Final Fantasy III Pixel Remaster, du rétro à fort challenge
Après FF I Pixel Remaster et FF II Pixel Remaster, voici venu le temps d’aborder le troisième larron de cette trilogie. Et c’était une vraie attente, pour plusieurs raisons. Non seulement le jeu d’origine est un véritable mystère pour nous autres occidentaux. Aussi, sa réputation est très bonne auprès des connaisseurs. Final Fantasy III Pixel Remaster est-il la grande star de cette salve lancée par Square Enix ?
Empruntons une machine à voyager dans le temps, direction l’an de grâce 1990. En France, Zouk Machine et Mecano trustent le top 50, et au cinéma c’est l’orgie : Total Recall, Les Affranchis, Danse avec les loups, À la poursuite d’Octobre Rouge, et bien d’autres. Côté jeux vidéo, c’est un peu moins foufou, même si Mega Man 2, Ninja Gaiden ou encore le Batman de la Game Boy (du génie !) ont tout de même fait plus que sauver la baraque. Au Japon, le constat n’est pas le même, car c’est en ce tout début de décennie qu’est sorti Final Fantasy III, le dernier opus destiné à la Nes, mais aussi un gigantesque succès populaire vendu à plus d’un million d’exemplaires au Pays du Soleil Levant.
Et nous autres européens alors ? Eh ben rien. Il a fallu attendre le très sympathique remake 3D, paru sur Nintendo DS chez nous en 2007, pour découvrir cet univers. Mais pas dans sa version d’origine : avec tant d’ajouts et de modifications que le résultat n’était plus vraiment comparable avec le soft initial. D’où une grande partie de l’intérêt de ce Final Fantasy III Pixel Remaster, dont la philosophie s’étale dans le titre. Vous y retrouverez donc l’aventure d’origine, un scénario inchangé, et finalement une expérience faite pour les archéologues du jeu vidéo. Si votre truc c’est le rétrogaming, aussi bien pour ses sensations que dans un but de préservation, vous êtes à la bonne adresse. Même si, entre nous, on aurait tout de même aimé une version boîte (peut-être avec une version destinée aux consoles, qui sait ?).
Les invocations enfin de la partie
FF II marquait une vraie avancée dans le scénario, plus développé que chez son prédécesseur. Final Fantasy III Pixel Remaster est un petit peu décevant dans dans ce domaine, avec un scénario moins étonnant que le précédent opus. La base de ce nouvel univers est pourtant très solide : on retrouve d’ailleurs le coup du groupe de héros composé de quatre orphelins, exactement comme dans FF I. Le récit reste tout à fait intéressant, entendons-nous bien, mais il lui manque sans doute la dimension dramatique pourtant mise en avant dans FF II. Reste que l’aventure va vous faire voir du pays, avec parfois d’incroyables poussées épiques et même du continent : un cristal mystérieux va vous pousser à aller botter le popotin du perfide Xande, et d’une entité cachée dans son ombre, lesquels déversent le malheur sur le monde afin de sauvegarder leur immortalité. Et pour vivre tout ça, Square Enix propose des sous-titres français de bien belle qualité.
Final Fantasy III Pixel Remaster propose de découvrir l’un des épisodes les plus importants de cette grande licence. En effet, le soft a imposé quelques codes que l’on retrouvera presque automatiquement par la suite. On reste sur des combats au tour par tour bien entendu, mais la mécanique des lignes avant et arrière est largement corrigé, approfondi, avec des dégâts qui s’adapte en fonction du placement. Aussi, on retrouve le système de jobs, mais avec deux belles nouveautés. Tout d’abord, on peut désormais en changer en cours de route, pas gratuitement mais cela plaira aux indécis. Aussi, on en accueille de nouveaux, et pas qu’un peu : chasseur, ninja, chevalier, érudit, barde, géomancien, conjurateur, dragoon, viking, karatéka, chevalier mystique, invocateur, shaman, sorcier et sage. Voilà qui assure un choix très, très large, avec bien des archétypes pour tous types de joueurs (notre préférence allant au très complet ninja).
Oui, vous avez bien lu : Final Fantasy III Pixel Remaster introduit un invocateur, dons les invocations qui vont avec, au nombre de huit (dont Ifrit et Shiva). Elles sont encore balbutiantes, bien entendu encore très loin du grand spectacle qu’elles représenteront par la suite, mais clairement nous voyons là un FF avec des codes désormais profondément installés. Surtout que, après l’arrivée des Chocobo avec FF II, le troisième opus fait lui aussi intervenir des éléments devenus, avec le temps, de véritables signatures. Les invocations donc, mais aussi les fameux Moogles, ces mascottes très kawai ressemblant à un mélange d’ourson, de chauve-souris et de poisson-lanterne. Il s’agit clairement du premier Final Fantasy à imposer une personnalité digne d’une série en devenir.
Une technique rendue plus agréable, et une OST carrément sublime
Et côté fun, on en est où ? Final Fantasy III Pixel Remaster va plaire aux amateurs de gros challenges. L’aventure est très, très difficile, surtout dans ses dix premières et dix dernières heures. Les potions sont proposés à un tarif vertigineux, et les boss forment presque à chaque fois un véritable mur de difficulté, du moins pour qui ne se préparerait pas assez. Surtout, le dernier donjon est l’un des plus éreintants (et longs) de toute la licence, une véritable épreuve pour les nerfs. Donc oui, ce trip rétro va vous faire transpirer, et pas qu’un peu. Mais bonne nouvelle : le rythme des combats aléatoires a enfin été revue à la baisse. Et ça, c’était très attendu, tant on pouvait parfois se sentir harcelé par les monstres dans les deux précédents jeux. Enfin, l’impression d’évolution est excellente, et notamment bien accompagnée par des moyens de transports de plus en plus efficace. Quand on dirige, sur la fin, l’imposant Invincible, cela n’a plus rien à voir avec nos premières courses en Chocobo.
Côté bonus, Final Fantasy III Pixel Remaster apporte exactement la même chose que pour FF I et II Pixel Remaster. Il est donc question de graphismes plus supportables que la version d’origine, on est presque sur un rendu de début de 16 bits, mais toujours avec cette forte impression de rétro. Sans oublier de petits effets de lumière qui s’imbriquent bien à l’ensemble. C’est agréable, et cela n’apporte que de la crédibilité au sous-titre de cette édition. On retrouve aussi une option de combat automatique, une traduction française de belle qualité, une meilleure ergonomie des menus ainsi qu’un musée où l’on retrouve les sublimes artworks de Yoshitaka Amano, et les musiques du surdoué Nobuo Uematsu. D’ailleurs, la bande originale a été entièrement réarrangée, et le résultat se fait carrément divin !