Loop8 : Summer of Gods, le calme dans un monde de brutes
Alors que la sortie du mastodonte Final Fantasy XVI approche à grands pas, signant une fin de printemps 2023 particulièrement chargée en cette année 2023, il est plus que jamais temps de pratiquer le hors piste. Car, entre deux productions AAA, il est encore plus agréable de dénicher des expériences certes plus humbles côté moyens, mais surtout apportant un peu d’originalité. Pour ce test, je vous propose de faire vos valises en direction du Japon, et plus particulièrement chez Marvelous, studio que je porte particulièrement dans mon cœur (les Story of Seasons, No More Heroes, c’est eux !). Avec Loop8 : Summer of Gods, j’attendais d’eux qu’ils m’apportent une belle respiration, et le résultat se révèle plutôt convaincant.
L’histoire de Loop8 : Summer of Gods est plus que centrale, elle en est le moteur. Car oui, le jeu, qui devait se situer entre le visual novel et le JRPG, verse beaucoup plus dans le premier genre que le second. C’est, d’ailleurs, un premier warning à formuler : il faut s’attendre à des kilomètres de textes, de discussions à tenir… et tout ça sous-titré en français. Un véritable luxe qui constitue l’une des grandes forces de cette expérience, de facto abordable pour n’importe quel joueur. Bien entendu, vous aurez compris qu’il me faut en dire le moins possible concernant le scénario car, que ce soit écrit, les rebondissement sont assez nombreux et bien emmenés. On découvre donc une humanité bien mal en point. Un peu comme dans NieR Automata, elle a en partie trouvé refuge dans une station spatiale, Hope. Nous sommes au début des années 1980, et notre espèce a donc dû fuir la Terre, prise d’assaut par les Kegai, de puissants et cruels envahisseurs venus de l’Underworld. Seulement voilà, Hope connait une panne. Nini, un lycéen élevé dans la station, est envoyer sur notre bonne vieille planète bleue : dans le village Ashihara, où il reste encore une poignée d’humains. Sur place, il va devoir tisser des liens avec les gens, mais aussi protéger l’endroit grâce à son pouvoir de vision.
Je n’irai pas plus loin dans le récit, mais sachez simplement que Loop8 : Summer of Gods s’inscrit à fond les ballons dans le concept de boucle temporel. Après un premier échec face aux Kegai, Nini va revenir à lui et comprendre, comme dans Un Jour Sans Fin, qu’il peut tout recommencer jusqu’à ce que son périple aboutisse. Sur ce principe, le soft va organiser un gameplay à deux visages, même si celui du visual novel prend le dessus. On est donc dans un jeu à la troisième personne, avec un avatar se baladant dans un beau et apparemment paisible village japonais représenté en 3D. Celui-ci s’organise en monde semi-ouvert, avec six zones à rejoindre indépendamment. Chacune de nos actions fait s’écouler du temps, ce qui pousse à bien penser nos activités. Celles-ci auront pour but non seulement de tisser des liens avec les habitants, ce qui pourra vous valoir des bénédictions augmentant vos statistiques définitivement, mais aussi combattre les monstres. Si vous êtes totalement libres de vos mouvements et de votre exploration, vous allez tout de même rapidement comprendre que l’évolution de l’avatar, en vue de briser la boucle temporelle, est indispensable. Certaines activités devront donc être répétées, comme aller au lycée pour augmenter le savoir. Dans le fond, ça me rappelle beaucoup ce que faisait Shenmue, quand Ryo devait bosser pour gagner sa croûte. Cela implique une certaine répétition, et c’est mon principal regret concernant le gameplay.
Un univers attachant, malgré une technique décevante
Loop8 : Summer of Gods embarque aussi un système de combat, mais je suis partagé le concernant. Combattre les Kegai implique, pour Nini, de se rendre dans leur tanière, dans l’Underworld accessible depuis un temple. Sur le papier, le principe est passionnant : un tour par tour faisant intervenir les émotions de l’avatar, en lien avec ses équipiers. Je n’en dirai pas plus car tout est lié au scénario, mais sachez que l’idée est l’une des plus pertinentes que j’ai pu découvrir depuis un moment. Manette en mains, malheureusement, c’est un peu moins percutant qu’espéré. La faute à des menus manquant de visibilité sur le système des statistiques. On arrive à s’en sortir en exploitant le levelling, mais voilà une piste d’amélioration pour les développeurs. C’est dommage, car la partie visual novel fonctionne du tonnerre. Les amateurs du genre vont se régaler : les dialogues nous font découvrir les arcanes des lieux mais aussi de cet univers su particulier. L’une des belles leçons du soft, c’est aussi le faible nombre de PNJ qui résulte sur une belle maitrise de leurs caractérisations. Ainsi, Nini va devoir composer avec leur état d’esprit, qui peut changer du tout au tout selon vos actions. Seul bémol, j’ai tout de même croisé une ou deux situations contradictoires avec les propositions de dialogues disponibles. Mais on oublie vite ces petits accrocs.
Loop8 : Summer of Gods demande donc plusieurs runs pour être complété. La durée de vie se fait assez costaude, comptez sur au moins vingt heures pour tout voir. Jusqu’ici tout va bien, mais il est temps d’aborder la véritable ombre au tableau : la technique. S’il faut saluer la direction artistique, que ce soit dane le rendu des environnements ou le superbe chara-design, je ne peux que signaler un framerate aux fraises et des animations trop raides. Pire, les temps de chargement s’éternisent, même sur PlayStation 5 (le titre est certes PS4, mais ça ne s’excuse pas !). Et il faut ajouter un traitement de la musique assez décevant, avec des boucles pourtant courtes mais bien souvent coupées dans leurs envolées. Cela ne doit cependant pas refroidir les joueurs les plus curieux, mais ça reste regrettable.