Ys IX : Monstrum Nox, c’est aussi à découvrir sur Switch
Quelques mois après sa sortie européenne sur PlayStation 4, voilà que la Switch découvre avec délectation le très bon Ys IX : Monstrum Nox. Soyons clairs de suite, il s’agit d’un A-RPG de haute volée, un incontournable pour qui a le bon goût d’aimer le genre. Et ce même si la Nintendo Switch n’assure pas la même qualité technique que la version PlayStation 4…
On va débuter cet article par une rapide contextualisation. Oui, votre humble serviteur est un fan de Ys et, plus globalement, des travaux de Nihon Falcom, l’un des studios japonais les plus talentueux dans le domaine du J-RPG. La licence n’était pas très connue en France avant le VII (paru sur PSP), même si les quatre premiers opus furent très salués par les fans de la PC-Engine. Seulement voilà, à cette époque la série avait beau regorger de qualités, elle s’aventurait sur le terrain de The Legend of Zelda, plus que des codes de gameplay à la Secret of Mana. Du coup, la série a pris son temps pour s’imposer, et c’est bien le prodigieux Ys VIII : Lacrimosa of Dana qui a définitivement ouvert les yeux à beaucoup de joueurs.
Avant d’aborder les spécificités techniques de la version Nintendo Switch, il faut rappeler à quel point Ys IX : Monstrum Nox est une expérience jouissive, et ce dans tous les compartiments. Côté histoire, on retrouve évidemment Adol « le rouquin » Christin, certainement l’un des personnages principaux d’A-RPG les plus intéressants du genre. Pas qu’il soit hyper creusé, bourré de subtilités, mais son statut de héros dont on suit des aventures par le biais de récits manuscrits lui donne une dimension héroïque saisissante. Chaque opus représente donc un livre, et les aventures que nous vivons forment en fait la narration du lecteur, même si ce n’est jamais rappelé hors de l’intro et du final. Adol est une légende, et nous en découvrons à chaque fois une nouvelle péripétie.
Une histoire étonnamment sombre, très soignée
On retrouve donc Adol, et bien entendu tout débute par une problématique assez forte pour enclencher un scénario plein de rebondissements et de moments assez sombres pour la licence. Ys IX : Monstrum Nox n’est pas glauque, mais le dernier tiers du récit va vers des choses que l’on n’attendait pas dans la série, plus encline à l’émotion (le VIII provoque encore la petite larme, snif) qu’à des envolées parfois violentes. C’est très soigné dans l’écriture, on y trouve aussi pas mal de mélancolie, un savant mélange. Toujours est-il que notre héros, toujours accompagné du costaud Dogui, se baladent tranquillou aux abords de Balduq, endroit très clairement inspirée d’un Paris à tendance gothique. Et paf, c’est en tentant d’entrer dans cette immense ville, surplombée d’une non moins gigantesque prison, que notre courageux duo va tomber sur bien plus forts qu’eux…
Une rencontre avec des soldats qui, apparemment, ont des choses à nous reprocher, et voilà le pauvre Adol plongé dans les geôles de la labyrinthique prison. Évidemment plus futé que la moyenne des locataires du coin, le rouquin prend aussitôt la tangente. Mais, en chemin, il va se passer quelque chose. Quelque chose de bouleversant pour le destin du héros d’Ys IX : Monstrum Nox. Une rencontre fortuite avec une jeune femme, Aprilis (une sorte de Jeanne d’Arc version Ys), qui va lui tirer dessus ! Alors heureusement ce n’est pas une balle de plomb, mais un projectile maudit provoquant des pouvoirs surnaturels chez la victime. C’est très cool pour sortir vivant de l’endroit et rejoindre une taverne abandonnée histoire de se faire oublier. Moins quand on se rend compte que notre nouvelle condition de Monstrum implique non seulement une incarcération à plus grande échelle (celle de la cité), mais aussi des responsabilités. « Un grand pouvoir… », vous connaissez la suite.
« J’vais t’faire courir l’rouquin ! »
Nihon Falcom, c’est le gameplay. C’est l’école de la patate. Même dans une série J-RPG traditionnelle (donc au tour par tour) comme The Legend of Heroes, les systèmes ont une sacrée énergie. Et l’on sent que même les scénaristes de Ys IX : Monstrum Nox participent à la sauvegarde de cette qualité, avec un concept de pouvoirs et de limites qui forment le socle de ce jeu. Le récit va encore se développer, nous faire rencontrer par moins de cinq autres personnages jouables (tous présentés par un chapitre dédié), mais l’intelligence de ce synopsis est à saluer. Si l’expérience globale est aussi satisfaisante, c’est parce que ce début fonctionne du tonnerre, n’a que peu son pareil pour créer de suite un intérêt chez le joueur. Lequel sera en plus ravi d’apprendre que les sous-titres sont traduits en français, et avec bien plus de soin que pour Ys VIII, ouf. Tout juste regrettera-t-on des quêtes annexes pas très intéressantes, même si ça commence à être mieux que ce que la licence fait habituellement de ce côté.
Côté gameplay, c’est un plaisir de tous les instants pour qui aime le genre Action-RPG. Pour faire simple, sachez que la prise en mains de Ys IX : Monstrum Nox se base sur les avancées de Ys VIII : Lacrimosa of Dana. Cependant, Nihon Falcom n’a pas joué la carte de l’immobilisme : des modifications se font sentir ici et là, et toujours pour le meilleur. Tout d’abord, que les fans de gameplay nerveux se rassurent, c’est toujours le caractère principal du jeu. Les sensations de combat se font grisantes au possible, et on a toujours ce focus sur les attaques spéciales consommant des PM. La balance entre les deux est exceptionnelle, on pèse nos mots. On ne connaît pas d’autre jeu où l’on a autant plaisir à utiliser ce qu’on peut considérer comme des magies : une gâchette, un bouton, point barre. Et, pour couronner le tout, plus vous les utilisez et plus ces attaques spéciales gagnent des niveaux.
Balduq, Paris qui ne dit pas son nom
On frappe, on se protège, on esquive, on déclenche une jauge de boost. Et l’on utilise des supers pouvoirs qui, grosso-modo, font l’effet des capacités dans un Metroidvania : cela permet de trouver des endroits auparavant inatteignables. Adol va se voir offrir la possibilité d’utiliser les spécificités de chacun des personnages de sa team : se téléporter, défoncer des murs, planer, et d’autres choses que l’on vous laisse découvrir. Tout cela vous sera utile dans toutes les phases d’exploration, que ce soit au sein des donjons, en ville ou à ses abords. Du coup, le changement de personnages se justifient encore mieux dans Ys IX : Monstrum Nox que chez son prédécesseur, c’est dire si Nihon Falcom est du genre à creuser ce qui fonctionne. Une envie récompensée par un gameplay fun au possible.
Ys IX : Monstrum Nox est un jeu ambitieux, pour un studio sans grands moyens. Placer l’action dans une ville à la superficie assez costaude pour embarquer une aventure entière, c’était courageux. Bon, ce n’est pas vraiment un monde ouvert, puisque Adol va devoir briser des limites, ouvrir de nouveaux quartiers, à certains moments du scénario. Lors des Nuits de Grimwald plus exactement, qui rappellent les assauts de Ys VIII, mais en plus chaotiques. Ils ne se lanceront que quand la jauge de Nox sera remplie, celle-ci évoluant en réussissant des quêtes principales ou annexes. C’est un système qui a son intérêt : cela permet de sentir une vraie progression sur une map pourtant plus petite que ce que la série a fait auparavant. La sensation de liberté en prend un coup, mais c’est pour la bonne cause. On pourra tout de même collecter des objets par-ci, par-là. Comme ces pétales bleues qui, une fois toutes récupérées, provoque une ligne de dialogue d’un personnage très, très marquant de la licence. On n’en dit pas plus.
Ys IX : Monstrum Nox sur Switch est à jouer en docké
On notera tout de même un petit accroc sur le level design des alentours de la ville, étrangement plat face à celui de la ville, toute en verticalité. Reste que Ys IX : Monstrum Nox est de ces jeux dont on sort avec un gameplay si ancré en nous qu’on a du mal à vite enchainer sur un autre titre. Que ce soit le loot pour notamment concocter des potions hyper importantes, les boss tous très funs à combattre, ou encore l’exemplarité de la mini-carte ou de la caméra, on est conquis. La difficulté se révèle moins élevée que d’habitude, c’est à noter, donc n’hésitez pas à débuter au moins en mode Normal. Par contre, le vrai regret se trouve dans l’après-fin : la licence nous avait habitué à beaucoup plus costaud dans le New game plus. Pas de donjons bonus au challenge démesuré, ni de boss secret à se mettre sous la dent. Dommage, même si on y revient forcément pour se frotter à la difficulté ultime.
La version Nintendo Switch ne propose pas de contenu bonus, il vous faudra donc toujours vingt-cinq heures en ligne droite, mais deux fois plus pour tout voir. Ys IX : Monstrum Nox n’est pas un jeu long, mais c’est une bonne chose, cela permet de ne pas se sentir tourner en rond. Techniquement, par contre, c’est plus mitigé. De base, le soft n’est pas une claque, Balduq manque d’animations, mais cela jouait aussi dans l’ambiance au final. Seulement voilà, il est vrai que cette édition Nintendo Switch est visuellement en-dessous de celle destinée à la PlayStation. En docké, le résultat reste honorable, même si le résultat tourne au mieux en 30 fps. C’est en nomade que les choses se gâtent vraiment. Clipping à gogo, crénelage de partout, fluidité encore moins assurée que sur une télé. C’est dommage, car Ys dans son lit, pénard, c’est quelque chose qu’on ne peut tout de même que savourer. Tout cela ne porte tout de même pas atteinte à la direction artistique absolument magistrale, et la bande son reste parmi les meilleures de ces dernières années.
Retrouvez aussi le test du jeu dans sa version PlayStation 5.