- Chorus
- Disponible sur : PlayStation 5, PlayStation 4, Xbox Series, Xbox One, Google Stadia, Microsoft Windows
- Développé par : Deep Silver Fishlabs
- Edité par : Deep Silver
- Sortie le : 3 décembre 2021
- Genre : Shoot spatial
Chorus, le meilleur space opera depuis bien longtemps
Si vous n’êtes pas nés de la dernière pluie, vous vous souvenez à quel point les shooters spatiaux étaient prisés dans les années 1980 et 1990. Bien entendu, Star Wars tient, ou plutôt tenait, une place centrale dans ce genre. Qui ne s’est pas éclaté sur X-Wing vs. TIE Fighter ? Mais on oublie trop facilement des expériences comme l’énorme Elite, une véritable révolution ludique à son époque. Bref, l’espace et le jeu vidéo fait très bon ménage, et Chorus confirme cet état de fait en endossant le costume de plus belle surprise de cette fin d’année. Oui, carrément.
Quand on parle combat dans l’espace, l’on pense de suite à la saga de George Lucas. Le Space opera est clairement invoqué dans Chorus, mais côté scénarisation le soft de Deep Silver Fishlabs va beaucoup plus loin que, par exemple, le récent Star Wars Squadrons. D’ailleurs, à notre humble avis, il est plus pertinent de se référer à une autre licence, celle-ci tombée en désuétude : Wing Commander. Pourquoi ? Parce que cette dernière partage avec Chorus une dimension narrative très importante, et même parfois un peu trop poussée pourront penser certains. L’histoire, dans le titre qui nous intéresse ici, se développe par plusieurs biais, de manière parfois un eu chaotique mais avec une indéniable générosité. On a des cinématiques, un peu longues mais bien mises en scène, et différents dialogues (voire monologues) en cours de gameplay. La recette est en partie surprenante, même si la présence de ligne de texte en plein jeu est désormais monnaie courante dans les (semis) mondes ouverts, ou semi, ce qu’est Chorus. Et cela reste toujours aussi difficile de lire quand l’action est intensive, comme dans n’importe quel GTA-like du moment. Les sous-titres sont heureusement proposés en français, ce qui facilite amplement l’accès.
Si la forme narrative de Chorus est donc intéressante, l’histoire en elle-même se fait plus classique. Il est question d’entités mauvaises, de peuple se soulevant contre leurs exactions, le tout dans un univers futuriste bien creusé. On apprécie beaucoup l’écriture soigné de tout le contenu, il y a dans ce cheminement de quoi lancer une véritable licence forte sur plusieurs jeux, ce qu’on espère se voir se matérialiser. Chorus nous propulse plus précisément dans la peau de Nara, une anti-héroïne à la caractérisation réussie. Ancienne guerrière sanglante du Cercle, un culte pour le moins maléfique, elle est aussi l’une des pilotes les plus douée de toutes les galaxies. Alors que ses missions provoquent des massacres épouvantables, un jour elle provoque celui qui lui fait prendre conscience de sa perfidie. Dès lors, elle fuit son commanditaire et se trouve un job de pillarde tout en restant hantée par des souvenirs très brutaux. Les années passent, mais le Cercle va de nouveau s’immiscer dans l’environnement de Nara. Laquelle, secondée par l’intelligence artificielle Forsa, va alors tout faire pour calmer définitivement les ardeurs de cette menace dévorante. Le tout dans une ambiance mystico-religieuse parfois un peu pompeuse (surtout lors de certains dialogues), mais assez originale pour tout de même nous garder accrochés à l’écran.
Un univers vraiment intéressant, une véritable qualité d’écriture
Et vous allez vivre tous ces événements aux commandes de Forsa, le vaisseau intelligent de Nara. Si le récit tient une place centrale dans l’expérience, Chorus n’est pas un pur RPG pour autant. Le jeu reste donc un shooter spatial à la troisième personne, avec de la grosse bataille bien énervée. La prise en mains de l’engin est l’une des grandes forces du titre : grâce à l’éloignement de la caméra, idéalement placée, on peut se lancer dans des mouvements amples et toujours garder une bonne lisibilité sur l’action à l’écran. Deep Silver Fishlabs n’est pas un novice dans le genre si spécifique du combat spatial, puisqu’ils ont à leur actif la très solide licence Galaxy on Fire. Et l’on ressent effectivement cette expérience, avec des décisions intelligentes quant à la nervosités des commandes. Oubliez donc les camions de l’espace que l’on peut diriger dans d’autres itérations du genre, ici Nara et Forsa prennent des virages hypers serrés grâce à un drift jouissif à utiliser. La visée ne souffre d’aucune imprécision, les esquives à base de tonneaux fonctionnent parfaitement, l’allure de l’engin se gère avec fluidité. Tout juste pourra-t-on regretter que l’arme à feu soit un peu lourde dans son fonctionnement, avec le besoin de switcher entre les missiles, le laser et la sulfateuse. Les trois provoquant des dégâts différents selon la protection de la cible, on devra souvent passer de l’un à l’autre.
Jusqu’ici, le système de combat, et même le game design paraissent assez classiques. Mais ne vous inquiétez pas, Chorus a de quoi vous étonner. Tout d’abord, sachez que Nara va utiliser… des pouvoirs. C’est à la mode dans notre société du super-héros (berk), rien ne peut s’imaginer sans une part de magie. Le tout était de vérifier si cet apport ne ruine pas l’équilibre du gameplay. Le résultat reste plutôt bon, mais on a échappé de peu à la catastrophe. Les pouvoirs, ici appelés Rites, sont à débloquer au fur et à mesure, ce qui apporte une sensation de progression non négligeable dans le ludisme global. Associé à un déclenchement en cooldown (il va donc falloir laisser du temps de recharge entre deux utilisations), ces capacités vont du scan de l’environnement à la grosse décharge de bouclier ennemi, en passant par une téléportation afin de surprendre l’ennemi. Si l’utilisation se révèle bien fun, on peut tout de même noter que cela rend évidemment les combats de plus en plus déséquilibrés, et ces derniers deviennent, sur la fin, une petite promenade de santé. Oui, c’est bien vu pour la sensation de puissance, mais un peu moins pour le challenge.
Très bonne prise en mains, et un contenu à la hauteur
La difficulté n’est donc pas très élevée, mais ce n’est pas pour autant que Chorus serait une petite expérience vite balancée. C’est même le contraire. L’histoire principale propose déjà un cheminement d’une quinzaine d’heures. Mais ce n’est pas tout, car le jeu est composé de plusieurs zones gigantesques, plutôt vivantes même si ça manque encore un peu d’animations. Et tout cela ne demandant donc qu’à être explorés. Voilà donc une autre satisfaction : les à-côté sont au rendez-vous, avec ce qu’il faut de missions annexes scénarisées avec soin (jamais Fedex, c’est à préciser), et d’endroits à découvrir uniquement après avoir débloqué certains rites. Chorus propose donc une sensation de Metroidvania, et c’est vraiment très agréable. On pourra aussi partir à la quête aux ressources, acheter de l’équipement afin de perfectionner Forsa. Et ne vous inquiétez pas, une fois l’aventure terminée vous pourrez relancer une sauvegarde que le soft créé, juste avant la fin, afin de vous laisser atteindre le 100%. Ajoutons des sortes de temples à énigmes dont on vous laisse l’entière découverte tant on les a trouvé réussit, et l’on obtient une durée de vie d’une trentaine d’heures.
Et pour couronner le tout, Chorus est carrément hyper beau ! Voilà qui va faire grand bruit, tant cette production à humble budget met une claque à des titres classés AAA, surtout en ce début de génération un peu décevant de ce côté. PlayStation 5 oblige, on a le choix entre deux modes : Performance ou Résolution. Dans les deux cas, les environnements nous ont enchanté. C’est bourré d’effets de lumière magistraux, la sensation d’infini sidéral est incroyablement bien rendue. Les différents vaisseaux et structures que l’on rencontre s’avèrent aussi bien détaillés, et ça impressionne notamment dans le mode Photo. Par contre, les animations en cinématique, et surtout les faciales, sont clairement un ou deux tons en dessous. Pas trop grave, l’important étant les phases de gameplay. La fluidité reste aussi très correcte, par contre on a remarqué un peu de crénelage, mais rien de véritablement notable. Par contre, le constat est moins brillant pour la musique. Pourtant, le thème de l’écran titre dépote bien, mais ensuite on devra se contenter de nappes peu originales. Les doublages en anglais restent bien interprétées, ça rattrape un peu le coup.
Conclusion
Cette fin d’année est décevante du côté des grosses productions, mais Chorus démontre que les jeux moins attendus sauvent les meubles. Ce titre, pourtant pas du tout dans nos radars, assure un space opera de très bon niveau, et ouvre la voie pour une nouvelle licence qu’on espère importante. Avec sa prise en mains hyper agréable, son histoire classique mais efficace, et son contenu solide, ce shoot spatial a de quoi illuminer ce mois de décembre vidéoludique traditionnellement moins chargé en actualités. Bravo Deep Silver Fishlabs !