Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres, passionnant malgré sa technique
Débutons en replaçant l’église au milieu du village. Dragon Quest est une véritable institution du J-RPG, sans aucun doute beaucoup plus emblématique du genre que la pourtant bien plus exportable saga Final Fantasy. Un phénomène que je pense éternel, et qui survivra même aux départs malheureusement inévitable du triumvirat à la base de cette légende. Et l’une des meilleures manières de s’en rendre compte est de regarder du côté des opus placés en-dehors de ceux numérotés, ainsi que les œuvres transmédias. Cette année, on a pu découvrir le sous-coté Infinity Strash : Dragon Quest The Adventure of Dai, et voilà que le gros jeu de ce mois de décembre n’est autre que Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres. Un duo solide, deux réussites qui comblent les fans et permettent encore une fois de souligner la grande forme de Square Enix.
Cette nouvelle entrée dans le très fourni spin-off DQ Monsters, sorte de mélange entre l’œuvre de Yuji Horii et Pokémon, créé le débat un peu partout sur les Internets. Pour moi, après avoir presque bouclé le soft à 100%, il n’y a pas de doute possible : le titre est une réussite à presque tous les niveaux. À commencer par son histoire, que je ne vais aucunement dévoiler pour vous en garder l’entière surprise. Sachez simplement que j’ai été passionné par le destin de Psaro, avec tout de même une préférence pour la seconde partie du récit. Et qu’il n’est aucunement utile d’avoir fait les précédents opus pour le comprendre. Le scénario de Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres offre une aventure captivante. Les personnages bien développés (sauf peut-être certains secondaires, un peu en retrait), les rebondissements inattendus et la narration bien construite contribuent à créer une expérience mémorable, offrent une motivation constante pour avancer dans l’histoire. Et la traduction française est de belle qualité.
Le gameplay de Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres est un mélange réussi de mécanismes classiques de J-RPG et d’autres tout droit venues de la collection de monstres. Pokémon est souvent cité, car il est clairement le jeu ayant inspiré Yuji Horii, mais j’invoque aussi l’excellent et malheureusement trop méconnu World of Final Fantasy, que je refais actuellement et dont je rêve d’une suite. Bref. La mécanique de capture et d’entraînement des monstres, signature de ce spin off, est solide au possible. on sent bien l’expérience des développeurs de Tose ici aux commandes et ayant aussi bossé sur… World of FF, tiens donc ! Les combats sont simples au possible, dans le plus pur esprit de DQ, mais la collection des monstres se fait plus profonde qu’il n’y paraît. Ils sont donc au nombre de plus de cinq-cent (énorme). Mais ici, la mécanique se fait moins répétitive que d’habitude, il ne s’agit pas de simplement les affaiblir. Il est nécessaire soit les impressionner par différents biais (en appliquant des malus, en frappant, en utilisant un objet, etc) ou de passe par la salvatrice Fusion. Pour faire clair et rapide, il s’agit d’une mécanique assez proche de ce qu’on peut trouver dans un Shin Megami Tensei, avec une fusion à l’aveugle ou en visant un monstre en particulier. Cela offre aux joueurs une variété infinie de choix pour construire leur équipe. Dans le gameplay, je souligne aussi l’excellence du principe de saisons, avec chacune d’entre elles permettant d’avoir accès à certaines zone grâce aux spécificités du printemps, de l’hiver, etc. Très habile.
Addictif, et très costaud dans son contenu
Dans Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres, l’exploration est une expérience enrichissante, même s’il faudra digéré une première saveur un peu MMORPG. Heureusement, Tose s’en éloigne et évite les pièges que d’autres ont connu (Xenoblade Chronicles 3, je te salue !). Les environnements variés et détaillés regorgent de de trésors et de monstres rares à découvrir. Certes, ils sont noyés dans des ennemis plus lambdas qui ont parfois tendance à trop se multiplier, mais on s’y fait. Surtout, ils permettent de farmer de l’XP car, sachez-le, vos renforts monstrueux vont en avoir besoin afin de gagner des points à dépenser dans leur optimisation. Très, très addictif. Les quêtes secondaires, les énigmes et les défis optionnels ajoutent une dimension supplémentaire, incitant les joueurs à plonger plus profondément dans ce monde semi-ouvert, que l’on peut parcourir facilement grâce à un habile système de voyage rapide. En ce qui concerne la durée de vie, Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres brille par sa longévité : il vous faudra au moins quarante heures pour en voir la fin, et ce loin du 100%. D’ailleurs, sachez que le endgame est tout sauf anecdotique, avec des objets très importants à acquérir (une certaine flûte…), une encyclopédie à compléter, les traditionnelles mini-médailles à découvrir, etc.
Jusqu’ici, le bilan est très positif. Il le restera, même si une ombre vient s’immiscer sur le tableau : l’aspect visuel. Sur le plan technique, Dragon Quest Monsters : Le Prince des Ombres est clairement « cassé », et marque les limites indéniables de la Nintendo Switch. J’avais déjà souligné une petite déception, de ce côté, sur le pourtant très apprécié Dragon Quest Treasures, lui aussi développé chez Tose. Mais ici, le résultat est encore plus critiquable. Que les décors soient pauvres en animations, habités par des textures vieillottes, cela passe encore. On est tous conscients des carences de la console. Mais on a aussi des chutes de framerate, des bugs de collision, et une distance d’affichage loin d’être optimale. Le tout devient même assez laid en docké, préférez donc une pratique en nomade. Dommage en tout cas, car la direction artistique de cet épisode m’a bien plu, avec même des endroits originaux pour la série. Mais chut, je n’irai pas plus loin. Enfin, la musique n’est pas aussi mémorable qu’espéré. Le nom du défunt et regretté Koichi Sugiyama est au générique, mais on sent bien que le nombre de thèmes, ainsi que la ré-utilisation de certains venus d’autres opus, est une conséquence de ce décès. Il va falloir que cette grande licence lui trouve un successeur, et elle y parviendra, soyons-en sûr.