Ghost Trick : Détective Fantôme, le retour en grâce
Paru en Europe en 2011, à l’époque en exclusivité console sur la tant regrettée Nintendo DS, Ghost Trick : Détective Fantôme fut une véritable régalade made in Capcom. L’éditeur et développeur avait alors donné carte blanche à Shu Takumi, créateur notamment de la licence Ace Attorney, afin de créer non seulement un personnage inédit mais aussi une aventure à la tonalité plus paranormale que celles de Phoenix Wright. Une mission pour le moins réussie, même si ce hit n’a malheureusement pas connu le succès dans les ventes. Est-ce cet échec commercial qui a poussé Capcom a ressortir ce soft remasterisé, histoire de le faire connaitre au plus grand monde ? Peut-être, en tout cas, et même avant de rentrer dans les détails des grandes qualités ici réunies, il faut espérer que cette fois-ci vous en profiterez.
Ghost Trick : Détective Fantôme est à la convergence du jeu d’aventure très scénarisé (pas autant qu’un pur visual novel, mais pas loin), et du jeu de réflexion. Les deux mamelles sont aussi importantes l’une que l’autre, mais il faut appuyer sur l’importance capitale du récit, et cela ne surprendra pas les fans des travaux de Shu Takumi. Ici, son écriture se fait toujours aussi versé sur l’humour et les rebondissements. Le premier, d’ailleurs, concerne notre avatar : Sissel, un homme qui se réveille dans un entrepôt abandonné. Il ne se rappelle plus de rien mais, et surtout, c’est sa condition de trépassé qui a tendance à éveiller sa curiosité. Un statut qui va lui apporter ce qu’un autre décédé, un certain Ray, appelle le Pouvoir des Morts. Un ensemble de capacités surnaturelles lui offrant le voyage dans le temps sur une plage de quatre minutes (donc tout juste assez pour changer le destin d’un personnage), le déplacement via les lignes électriques et la possession d’objets. De quoi l’aider à faire la lumière sur son propre destin, mais pour cela il faudra faire vite, et plus précisément avant le lever du soleil. Je n’irai pas plus loin afin de ne rien dévoiler, mais le rythme de cette aventure est exemplaire, que ce soit dans le traitement des problématiques ou l’écriture des différents personnages, le tout avec une grosse dose d’humour bien soutenue par une traduction française soignée.
Ce qui frappe, en relançant Ghost Trick : Détective Fantôme, c’est sa capacité à nous embarquer pour un grand nombre d’heures avec, pourtant, un gameplay toujours d’époque et sans ajouts particuliers. Preuve ultime que le titre est une pépite méconnue. Divisée en chapitres, l’aventure oppose tout d’abord des énigmes exploitant notre capacité à posséder les objets de l’environnement… mais seulement s’ils ne sont pas trop espacés. Il va donc falloir faire preuve de logique en s’incarnant dans telle chose afin de créer une réaction sur une autre, la rapprochant de celle dont on a besoin pour avancer. C’est hyper intelligent à chaque fois, bien entendu de plus en plus tordu mais toujours déductif quand on prend le temps de bien observer… avec tout de même une limite de temps, ce qui pousse tout de même à l’action. Le seul tout petit regret, c’est qu’il n’y a, pour chaque tableau, qu’une seule solution, ce qui a un impact sur la rejouabilité. Mais que les amateurs de challenge se rassure, ils auront leurs gros moments de blocage. Et encore plus quand le toutou Missile nous rejoint, lui qui apporte une meilleure allonge et la possibilité d’échanger deux objets, ce qui a uj impact direct sur le design des énigmes, lesquelles deviennent vite bien ardue et jouissive à démêler.
Un remaster qui rend le jeu parfaitement jouable
Ghost Trick : Détective Fantôme, c’est aussi des phases textuelles avec des personnages hauts en couleurs. On rencontre parfois l’âme d’u,n protagoniste tout juste décédé, et l’on a alors la possibilité d’en découvrir le destin par le biais du voyage dans le temps sur une durée de quatre minutes. Et c’est donc là, vous l’aurez compris, que se lance en général la phase précédemment décrite. Alors certes, ces moments de lecture demandent un peu moins de participation que dans les Ace Attorney, on y trouve globalement moins de réponses à apporter, mais ça reste agréable car jamais trop longuet (du moins, quand on a l’habitude de jouer à de vrais visual novel). Tout cela souligne la qualité initiale du titre, mais il fallait tout de même que ce remaster se penche sur la prise en mains pour les consoles d’aujourd’hui. Car le soft fut tout d’abord pensé pour les spécificités de la Nintendo DS, principalement son double écran tactile. Eh bien rassurez-vous : c’est tout à fait jouable à la manette, avec une grosse utilisation des gâchettes. C’est à la fois précis et réactif, même si je pense que la version Nintendo Switch m’a l’air un peu plus logique.
Le contenu de cette édition de Ghost Trick : Détective Fantôme réserve quelques bonus bienvenus. Tout d’abord, le menu Extras. Il est composé d’un jukebox grâce auquel on peut écouter l’OST réarrangée, et des nouvelles illustrations. Surtout, on a aussi droit à de petits puzzles inédits, jusqu’ici uniquement disponibles sur la version mobile. Tout cela s’ajoute donc à la durée de vie du soft en lui-même, toujours aussi solide : il vous faudra une bonne grosse douzaine d’heures afin d’en venir à bout. Le remaster est aussi l’occasion de livrer une technique plus en adéquation avec les attentes de 2023. Certes, ce n’est pas une révolution, mais le rendu est désormais ultra-propre, s’inscrivant dans un 1080p et 60fps constant. De quoi souligner l’excellente direction artistique, toujours aussi colorée et accrocheuse jusque dans son chara-design en adéquation avec l’humour ambiant. Enfin, l’un des compositeurs du soft d’origine, Yasumasa Kitagawa (récemment aussi au travail sur quelques morceaux de Street Fighter 6), a livrer de nouveaux morceaux qui se fondent parfaitement dans une OST décidément de grande qualité.