- Jeu.x abordé.s : Tekken 3, Tekken Tag Tournament, Death by Degrees, ...
- Développeur.s : Namco, Eighting, Namco Bandai Games
- Editeur.s : Namco, Sony Computer Entertainment Europe, Bandai Namco
Réponse de Namco au Virtua Fighter de Sega, Tekken fracassait déjà les salles d’arcade il y a 30 ans.
Nouvel arrivant dans le monde du versus fighting à l’ère de la 3D, Tekken débute sur Arcade avant de devenir la saga emblématique du genre sur PlayStation. Très accessible et intuitive, elle ne cesse d’évoluer et de s’améliorer au fil du temps jusqu’à atteindre une certaine stagnation à force de multiplier les épisodes. Ce dossier revient sur son histoire, l’évolution de son casting et la richesse de son gameplay.
Date de sortie : 9 décembre 1994 (Arcade), 31 mars 1995 (PlayStation)
Développeur : Namco
Concepteur : Seiichi Ishii
Genre : Versus fighting
Nationalité : Japonaise
Compositeurs : Yoshie Arakawa et Yoshie Takayanagi
Support : Arcade
The King of Iron Fist Tournament
Il y a 30 ans, soit un peu plus d’un an après le Virtua Fighter de Sega, pionnier dans le versus fighting en trois dimensions, Namco se lançait à son tour dans la course avec un nouveau jeu de combat nommé Tekken. D’abord sorti en salle d’arcade le 9 décembre 1994, il est porté sur la toute jeune PlayStation le 31 mars 1995, devenant alors un des jeux les plus emblématiques de la machine au détriment du Battle Arena Toshinden de Takara. Très accessible au grand public et basé sur des combos, le jeu porte son nom du tournoi d’arts martiaux organisé par la Mishima Zaibatsu, le King Iron Fist Tournament. Dirigée par Heihachi Mishima, cette société est la plus puissante du Japon et promet une belle somme d’argent en récompense. Mais c’est sans compter sur Kazuya, le fils d’Heihachi, qui compte bien se venger de l’entraînement inhumain que lui a fait subir son père dans sa jeunesse.
Les participants au tournoi sont au nombre de huit, à commencer par le jeune Kazuya Mishima, qui se place alors comme héros principal. Son style de combat est un karaté spécial que son père lui a enseigné et son nom est une anagramme du mot « yakuza », la mafia japonaise allant de pair avec son tempérament et la rigidité de son visage. L’autre personnage japonais se nomme Yoshimitsu, un ninja cybernétique qui ressemble à un samouraï du futur pratiquant le jujitsu tout en étant muni d’un katana. Les États-Uniens sont au nombre de trois, à commencer par Paul Phoenix, un motard rival de Kazuya qui pratique un mix entre le judo et le karaté. Il est accompagné par Marshall Law, un maître en arts martiaux souhaitant monter son propre dojo avec un style inspiré de Bruce Lee (tout comme Fei Long de Street Fighter, Dragon de World Heroes et Liu Kang de Mortal Kombat) et par Michelle Chang, une pratiquante amérindienne associant le kung-fu et le kenpo chinois qui cherche à venger son père tué par Heihachi.
De son côté, King est un lutteur mexicain qui travaille dans un orphelinat de jour et revêt un masque de tigre la nuit à la recherche de puissants combattants pour tester ses techniques de catch. On trouve aussi Nina Williams, une tueuse à gages irlandaise engagée pour assassiner Heihachi, qui mêle des techniques de koppo et d’aïkido. Le dernier combattant est baptisé Jack, un cyborg militaire conçu par l’ex-Union Soviétique pour arrêter Kazuya, suspecté de coup d’État. Premier modèle à être lancé en série, il n’est pas sans rappeler le T-800 de Terminator, interprété par Arnold Schwarzenegger au cinéma. Le tournoi consiste en neuf combats d’affilée, les sept premiers confrontant le joueur aux autres personnages et le huitième à un rival avant d’affronter Heihachi en tant que boss. Non jouables dans la version Arcade, ces huit rivaux constituent autant de personnages supplémentaires déblocables sur PlayStation en terminant le tournoi avec chaque héros de base. Le rival de Kazuya est Lee Chaolan, un Japonais aux cheveux argentés adopté par Heihachi pour mettre son fils à l’épreuve durant le tournoi. Yoshimitsu se confronte à Ganryu, un sumotori cherchant à atteindre le plus haut grade de son art et à ouvrir sa propre école de lutte tandis que Paul fait face à Kuma, un ours colossal domestiqué par Heihachi.
Law affronte Wang Jinrei, archétype du vieux maître chinois non sans rappeler Pat Morita dans Karate Kid, pratiquant le style taoïste du xing yi quan et cherchant à stopper la querelle destructrice que se livrent les Mishima. Michelle fait quant à elle face à Kunimitsu, une jeune femme ninja membre de la secte de Yohimitsu, qui porte un masque de renard blanc et se bat avec des kunais. King affronte son mentor Armor King, lutteur au masque beaucoup plus sombre et couvert d’une armure métallique partielle. Nina se confronte à sa jeune sœur Anna Williams, rivale de toujours bien plus féminine avec ses talons hauts, ses collants et sa longue robe rouge à coupure. Jack fait de son côté face à sa version prototype, nommée Prototype Jack, cyborg muni d’une pince circulaire et d’un énorme épieu au bout de ses bras. Quant à Heihachi, il se débloque en terminant le jeu sans utiliser de continue. Incarner ce dernier permet ensuite de combattre l’ensemble des personnages cachés, suivis de Kazuya vêtu son costume démoniaque en tant que boss, préfigurant la suite du scénario.
Le gameplay de Tekken est basé sur des combos de longueur variable accompagnés de divers coups spéciaux. Si les touches principales correspondent chacune à un poing et à un pied différent, les autres permettent d’en combiner deux pour effectuer des choppes ou des coups d’une certaine puissance. Les combats s’effectuant sur une ligne fixe, les personnages peuvent se déplacer par à-coups, foncer vers leur adversaire et même, exceptés pour les quatre poids lourds du jeu, attaquer en pleine course. Une fois que l’adversaire est à terre, il est possible de lui sauter dessus en attaquant s’il ne se relève pas rapidement. Certains personnages à terre comme King et Wang peuvent également se relever en attaquant leur vis-à-vis grâce à une pression sur leurs jambes. En outre, les attaques sautées sont possibles mais les sauts ont tendance à partie excessivement haut si l’on maintient la touche Haut ou une diagonale.
L’avantage de Tekken est qu’il est aisé de découvrir les coups du personnage joué au feeling, chacun possédant ses propres enchaînements et coups spéciaux, certains d’entre eux étant imparables, comme les coups d’épée de Yoshimitsu. Parmi les dix-sept personnages jouables, plusieurs possèdent des coups similaires tandis que les rivaux ressemblent davantage à des variantes des combattants de base. Lee possède par exemple les mêmes coups que Law, en plus du triple coup de pied de Paul et du coup de pied vertical de Kazuya, qui peut s’expliquer par le fait qu’ils ont été entraînés ensembles. Si Anna possède les mêmes coups que Nina mais avec un enchaînement de prises différent, Kunimitsu se manie comme Yoshimitsu en utilisant deux lames à la place du katana. En plus de leurs coups traditionnels, la plupart des personnages possèdent une troisième choppe et un combo d’une dizaine de coups à placer en conservant le bon rythme.
Bien qu’accusant un certain âge, les graphismes restent corrects pour les débuts de la 3D, avec des environnements représentant différentes régions du monde comme le désert de la Monument Valley, l’Acropole d’Athènes, les îles Fidji et leurs palmiers, Venise et ses bâtiments de la Renaissance ou encore le temple d’Angkor. Les musiques sont agréables et enjouées (Stadium, Chicago, Fiji), parfois connotées selon le pays (Kyoto, Szechwan, Akropolis, King George Island), tantôt graves et sérieuses (Character Select, Angkor, Windermere, Monument Valley). Namco apporte notamment un soin particulier aux cinématiques de fin, devenues de véritables vitrines pour la PlayStation grâce à la qualité des images de synthèse, chacune enrichissant le background des huit personnages de base. On voit par exemple Jack se faire fabriquer en série dans une usine, une dizaine d’enfants sortir d’un orphelinat pour courir vers King, Paul s’entraîner en brisant des blocs de glace et un mur de briques, ou encore Law effectuer quelques mouvements devant les élèves de son dojo.
On comprend que Kazuya bat son père au tournoi et se permet donc de le jeter à son tour dans le vide : l’absence de manichéisme commence alors à marquer la saga, le fils Mishima prenant désormais le contrôle de la Zaibatsu. Pour sa première incursion dans le versus fighting, Tekken s’en sort relativement bien malgré compte tenu de son contexte. Fort d’un casting de qualité, d’un univers intéressant et d’un gameplay déjà assez complet, il marque les débuts de la PlayStation en s’imposant comme une nouvelle grande référence du genre, avant même que Street Fighter ne se détache enfin des multiples versions de son deuxième épisode et alors que Mortal Kombat est en plein développement de son troisième opus.
L’apparition du gène Devil
Le 3 août 1995, la saga effectue son retour avec Tekken 2, dont le scénario se déroule deux ans plus tard alors que Kazuya a pris le contrôle de la Michima Zaibatsu après avoir vaincu son père au King of Iron Fist Tournament. Menant son empire financier d’une main de fer, il fait capturer le savant soviétique Boskonovitch qui avait créé Jack pour le faire travailler sur des expériences génétiques animales et entend parler d’une légende amérindienne mentionnant un bijou capable de réveiller une puissante entité aztèque. Apprenant au même moment qu’Heihachi avait survécu à sa chute, il kidnappe la mère de Michelle Chang pour attirer cette dernière dans un nouveau tournoi afin de s’emparer de son amulette. Techniquement bien plus abouti, Tekken 2 propose l’ensemble des personnages jouables de son prédécesseur, à l’exception du robot Jack, qui évolue en une version plus perfectionnée appelée Jack-2. Les clones du précédent jeu deviennent également des personnages distincts bien qu’ils conservent encore plusieurs coups en commun.
Parmi les nouveaux se trouvent le taekwondoïste coréen Baek Doo San venu défier Marshall Law, le kickboxeur américain Bruce Irvin garde du corps de Kazuya et le policier hongkongais Lei Wulong venu enquêter sur la Zaibatsu, dont le style de combat est directement inspiré des pratiques de Jackie Chan. Il est accompagné par l’artiste martiale japonaise Jun Kazama, qui s’intéresse de près aux expériences animales. Et pour cause, car les derniers personnages aux techniques équivalentes sont Roger et Alex, un kangourou et un dinosaure armés de gants de boxe. Les rapports de force étant inversés, Heihachi devient le nouveau challenger tandis que Kazuya constitue le boss final, d’abord sous son apparence normale puis sous une forme maléfique baptisée Devil, capable de s’envoler et d’envoyer de puissants rayons lasers. À l’opposé, l’entité mystérieuse Angel représente la partie bénéfique de l’âme de Kazuya et constitue un clone jouable de Devil.
Porté sur PlayStation le 29 mars 1996, Tekken 2 obtient de nouveaux modes qui deviennent récurrents dans la saga : le survival qui consiste à battre le plus d’adversaires possibles sans perdre, le time attack qui propose de terminer le mode arcade le plus vite possible, et le mode team battle qui permet de faire des combats successifs à huit contre huit. Démarrant à dix personnages, le jeu permet de débloquer la majeure partie des autres en effectuant des fins, Kazuya exigeant de terminer le mode arcade avec précédents personnages cachés, Devil et Angel étant quant à eux débloqués en le terminant avec Kazuya. Pour obtenir Roger et Alex, le troisième combat du mode arcade doit être terminé en ayant moins de cinq pourcent de ses points de vie, ce qui permet de les affronter au match suivant. Affiné depuis le premier épisode, le gameplay gagne en précision et se dote d’un système de contre permettant à certains personnages de riposter à une attaque s’ils la bloquent au bon moment.
Chaque combattant ayant désormais une histoire propre, les cinématiques de fin passent de huit à vingt-cinq. On y voit par exemple Jack-2 qui se fait détruire par un mystérieux rayon satellite, Armor King apprendre qu’il a un cancer, Michelle se débarrasser de son pendentif en le jetant dans un lac et Yoshimitsu sauver le docteur Boskonovitch en s’attaquant directement à un hélicoptère. Nouveau vainqueur du tournoi, Heihachi récupère la Mishima Zaibatsu après avoir jeté le corps de Kazuya dans un volcan pour être sûr qu’il ne s’en sorte pas. Améliorant en tout point les acquis du premier épisode, Tekken 2 s’impose comme un des meilleurs jeux de combat de son époque présageant le meilleur à venir pour la saga de Namco !