Site icon JV PLUS

Spiritfarer – Test – Nintendo Switch – Thunder Lotus

image jeu spiritfarer

Spiritfarer : la mort vous ira si bien

Dans les conventions du jeu vidéo, l’échec, symbolisé par la mort du personnage, n’est pas spécialement enviable. Pas toujours punitive, parfois même encourageante comme dans un bon Roguelite bien balancé, mais ce n’est que rarement un objectif. Dans Spiritfarer, jeu développé chez Thunder Lotus Games (ah, Jotun !) et distribué par Just For Games dans sa version physique, il va non seulement falloir ne plus avoir peur de la grande traversée… mais surtout en incarner la responsable.

Spiritfarer est ce genre de jeux indépendant (du moins, dans son développement) qui s’attirent les regards de par leur ambiance voulue comme différente. Et autant vous dévoiler de suite que c’est bel et bien le cas : si vous cherchez une expérience plutôt zen, entre deux bons gros jeux d’action, vous êtes à la bonne adresse. Le titre vous propulse dans la peau de Stella, tout fraichement nommée passeuse d’âmes à la place d’un précédent parti dans une retraite bien méritée. Le but de ce CDI aux lourdes responsabilités n’est autre que de voguer d’île en île afin de récupérer les esprits égarées, ceux qui ne parviennent pas à passer vers l’autre monde à cause d’une vie pas tout à fait menée à son terme.

Là, sur son bateau évolutif, Stella et son adorable chat Daffodil vont devoir tirer les vers du nez de ces morts encore un peu trop vivants. Du coup, il est question de les recueillir, de les mettre à l’aise, de les aider à accomplir une dernière tâche, puis de les faire définitivement passer dans l’au-delà. Vous le comprenez avec ce pitch assez malin : Spiritfarer est autant un jeu de gestion que d’aventure, et il s’en dégage une certaine bienveillance. Le tout sous-titré en français, dans un style parfois un peu grossier qui tranche avec des petits récits très touchants. Aussi, les dialogues ont parfois tendance à s’éterniser pour pas grand chose. Un petit regret, même si l’on chérit le confort apporté par cette traduction.

Idéal pour souffler entre deux gros jeux d’action

Attrapez les étoiles pour obtenir de précieuses ressources !

Après avoir récupéré définitivement notre embarcation auprès d’un vendeur-requin, il sera question d’apprendre à gérer cet engin. Car, au tout début, Stella va découvrir un bateau mal entretenu. C’est donc le temps du tutoriel, sympathique dans l’esprit et finalement assez court. Spiritfarer expose bien ses mécaniques, avec aisance et simplicité. On comprend rapidement l’intérêt de se mettre à la construction (puis à l’amélioration) de différentes pièces, comme une cuisine ou des appartements. Bientôt, la traversée de bric et de broc ressemblera à une véritable croisière pour fantôme, avec tout le confort dans la verticalité. Et c’est très facile à maitriser, grâce à un mode gestion qui déploie tout ce qu’on en attend : zone impraticables en rouge, praticables en vert, tout cela avec un angle de caméra éloigné pour bien penser son approche.

Bien entendu, qui dit construction dit plans. Et ne vous inquiétez pas, le vendeur-requin est là pour vous faire dépenser ce qu’il faut afin de les obtenir. Et même agrandir le bateau, car vous serez assez vite à l’étroit. Ensuite, direction la table à dessin, et il n’y a plus qu’à se laisser aller. Ah, et si vous n’êtes pas content de votre agencement, il est possible de tout déplacer sans repasser par la caisse. Une fois que l’endroit est présentable, il faut le remplir d’âmes en détresse. Du coup, on se dirige vers le gouvernail pour choisir une destination. Spiritfarer propose un grand nombre d’îles à découvrir au fur et à mesure. Un sentiment de découverte assez agréable, renforcé par une map qui se détaille petit à petit.

La navigation entre les différents lieux doit se faire de jour, Spiritfarer utilise donc un cycle du temps. La nuit, tous les chats sont gris, et l’ancre jetée. Du coup, il est nécessaire de se reposer, et de sonner le mini-tocsin à la bonne heure pour ne pas énerver les usagers de votre service mortifère. On pourra aussi en profiter pour pêcher, comme lors des phases de voyage, afin de remplir le garde-manger de poissons à cuisiner. Car ces fantômes ont de l’appétit. Une fois embarqués, ils se transforment en animaux anthropomorphiques, avec le bidou qui va avec ! Il est donc nécessaire de toujours avoir quelques plats d’avance, en tout cas si vous ne voulez pas que l’ambiance à bord soit délétère. Ce qui compliquerait grandement votre travail. Aussi, petit conseil : n’hésitez pas à utiliser la commande « câliner », elle est efficace sur le moral des passagers.

Beaucoup d’activités pour un contenu très généreux

Il règne sur Spiritfarer une certaine quiétude…

Ajoutons de la récolte, l’entretien du potager, et pas mal de mini-jeux comme la capture d’étoiles très filantes. Bien sûr, il faudra aussi accoster sur les îles, toujours sur un plan 2D et sans notion de chalenge. C’est ici que l’on trouve les futurs passagers, qui vous imposeront des objectifs bien précis. Au fur et à mesure, on pourra aussi gagner des pouvoirs, comme un double-saut. Tout cela en complément de l’orbe lunaire qui nous sert un peu de couteau suisse. Oui, Spiritfarer propose une belle diversité de mécaniques, et c’était nécessaire pour ne pas faire tomber l’expérience du côté de l’ennui. En effet, l’absence de difficulté, et le côté très contemplatif aurait pu ne pas plaire aux gros stressés que l’on peut parfois être. Du coup, oui le jeu est une respiration, mais il met en place une sorte de routine positive.

D’ailleurs, on ne saurait que conseiller de vous borner à vos objectifs dans un premier temps. Spiritfarer propose un contenu très généreux, et l’on peut facilement se retrouver débordé. Si vous vous contentez d’une ligne droite, comptez une trentaine d’heures. Mais pour les amateurs de 100%, alors là on peut quasiment doubler ce chiffre. Et même si l’absence de challenge peut troubler au bout d’un moment, l’envie de faire le tour du propriétaire reste puissante. Techniquement, le jeu se tient admirablement. On a croisé un ou deux bugs d’affichage, mais rien qui puisse être véritablement relevé. Ce qui doit l’être, c’est cette fluidité constante, cette 2D précise, et surtout ces animations magnifiques. Enfin, l’ambiance sonore accompagne l’ambiance paisible de ce jeu décidément très réussit.

Quitter la version mobile