Goldorak : Le Festin Des Loups a de quoi contenter les fans
Annoncé voilà deux longues années par un Microids en avant-garde sur le sujet de l’adaptation (Les Schtroumpfs : Mission Malfeuille, Marsupilami : Le Secret du Sarcophage, Astérix & Obélix : Baffez-les tous…), Goldorak : Le Festin Des Loups est enfin disponible. « Longues », « enfin », vous avez compris dès ma première phrase mon point de vue : celui d’un fan non seulement de la licence, mais aussi et surtout de mecha. Comme beaucoup de Français aujourd’hui quarantenaire, Goldorak fut, et reste, un élément central de la pop culture, et ce phénomène a perduré longtemps, tout au long de multiples diffusions dans les émissions jeunesse qui faisaient notre bonheur. Ce n’est qu’un peu plus tard, au crépuscule de l’adolescence, que j’ai pu approfondir le sujet, apprendre que celui que je considérais comme le roi des robots est en fait une œuvre parmi bien d’autres parmi l’univers de son génial créateur Go Nagai. Par contre, j’ai toujours été étonné de l’absence de Goldorak et d’Actarus côté jeux vidéo, même si les grands fans pourront rétorqué que Mazinger Z est sorti au Japon en 1993 (et récemment sur Switch, chez nous !). Aujourd’hui, c’est donc le studio français Endroad qui se doit de venir à bout de cette absence, avec des moyens limités mais non sans passion.
Il est indéniable que, depuis l’annonce de son développement, on se posait des questions concernant le game design de Goldorak : Le Festin Des Loups et son récit. Concernant ce dernier élément, je peux déjà rassurer un grand nombre de fan : les scénaristes se sont atteler à adapter consciencieusement le premier arc de la série d’animation, et sans aucun renfort de modernité hors-sujet. Une bonne chose. Il est donc question de découvrir la destinée d’Actarus, depuis son départ pour le moins précipité de sa planète d’Euphor, prise d’assaut par les forces diaboliques de Véga. Les fins connaisseurs auront compris, avec le sous-titre du soft, que le septième épisode, et donc son méchant hyper charismatique (Janus) de la série est ici d’une importance capitale. Bien sûr, on retrouve toute une gamme de méchants, de gentils, on atteint Tokyo entre autres, et surtout des événements contés principalement par le biais d’écrans fixes, de dialogues. Si j’ai aimé le récit (c’était attendu), je dois tout de même souligner l’absence d’un élément pourtant important dans ce genre de sortie nostalgique : un codex. Il aurait été pourtant hyper appréciable d’avoir toute une bibliothèque de détails qui, n’en doutons pas, ne manquent pas. Alors oui, l’aventure regorge de clins d’œil, et c’est agréable de parcourir des lieux bien connus (ah, le ranch du Bouleau Blanc !). Puis les sous-titres français sont au niveau. Mais le côté fanboyisme aigu aurait pu être plus riche.
Goldorak : Le Festin Des Loups est agréable à suivre… et en partie à jouer. Là aussi, c’est plutôt une satisfaction car quiconque a de la culture vidéoludique sait que le principe d’adaptation ne donne pas toujours des résultats au minimum moyen. Pour faire simple, le jeu s’articule autour de trois phases : le beat’em all aux commandes de Goldorak, le shmup (vue de haut ou à la troisième personne) toujours en incarnant le robot, et le hub en vue de dessus en manipulant Actarus. Sur le papier, je ne peux que souligner la joyeuse richesse de ce game design, sa générosité qui dénote le bonheur qu’a dû parcourir Endroad en récupérant le développement. On sent qu’ils sont fans, donc ils en font beaucoup. Trop ? La question peut se poser car, si les phases d’action au sol sont assez fun, ce n’est pas vraiment le cas des passages de combat aérien. En mode BTA, Goldorak fait dans le très efficace : déplacements et coups se font simplement, avec grands renforts de coups évidemment issus de l’arsenal de l’animé. Le robot géant utilise des coups classiques, mais aussi le surpuissant Fulguropoing, l’Astérohache, le Rétrolaser, etc. En sachant que chacune de ces attaques est utile contre certains des adversaires, par exemple en les figeant pour mieux atteindre leurs points faibles. Notez aussi une certaine importance de l’esquive. Laquelle, si elle est bien placée, ralenti le temps afin de nous laisser plus de temps pour enchainer. Rien de bien nouveau dans tout cela certes, mais c’est assez dynamique, les impacts sont si bien rendus, que l’on prend plaisir à défoncer les hordes ennemis.
Un game design généreux au possible
Malheureusement, le constat est moins brillant dans les phases aériennes. Goldorak : Le Festin Des Loups a pourtant le courage de proposer des séquences shmup idéales pour bien adapter la licence, mais on sent bien que Endroad ne maitrise que peu les qualités de ce genre. Pour faire concret, le jeu devient alors mou du genou, avec des vagues ennemis trop mécaniques pour tenir le joueur en haleine. Ces moments s’étirent trop en longueur, les hitbox manquent de précision, et l’avatar se déplace un peu trop vite. Oui, le résultat reste tout à fait jouable, et jamais l’échec se fait injuste. Mais j’ai parfois eu l’impression de jouer à un shmup qui aurait eu peine à exister sur PC-Engine. Je sauve tout de même les phases de shoot à la troisième personne, plus spectaculaires et tendues. La dernière arme du jeu, c’est son hub. Pas grand chose à en dire, à part que l’avatar se fait un peu mou mais, croisant une multitude de personnages adorés, on y prend quand même pas mal de plaisir. Sachez tout de même que tout ce système est complété par des mécaniques light-RPG : on récupère différents éléments à dépenser au sein d’un arbre de talents. On obtient donc une impression de progression bienvenue.
Goldorak : Le Festin Des Loups est un trip nostalgique assez équilibré, et c’est une qualité qui se développe jusque dans la durée de vie. Il m’a fallu une dizaine d’heures pour en voir le bout à 100%, et c’est une vraie bouffée d’air frais en cette fin d’année où les triples A interminables se multiplient. La rythmique du soft, son découpage en phase et sa structure en semi-monde ouvert font aussi que le temps passe très vite. La fin, par contre, est un peu abrupte (le scénario explique ce choix, surprise), et la rejouabilité pas vraiment au rendez-vous. Mais, au moins, on ne le termine pas en ayant l’impression de lui avoir accordé trop de temps. Jusqu’ici, le jeu est de l’ordre de la bonne surprise. Cependant, la technique vient ajouter une ombre au tableau. Si le jeu est globalement propre, et parfois mignon (les environnements citadins surnagent), on ne peut que constater une fluidité inconstante, surtout dans le dernier tiers de l’aventure. Impossible aussi de ne pas voir les murs invisibles pas assez bien pensés, le clipping, le crénelage. Il est à espérer qu’un patch viendra corriger tout ça même si, il faut bien le souligner, ce n’est pas non plus la catastrophe comme voudrait le faire croire certains youtuber à grands renforts de vignettes putassières. Pour terminer, comment passer outre l’excellente bande originale du titre ? Elle est signée Marcin Prybylowicz, le compositeur notamment de The Witcher 3 ou Cyberpunk 2077. Son travail se fait en parfait hommage des sublimes thèmes du surdoué Shunsuke Kikuchi (qui signera les OST de Dragon Ball, rien que ça). Seul petit reproche à ce niveau : j’aurai aimé des voix japonaises, mais elles se font absentes.