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Yurukill : The Calumniation Games – Test – PlayStation 5

image jeu yurukill

Yurukill, un concept aussi original que séduisant

La sortie de Yurukill : The Calumnation Games est une véritable bouffée d’air frais. Je ne vais pas vous le cacher : l’actualité du jeu vidéo me paraît de moins en moins intéressante. Non, pour être plus clair, elle ne parvient plus à me faire rêver. Non, le dévoilement de la date de sortie du prochain God of War par tweet ne m’excite pas une seconde. C’est comme ce remake de The Last Of Us, qu’on est quasiment obligé d’applaudir pour des raisons extra-vidéoludiques (« t’as vu, ils n’ont pas crunché et leurs valeurs sont trop cools », pouah !), alors qu’on aura déjà vu et revu le résultat. Je ne vous parle même pas des informations récemment sorties sur GTA 6, qui serait parfaitement politiquement correct. Au secours. Bref, quand un jeu comme Yurukill arrive, avec au scénario Homura Kawamoto (mangaka auteur du génial Gambling School), une lueur d’espoir apparaît au bout du tunnel.

Yurukill n’est pas seulement le jeu d’un auteur, c’est aussi celui de deux studios. Izanagi Games commence à se faire un nom, avec à leur actif deux titres imparfaits mais encourageant : le film interactif Death Come True, et le très narratif World’s End Club.Vous avez sûrement compris que cette boîte semble se spécialisé dans les softs à histoire prégnante, et leur nouvelle œuvre confirme cela. En effet, voici un Visual novel dans la plus pure tradition… enfin, presque. Première surprise, le titre est entièrement sous-titré en français, ce qui reste bien trop rare à mon goût (le dernier, si je ne me trompe, était le culte Danganronpa V3). La deuxième est conceptuelle, puisque les longues phases entre dialogues et enquêtes sont entrecoupées de séquences Shmup, cette fois-ci signées G.rev, que les fins connaisseurs connaissent pour leur Senko no Ronde. Et ça, c’est le genre d’originalité qui, naturellement, éveille l’intérêt.

Bien entendu, il est difficile d’aborder l’histoire de Yurukill sans ne rien dévoiler de trop avancé. Heureusement, le contexte est assez parlant afin de bien capter l’ambiance assez sombre de ce jeu. Dans les première secondes, notre avatar, un certain Sengoku, se réveille dans une autre cellule que la sienne. Oui, il est prisonnier, pour un massacre de masse hyper médiatisé dont il nie la culpabilité. Alors qu’il tente la discussion avec son voisin, le loquace mais anxiogène Fûta, voilà qu’il reçoit la visite de Binko, une femme pour le moins bipolaire (ou carrément schizophrène) au masque rappelant lointainement Amaterasu (jouez à Ôkami, bordel de zut !). Celle-ci l’informe qu’il va se rendre, avec d’autres condamnés, sur Yurukill Island. Une île loin d’être paradisiaque, malgré le parc d’attraction qui s’y étale. Plus qu’un parc, il s’agit d’une mise en situation visant à mettre à l’épreuve chacun des prisonniers, qui vont devoir faire face à différentes épreuves afin de prouver leur innocence. Ceci en équipe, avec un exécuteur, pouvant à n’importe quel moment activer le décès immédiat de son compagnon. L’équipe qui s’en sortira au mieux gagnera la libération du prisonnier, et le souhait de l’exécuteur exaucé.

L’auteur de Gambling School en pleine forme

Yurukill Island est le lieu de toutes les révélations.

Le concept de Yurukill est donc hyper simple, mais vous vous doutez bien que tout va vite se complexifier. Le scénario, s’il est au départ un peu convenu, va gagner en profondeur en développant ses personnages avec beaucoup de soin. Oui, l’atmosphère est mémorable, un véritable thriller horrifico-délirant, mais il est indéniable que Homura Kawamoto a surtout privilégié l’écriture des protagonistes, que l’on incarnera l’un après l’autre. Il ne faut surtout pas aller plus en avant à ce propos, car bien des rebondissements vous attendent quant à leur personnalité, à leurs trajectoires, etc. Mais sachez que certains chapitres m’ont remué, et pas qu’un peu. Comme celui consacré à Hanaka, une idol, dont l’exécuteur Keiichi est un véritable harceleur de ce genre d’artiste. Vraiment dérangeant, assez intelligent dans le traitement. Surtout, l’auteur prend le temps de dévoiler les failles des participants, ce qui d’ailleurs provoque une durée de vie allongée à quinze heures. Ce qui reste tout à fait acceptable pour un Visual Novel, même si la rejouabilité n’est pas au rendez-vous.

Le gameplay de Yurukill, lui, se divise en trois temps. Tout d’abord, Visual novel oblige, il va falloir appuyer sur Croix pour lire du texte (en français, je le rappelle). Beaucoup. Certes, c’est limité en terme de fun, mais l’humour noir et l’excellente écriture des personnages se charge de rendre les échanges hyper plaisants. Ensuite, on a les enquêtes. Au sein des attractions (à la profondeur scénaristique évidente), les différents avatars doivent trouver des indices, et venir à bout d’énigmes. C’est ce que fait de moins bien le jeu : c’est trop simple, et téléphoné dans la résolution. Aussi, le réticule à l’écran est d’une lenteur étonnante. Dommage. Enfin, les phases de Shmup. En fin de chapitre, il est temps de se confronter à l’exécuteur, et cela prend la forme d’un bon vieux shoot, très classique dans ses mécaniques (tir, spécial et bombe), et évitant le trop-plein de boulettes à l’écran. Il faut d’ailleurs signaler que les non-initiés pourront tout de même profiter de ce trip, puisqu’un mode Facile est au programme. Là encore, tout est symbolique, avec des parenthèses consacrées à des questions / réponses afin d’éviter l’activation du collier mortel. L’implémentation de ces phases manque peut-être un peu de fluidité, mais il faut souligner l’énergie qui se dégage de ce mariage. Ce n’est pas salvateur, un Visual novel n’a pas besoin de ça pour être bon, mais ça renouvelle pas mal le genre.

Entre dialogues, enquête et Shoot’em up

Du Visual novel oui, mais aussi du bon Shmup.

Si Yurukill dégage une telle personnalité, c’est aussi grâce à une direction artistique impressionnante. Le chara design est l’œuvre de l’illustratrice Hiro Kiyohara, que l’on découvre à cette occasion. Il se dégage de ses dessins une grande part de mystère, mais aussi un style très classe. Chacun des personnages n’est pas que bien écrit, il s’imprime immédiatement sur les rétines. Techniquement, le jeu est par contre un peu juste pour une version PlayStation 5. Cela manque d’animations, ou de spécificités qui pourraient justifier une telle technologie. Aussi, certaines textures paraissent simplistes dans les phases de Shmup. Mais bon, au moins c’est propre, pas buggé. Côté sons, le doublage japonais est tout simplement fantastique. Attention, que je ne surprenne personne à choisir la version anglaise, sinon ça va barder ! La musique, quant à elle souligne admirablement l’ambiance de cette aventure marquante. Ah, et la Deluxe Edition, éditée par NIS America, embarque non seulement un extrait de l’OST, mais aussi un mini-artbook (non-traduit en français).

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