licence NieR depuis le premier opus de 2010. Aussi, l’on vient d’apprendre que le producteur est au travail sur plusieurs projets… avec Yoko Taro, le créateur de l’univers Drakengard / NieR. L’un de ceux-ci n’est autre que NieR Re[in]carnation, le jeu mobile qui devrait sortir en Occident incessamment sous peu. Deux autres titres sont en gestation. L’un est annoncé comme une bizarrerie à l’esprit très indie, visant une sortie dématérialisée. L’autre, que l’on aborde ici, n’a pas suscité le moindre commentaire.
Deux trailers remplis d’indices
Maintenant que ces informations officielles sont rappelées, il faut se pencher sur les éléments évoqués par les deux trailers pour le moment disponibles. Et là, on monte encore d’un cran dans notre idée fixe : Babylon’s Fall est connecté à Drakengard / NieR, on en prend les paris. Avant toute chose, et ce n’est pas un indice déterminant bien entendu, on fait bien face à un jeu porté sur l’action. Les quelques phases de gameplay de la vidéo State of Play ne nous permettent pas d’assurer la présence des codes du RPG, il n’y a aucune information à l’écran, aucune indication d’ATH. Certes il n’est pas étonnant de retrouver l’action au centre d’une œuvre de PlatinumGames, c’est leur grande spécialité, mais rappelons tout de même que l’univers de Yoko Taro a toujours été très porté sur elle.
Dans la vidéo du reveal de Babylon’s Fall, pour l’E3 2018, ce sont des éléments scénaristiques plus que parlants qui ont été introduits. Le contenu de la bande annonce s’enchaine rapidement, le spectateur a à peine le temps d’emmagasiner les informations distillées par le biais d’une chronologie qui, on le sait, a toujours occupé une place importante dans l’univers de Drakengard / NieR. Le tout avec des sous-titres très légèrement floutés, que l’on ne peut réellement déchiffrer qu’en mettant sur pause. On voudrait brouiller les pistes qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Pourquoi ? Pour que les fans analysent ? Ou pour couvrir un sentiment qui, sinon, tournerait à l’évidence ? Les deux, mon capitaine, et ça fonctionne.
Zero nous met sur la piste…
Car ce trailer ne fait pas non plus dans le détail exact, l’évocation directe d’un élément scénaristique indiscutablement issu de l’univers de Yoko Taro. Paradoxalement avec son genre porté sur l’action, le reveal de Babylon’s Fall fait dans la dentelle, la finesse. L’ouverture est intelligente : on y nomme un empire, sur une carte rappelant immédiatement la direction artistique de Drakengard (pareil pour les armures des soldats), le tout baigné d’une musique très « gameofthronesienne » dans l’esprit. L’Empire, c’est justement l’une des deux factions du jeu cité, l’opposant de l’Union. Bon, ici le nom est précisé, Helos, évoquant de suite la Grèce antique. D’ailleurs tous les événements décrits dans ce trailer rapportent à des événements historiques ou religieux, comme l’Ephesian Book (Épître aux Éphésiens, un livre du Nouveau Testament) de l’événement « The Oversoul Prophecies ».
Revenons-en au lieu de l’action de Babylon’s Fall, un sacré indice. Surtout si l’on observe une info récente : la présence-bonus de Zero, l’héroïne totalement maboule de Drakengard 3, dans NieR Re[inc]carnation. L’action de ce dernier se déroule en partie dans une certaine Cathedral City. Cela devient plus intéressant quand on apprend que le lieu, en ruine, est aussi connu sous le nom d’Imperial City. Cela ne vous rappelle rien ? Eh oui, l’ouverture plaçant clairement l’action de Babylon’s Fall au Helos Empire. Les nom ne correspondent pas ? La raison est toute trouvée : l’endroit est un vestige de l’Ancien Monde, avec en background une apparition plus que mystérieuse bien des années avant Drakengard, avant une déchéance soudaine. De là à penser que le jeu de PlatinumGames nous précisera les conditions de cette chute, il n’y a qu’un pas effectué par le titre lui-même.
La religion, thème récurrent dans l’œuvre de Yoko Taro
Les joueurs attentifs sauront relever que l’œuvre de Yoko Taro a toujours abordé le rapport à la religion, et même les guerres de religion. Plus précisément, l’action de Drakengard se déroule pendant un conflit religieux opposant l’Empire et l’Union. De la bataille de Caerleon au combat titanesque au-dessus de Tokyo, tout le jeu est baigné par cette ambiance, et cela se répercute dans les deux suites (même si Drakengard 2 reste à part). Aussi, dans ce trailer on retrouve la présence d’un fléau, d’une menace intangible sortie de nulle part comme pour punir l’humanité. Ici, il est appelé Soul Plague, donc Peste de l’Âme. Une maladie touchant l’âme, on n’est pas loin de la nécrose runique de NieR Replicant 1.22.
Toute l’œuvre de Yoko Taro vise à décrire l’attaque humaine contre les Dieux, et même au-delà de l’extinction. C’est aussi le thème de NieR Automata, qui pousse le joueur à refuser la punition ultime imposée par le Dieu-créateur (en l’occurrence, les développeurs, les noms au générique qu’il faut détruire dans une phase de shoot hallucinante), à se retourner contre lui. Tout le reveal trailer de Babylon’s Fall est sur ce modèle, avec ce qu’il faut d’humanité se rebellant contre ses idoles et d’apparitions divines punitives. Ici la déesse est Gaïa, dont l’aspect titanesque incante, là encore, une habitude dans l’univers Drakengard / NieR. D’autant plus que les trois dernières dates de la chronologie décrivent la punition de Gaia, la formation de résistants nommés les Nomades, et leur contre-attaque pour en finir avec la déesse.
Du gameplay très évocateur
Tout cela met la puce à l’oreille. Nous vous redirigeons vers l’excellent site Grimoire-Cendre (un indispensable !) afin notamment de fouiller dans le background. Vous y trouverez d’ailleurs des références à la mythologie grecque, et plus particulièrement à une certaine Gaia. On rappellera aussi que ce nom figure au titre de l’un des chapitres de Drakengard, le douzième verset quatre : Le rire de Gaia. La divinité trouve donc un écho, pure coïncidence ? En tout cas, cette thématique religieuse constitue un indice concernant Babylon’s Fall, et ce même si Yoko Taro s’empare plus de ce sujet comme d’une manière d’aborder l’humanité elle-même (rappelons-nous du Dragon Rouge de Drakengard qui, découvrant Tokyo, se demande s’il s’agit du territoire des dieux). Pour le moment, on est sur du pressentiment très persistant, mais peu de certitude. Le second trailer va terminer de nous convaincre qu’il y a plus que cela.
C’est fin 2019 que l’on retrouve Babylon’s Fall, à l’occasion d’un State of Play de PlayStation. Pas d’infos complémentaires entre temps, rien, pas une image ingame. Aucune interview, pas d’enquête journalistique pour savoir à peu près où on en est, rien. On est donc à la limite de l’oubli du projet. La bande annonce, courte mais intense, a pour but de nourrir les impatients, avec du bon gros gameplay à la clé. Si beaucoup ont étrangement hurlé en parlant de déception technique, remarque d’une stupidité sans nom à cet instant du développement, on a été surtout stupéfait par l’absence (au moins dans les médias français) d’une mise en relation de deux éléments majeurs avec l’univers Drakengard / NieR.
Des points communs qui sautent aux yeux
Le premier de ces indices, celui qui saute de suite aux yeux, c’est l’arme en lévitation de l’avatar. Bien sûr, les attaques font aussi penser à celles de 2B, mais c’est peut-être encore plus criant quand l’épée stationne en l’air, pendant les enchainements. Là, impossible de ne pas immédiatement à NieR Automata. Instinctivement, on se dit d’ailleurs que Babylon’s Fall va donc se placer dans cette partie de l’univers de Yoko Taro, mais c’est oublier l’importance de la magie dans l’autre dimension, celle de Drakengard. Et, très clairement, la direction artistique s’inspire plus de la dark fantasy qu’un monde post-apocalyptique à la NieR Replicant. On vous a fait une petite image comparative, ça crève les yeux.
Le deuxième élément c’est cette sorte de super attaque en fin de trailer. Si vous venez de faire NieR Replicant 1.22, il est impossible de ne pas penser aux pouvoirs magique liés au Grimoir Weiss. Ici, pas lance ou de pieux surgissants du sol, mais une série de liens qui sortent d’un objet inconnu placé sur la dorsale de l’armure. Si ce dernier détail est encore mystérieux, l’évidence vient là encore nous étreindre : on remarque une filiation notamment dans cette couleur rouge si caractéristique de la magie de Drakengard / NieR. Là encore vous retrouverez dans cet article une comparaison qui, entre nous, ne laisse que peu de place au doute.
Babylon’s Fall de retour à l’E3 2021 ?
La dernière remarque tourne autour de la temporalité. Elle est évidente : si l’on ne se trompe pas dans ce lien avec Drakengard / NieR, alors Babylon’s Fall viendra se placer bien avant Drakengard 3. Qui est, lui même, l’opus le plus ancien sur la timeline. Voilà pour ce qu’on peut analyser par ce que l’on observe, et l’on est persuadé que d’autres détails pourront être décelés. Enfin pas tout à fait, il reste les plateformes visées par cette sortie, et la date de cette dernière. Lors du reveal, le jeu était annoncé comme une exclusivité console pour la PlayStation 4, tandis que les joueurs PC se rassuraient en apprenant une disponibilité sur Steam. Rien ne nous permet de l’affirmer, aucun indice, mais il serait étrange qu’avec un tel retard, le soft n’ait pas effectué le grand saut vers la PlayStation 5…
La date de sortie de Babylon’s Fall reste floue. Outre que PlatinumGames assure que le développement avance, on ne voit pas un jeu d’une telle ampleur paraitre rapidement après son retour sur le devant de la scène. Il va falloir s’armer de patience (2022, 2023 ?) mais, pour contrebalancer, on doit vous rassurer : notre petit doigt nous dit que le jeu va bientôt faire parler de lui. On s’appuie sur le site officiel du titre, qui affiche toujours un laconique « Plus d’informations l’été prochain ». À l’occasion d’un E3 2021 qui s’annonce grandiose de la part de Square Enix ? C’est fort possible. Du moins on l’espère car, si cette analyse peut s’avérer fausse, il nous tarde d’en avoir le cœur net.
Hideki Kamiya participe au mystère
Alors, Babylon’s Fall sera-t-il un Drakengard ? Un NieR ? Cette dernière possibilité semble mise de côté, pour les raisons précédemment évoquées. Beaucoup de fans parlent, sur les forums, d’un possible Drakengard 4, voire d’un Drakengard : Babylon’s Fall. Ce serait tout de même oublier que Yoko Taro n’éventualise pas son univers sous la même licence. Sinon, on parlerait de Drakengard : NieR, et ce n’est pas le cas. Il est donc possible que le titre reste tout simplement Babylon’s Fall, comme pour se démarquer des autres séries, dont les actions se déroulent bien, bien, bien plus tard. En tout cas, on parie de suite pour une future annonce qui fera grand bruit.
Terminons avec deux tweets très intéressants. L’un est signé par le génial Hideki Kamiya (Okami, Bayonetta), menaçant comme à son habitude de bloquer les profils qui lui demanderaient des détails quant à l’identité du directeur de Babylon’s Fall. Tout en précisant que ce ne serait pas lui. On s’en serait douté, mais ça signifie aussi que PlatinumGames ne veut surtout pas dévoiler cette information, ce qui est étonnant tant, en général, c’est celle qui sort en premier. Une surprise se prépare, donc, on en est certain. Et elle est peut-être liée à la réaction de Yoko Taro, toujours par tweet, lors du reveal : « semble intéressant »…