F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch nous met une belle mandale
Nombreux sont les genres à avoir été revitalisés ces dernières années, notamment par l’apport incontestable du domaine indépendant. On pense évidemment au Roguelite, mais aussi au platformer hardcore, au jeu de course arcade. Mais l’un des plus gâté ces derniers temps n’est autre que le Metroidvania, un savant mélange d’aventure sur une carte étendue (comme dans Metroid), d’évolution par le biais de nouvelles capacités débloquant des zones, et de plate-forme plus classique (coucou Castlevania). On a vu, par exemple, les deux Guacamelee! donner de nouvelles lettres de noblesse à ce genre, et F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch prend le même chemin.
Autant être clair, F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch n’était absolument pas dans nos radars, et encore moins en cette fin d’année très chargée en grosses sorties. Grossière erreur, surtout que tout était réunit pour que ce jeu fasse grand effet chez les gamers passionnés. Tout d’abord, c’est un sujet qui nous est cher, le soft cultive la diversité en nous provenant tout droit du China Hero Project. Mais si, vous savez, ces jeux soutenus par Sony Interactive Entertainment, tous développés en Chine. Pour le moment, on a pu découvrir peu de jeux issus de ce programme (le sympathique Monkey King et l’énervé Hardcore Mecha), mais ce n’est pas l’envie qui nous manque d’aller plus loin. Ça tombe bien, le titre qui nous intéresse ici est le fruit du tout jeune studio TiGames, basé à Shanghai, et dont le potentiel nous a sauté au visage tel un lapin bondissant.
De lapin, il en est question dans F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch, et pas du genre tout faible, à avoir la myxomatose. Non, on incarne Rayton, un lagomorphe (et non pas un rongeur, regardez National Geographic !) vieillissant, ancien résistant lors d’une grande guerre contre la légion des Iron Dogs. Le jeu débute six ans après ce conflit, perdu par le camp de notre avatar. Et ça se ressent dans l’atmosphère, bien maitrisée dans son imagerie. Les ennemis ont donc pris la ville, Torche, et les vaincus ont tendance à sombrer dans le jus de carotte pour oublier cette nouvelle vie bien tristounette. Seulement voilà, son meilleur ami, l’ours Urso, se fait arrêter et emporter la légion. Voilà qui est de trop ! Rayton dépoussière son vieil arsenal, un poing d’acier géant accroché à un exosquelette, et s’élance dans une aventure d’une rudesse étonnante.
Ce matin, un lapin, va tuer des chiens d’aciers par dizaines
Il est fort à parier que les plus impatients d’entre vous ne verront pas le tout début de F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch d’un très bon œil, avec sa mise en place des mécaniques assez longue. Mais on se doit de tout de suite vous rassurer : non seulement les sensations un peu lourdes de ce commencement vont disparaître au fur et à mesure des différentes trouvailles, mais surtout c’est totalement fait exprès de la part de TiGames. On se retrouve donc dans les rues très sombres, en terme d’ambiance, de Torche, sur un plan en 2D. Et le poing géant va vite se voir compléter de deux autres armes : un fouet électrique et une perceuse bien violente. Si l’on insiste de suite sur l’arsenal, c’est que le système de combat est l’une de nos plus grandes satisfactions sur cette expérience. Pas qu’il soit hyper profond, mais on prend beaucoup de plaisir en passant de l’un à l’autre pour faire du gros combo qui déchire. Bien sûr, en face ça sait se défendre, et il faudra maitriser non seulement le dash, mais aussi l’esquive et des attaques spéciales avec jauge appliquée. Surtout, au bout de quelques heures on apprend à jouer avec la verticalité, et Rayton devient alors hyper aérien, gagne en peps. Un vrai plaisir, malgré une inertie à digérer.
Quand on aborde un Metroidvania, on s’attend à ce que certains codes soient respectés. TiGames l’a bien compris, et F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch remplit le cahier des charges non seulement avec application, mais aussi avec talent. La ville, assez grande même pour un habitué du genre, se divise en une grosse dizaine de zones interconnectées. Et ne vous inquiétez pas, le backtracking a lui aussi été soigné, notamment avec un système de trains qui permettent donc de revenir très loin en arrière afin d’accéder à un secret grâce à une nouvelle capacité. D’ailleurs, on ressent beaucoup d’excitation dans cet exercice, tant Torche regorge de mystères à dénicher, de passages cachés, et des zones de grande difficulté. L’exploration est bonnarde, par contre ne pensez pas que le titre soit une promenade de santé : le challenge est au rendez-vous. Cachez tout de même qu’une mise à jour a fait apparaître un mode facile, mais aussi quelques petites corrections bienvenues (le téléporteur du lac sous-terrain, ce pied quand il est apparu !).
Presque tout est bon dans le lapin
On a tout de même une ou deux réserves concernant le bestiaire, que l’on aurait aimé plus en nombre. Et finalement l’histoire de F.I.S.T. : Forged in Shadow Torch se conclue d’une manière assez classique, sans grand besoin d’y revenir par la suite. Mais tout de même, le 100% (avec une arme ultime à dénicher, vraiment coolos), que vous ne manquerez pas d’effectuer, vous occupera une bonne quinzaine d’heures. Une durée de vie très honnête pour le genre. La technique nous a aussi séduit, malgré quelques petits bugs de collision et quelques ennemis aux hitboxs un peu particulières. Mais à part ça, la ville de Torche est carrément sublime, entre le cyberpunk et une Shanghai des années 1930. Le chara-design est aussi très agréable, un vrai plaisir des yeux, surtout que les animations se font aussi soignées. Sur PlayStation 5, on a eu droit à du 4K / 60fps en natif, là encore c’est du bon. La Dual Sense est un peu sous-utilisée, le microphone participe mais ça manque d’idées pour les vibrations haptiques. Enfin, la musique ne nous a pas laissé de mauvais souvenirs, ni de bons. Un peu trop classique, et il manque un thème principal immédiatement repérable.