Final Fantasy V Pixel Remaster, pour rendre justice à ce bel épisode
Et de cinq pour nos tests de la collection Pixel Remaster ! Après le séminal Final Fantasy I, l’habilement suiviste Final Fantasy II, le remuant Final Fantasy III, et bien évidemment le premier chef-d’œuvre Final Fantasy IV, on s’attaque au très classieux (dans bien des sens) Final Fantasy V. Un opus moins populaire que le précédent, moins en vue que son successeur, et pourtant bourré de qualité. Du coup, cette sortie est hyper importante, car elle permet de remettre certaines pendules à l’heure.
Une fois n’est pas coutume, nous débutons le test de Final Fantasy V par une contextualisation de sa sortie d’origine. Nous sommes au Japon, en 1992, et FF IV a tout fracassé sur son passage, faisant de la licence de Square (pas encore acoquiné avec Enix) l’un des bijoux de l’industrie vidéoludique. Un véritable phénomène, aussi plaisant à jouer que vendeur. Vous imaginez, donc, la pression qui s’abat alors sur les épaules du pourtant très solide Hironobu Sakaguchi, réalisateur et co-scénariste (avec Yoshinori Kitase, surtout connu jusqu’alors pour Mystic Quest) sur ce FF V en charge de confirmer la réussite grandissante de sa propre œuvre. Tout est fou dans cette sortie : rendez vous compte que l’on est seulement un peu plus d’un an après FF IV, ce serait tout simplement inenvisageable aujourd’hui. N’est-ce pas, GTA VI. Hum.
Final Fantasy V est, avec FF IX, l’opus préféré de Hironobu Sakaguchi. En tout cas, c’est ce que déclare officiellement l’artiste, et c’est d’une cohérence à toute épreuve tant les deux jeux partagent une tonalité plus légère que d’autres épisodes plus populaires. Est-ce parce que le développement fut court, ou tout simplement est-ce lié à l’apport d’un Yoshinori Kitase que l’on sait plus porté sur l’insouciance et l’humour que sur le drame plus sombre ? Toujours est-il que oui, rejouer à Final Fantasy V Pixel Remaster nous rappelle à quel point son scénario reste, du moins dans les premières heures, emplit d’une certaine naïveté. Avec même quelques poussées comiques qui ont étonné bien des joueurs à l’époque, pas toujours positivement, ce qui explique aussi une aura moins lumineuse pour ce FF V. Dommage, car les différents rebondissements, assez nombreux, se chargent d’apporter une bonne dose de surprises et même de fortes émotions.
Une histoire agréable, parfois naïve mais pleine de rebondissements
Final Fantasy V exploite habilement les codes instaurés jusqu’ici par la licence. Le nœud dramatique utilise les cristaux élémentaires (eau, feu, vent, terre). Le monde est en proie à un grand mal : le vent semble avoir disparu, ce qui signifie aussi une faiblesse de la part des cristaux. Voilà qui inquiète particulièrement la princesse Lenna. Et pour la rassurer, son père le roi de Tycoon part, à dos de dragon, vers le temple renfermant le précieux objet. Mais ce dernier explose à l’arrivée du souverain. Dans le même temps, une météorite percute le monde, sous les yeux de notre avatar Bartz. Oui, voilà un nom peu engageant, on est bien d’accord, rappelant étrangement Les Simpson. Enfin bref, le voilà qui se met en marche vers le lieu de l’impact, rejoint en cours de route par Lenna et l’amnésique Galuf. Ils vont découvrir les priorités salvatrices des cristaux, qui scellaient jusqu’ici les pouvoirs du maléfique Exdeath. Seulement l’ignoble personnage doit se réveiller, accompagné de son redoutable (et ultra charismatique) lieutenant Gilgamesh, dans le but de contrôler la force destructrice du Néant.
Comme tous les autres épisodes de la collection, sachez que Final Fantasy V Pixel Remaster est entièrement sous-titré en français, avec grand soin. Tant mieux, car le soft, s’il n’est pas bavard, propose pas mal de dialogues et même de custscenes importantes, notamment pour approfondir un background plus costaud que ce que la tonalité légère peut laisser penser. Les poussées d’humour sont bien traitées, les traducteurs livrent véritablement un bon travail. Il ne faudra donc pas avoir recours à un dictionnaire pour comprendre les objectifs de certaines quêtes, ni afin de bien comprendre les différents jobs, ici au nombre impressionnant de vingt-deux. Car FF V revient bel et bien vers ce système d’évolution tout droit venu de Final Fantasy III. Mais rassurez-vous, des changements sont à prévoir, ou plutôt une plus grande souplesse dans ce système. En effet, on peut opter pour un job ou l’autre comme on le veut, et ainsi acquérir leurs compétences en dépensant les PC glanés en combattant (à ne pas confondre avec l’XP, qui fait évoluer les statistiques des personnages). Vous voulez devenir un Paladin à tendance Mime ? C’est possible. Ou plutôt un mélange de Mage Noir et de Danseur ? C’est aussi envisageable. Voilà qui délivre une grande dose de liberté, de personnalisation, et c’est un très grand plaisir.
Le grand retour des jobs, plus en forme que jamais
Globalement, le gameplay de Final Fantasy V ne tente rien d’original pour la licence. Cette édition Pixel Remaster cherchant à sauvegarder les sensations de l’époque, il ne faut pas attendre le moindre changement à cet état de fait. Ainsi, on retrouve avec appétit la jauge ATB pendant des combats qui rappellent pas mal ceux de FF IV. Tout comme pour les autres sorties de cette collection, on remarque tout de même une fréquence moins élevée des batailles. Aussi, une option permet d’automatiser les combats, ce qui peut rendre plus rapide les phases de levelling, tout de même moins obligatoires qu’en 1992. On retrouve aussi les moyens de transport, le schéma « village – nouvel équipement – donjon – boss », avec tout de même plus de quêtes annexes qu’auparavant. La recette est très solide, on ne s’ennuie jamais. Le classicisme est indéniable, il se ressent jusque dans le level design un peu prévisible aujourd’hui, on fait face à un pur J-RPG rétro.
Final Fantasy V Pixel Remaster livre les mêmes améliorations que dans les autres opus. Celles qui se voient le plus sont évidemment d’ordre visuel : des effets de lumière assez mignons, donnant un tout petit peu de cachet « néo » à cette sortie. Aussi, les sprites ont été précisés, plus détaillés. Globalement, on remarque moins d’atteinte à la direction artistique que dans FF IV Pixel Remaster, un soulagement pour notre part. Signe des temps, une mini map s’affiche à l’écran, avec différentes tailles à la clé. Bon, on trouve cela trop simplifiant, mais on sait aussi que les joueurs actuels aiment être assistés. C’est ainsi. La musique, à la base de très haut niveau (ah, le superbe thème Dear Friends !), a été réorchestrée avec grand talent. C’est magistral, et l’on peut écouter tout ça dans un lecteur dédié. Côté bonus, on retrouve aussi un bestiaire et une galerie d’artworks, mais l’on peut oublier les bonus, pourtant agréables, de l’édition Game Boy Advance. Dommage, mais la durée de vie reste honnête : une trentaine d’heures en ligne presque droite, le double pour le compléter totalement.