The Skylia Prophecy manque de clarté dans son concept
Paru en novembre 2020, The Skylia Prophecy est l’un des nombreux exemples de jeux qui, allant dans le sens du vent, n’attire peut-être pas assez l’attention. Présenté comme un mélange de Metroidvania et de Souls-like, association qu’on a déjà vue et revue (Salt and Sanctuary ou Death’s Gambit, par exemple), le jeu développé par 7 Raven Studios n’est pas dans l’optique de révolutionner quoi que ce soit. Est-ce pour autant qu’il faut faire l’impasse dessus ? Malheureusement…
Cela saute aux yeux dès les premières secondes de jeu : The Skylia Prophecy est l’œuvre de développeurs qui ont apprécié la grande époque de Castlevania. C’est évident. L’histoire, si elle n’est que prétexte pour pousser le joueur à avancer, va dans ce sens. On y incarne la jeune et pas très sexy Mirenia, combattante qui a eu le malheur de réveiller une malédiction voilà trois ans. Afin de réparer la catastrophe qu’elle a provoqué, la voilà qui prend d’assaut la forteresse de Tirkin afin de dénicher le sort permettant sa rédemption. Bon, c’est pas fifou, les personnages manquent de saveur et l’antagoniste n’est pas vraiment mémorable. Mais ça a le mérite d’aller droit au but, de ne pas trop se faire intrusif. Aussi, sachez que les sous-titres sont proposés en français.
Après une entrée en matière plutôt intéressante, abrupte et sans aucun tutoriel, la prise en mains révèle quand même des lacunes. Les bases de The Skylia Prophecy sont pourtant solides : on est sur un plan 2D, coup normal, bouclier qui provoque aussi des dégâts, saut, utilisation de sorts. Bien entendu, d’autres mouvements viendront s’ajouter à la panoplie, comme le double saut typique des Metroidvania. On traverse un petit village, on parle aux habitants qui, parfois, proposent des quêtes annexes contre de la monnaie à dépenser au magasin. Puis les premiers ennemis sont plutôt typiques de ce qu’on peut attendre de ce genre. En tuer des tonnes vous vaut de faire évoluer votre énergie, la force et la mana, ce qui motive le combat. Tout cela fonctionne, mais des décisions surprenantes, discutables, viennent ternir le tableau.
Des idées contre-productives
Tout d’abord, il n’y a pas de carte. Boom, facepalm. Ensuite, Mirenia ne peut pas frapper accroupie. Ce qui force à utiliser le bouclier pour atteindre certains ennemis. On pourrait penser que cela ajoute au challenge, sauf que la disposition des ennemis n’est jamais pensée pour exploiter cette faille de l’avatar. Du coup, on a surtout l’impression que The Skylia Prophecy tente de se trouver des particularités en oubliant l’efficacité des mécaniques. Cela se vérifie aussi dans ce qui est pourtant primordial dans un Metroidvania : le backtracking, ou le système permettant d’atteindre des zones à ré-explorer à l’aune de nouvelles capacités. Ici, il va falloir revenir à la force des jambes de l’héroïne, sans fun, ce qui touche aussi les quêtes annexes puisqu’il faut revenir au village. Et encore, quand vous le pouvez car, parfois, vous ne pourrez même plus y retourner ! Le jeu prévient avant, mais c’est tout de même contre-productif.
Mais le plus gros regret concerne la mana. Imaginez, un Metroidvania qui vous fait payer votre double saut par une dose de mana qui, elle, ne se regagne qu’en tuant des ennemis qui, de plus, ne respawn pas sans que la partie ne soit relancée (ou après une mort). C’est une idée de design un peu étrange ? Eh bien elle figure dans The Skylia Prophecy. Du coup, on vous conseille de buter chacun des monstres rencontrés afin d’améliorer la mana car, à un moment, le jeu vous demandera d’enchainer les doubles bonds à tel point que vous coincerez si vous n’êtes pas préparés. On comprend l’envie de proposer du challenge, mais là il s’agit surtout d’une mécanique en profond désaccord avec les codes du Metroidvania. Quant au côté côté Souls-like, il est en fait inexistant. On est dans un Die & retry plus qu’autre chose, les combats ne nécessitant pas du tout la dose tactique habituelle. Ce qui n’est pas un souci, mais on sent bien que le soft pâtit d’un manque de clarté.
Une direction artistique séduisante
The Skylia Prophecy peut tout de même compter sur une belle prestation artistique. Le pixel art respire l’amour pour les jeux d’antan, et l’on pardonne même les éléments de décors qui cachent certains ennemis. On rage, mais on pardonne. Les lieux ne sont jamais très originaux, on passe de forêts en châteaux, mais tout est bien soigné, avec une ambiance parfois légèrement lugubre. On pense notamment aux combats de boss, au-dessus du lot en terme de plaisir de jouer et au design réussit. On a bien quelques bugs, des hitbox parfois imprécises, mais globalement ça se tient. Aussi, la musique ne dérange jamais, et même se révèle bien pêchues notamment dans la forteresse de Tirkin.