Tears of Avia, un T-RPG occidental qui manque de profondeur
Quand on a vu débarquer Tears of Avia sur le PlayStation Store, on s’est de suite léché les babines. Entre l’artwork du soft, qui rappelle évidemment les grandes heures du jeu vidéo nippon, mais aussi son appartenance au genre du Tactical-RPG (ici, on voue un culte à Final Fantasy Tactics et aux Disgaea), ou encore l’édition assurée par PQube, on se disait qu’on tenait là une expérience prometteuse. Malheureusement, derrière l’engouement nous avons en partie déchanté.
Tears of Avia n’est assurément pas un mauvais jeu, mais écrivons que toutes ses qualités ne sont pas assez poussées pour lui faire passer le cap du tout au plus sympathique. L’exemple typique, c’est l’histoire. Le joueur est plongé en plein monde d’Estera, alors qu’un grand danger le guette. En effet, l’on retrouve dans une crypte maudite une Larme d’Avia, l’un des joyaux permettant au Mal de revenir à la surface afin d’y assoir son hégémonie. C’est au joueur, en équipe avec d’autres aventuriers, que revient la lourde tâche de récupérer les autres Larmes afin d’éviter le pire. Comme vous le lisez, on est dans du très grand classique, et il ne faut pas compter sur de grands rebondissements pour changer la donne. Ce n’est jamais désagréable, mais entre les joyaux tirés de Final Fantasy, ou encore leurs pouvoirs rappelant la Triforce de The Legend of Zelda, tout nous paraît de l’ordre du déjà-vu. Notons ici que les sous-titres sont proposés en français, avec certes quelques coquilles à la clé mais cela assure tout de même un bon confort de lecture.
Ah, on oubliait un détail qui, pour la bonne compréhension du test, a tout de même son importance. Tears of Avia a beau s’appuyer sur un style assez japonais, le soft est issu d’un studio anglais, basé à Bournemouth : CooCooSqueaky. Il s’agit d’une entité toute jeune, et le titre ici testé est leur premier bébé. On pourra donc comprendre un certain classicisme, preuve d’une prudence que l’on peut aussi comprendre. Cela se ressent non seulement dans le récit, mais aussi la prise en mains. Dès les premières secondes, et la sélection de notre avatar, on retrouve des réflexes bien ancrés dans le genre du T-RPG. On a le choix entre cinq archétypes : Kai le Chevalier, Iris la Magicienne, Raul le Barbare, Momoko la Prêtresse et Reina l’Archère. Tous ont non seulement leur propre background, mais aussi leurs statistiques et un gameplay qui diffère. Mais les développeurs ont pris l’option d’embarquer de toute manière tout ce beau monde dans votre aventure : quel que soit votre choix, les autres protagonistes feront partie de votre groupe. Voilà qui limite pas mal la notion de choix, même si l’on apprécie de découvrir une introduction différente selon la classe sélectionnée, ainsi qu’un arbre de compétences qui lui sera propre.
Histoire et gameplay trop classique pour les joueurs expérimentés
Tears of Avia s’inscrit dans une représentation de son monde en 3D, avec pas mal d’exploration et surtout du combat au tour par tour, avec déplacements sur un terrain en damier. Oui, c’est classique, encore une fois il s’agit de l’adjectif revenant le plus fréquemment quand on se remémore cette expérience. Seulement voilà, c’est principalement ici que le bât blesse, car la dimension tactique, évidemment centrale dans ce genre, se révèle bien trop légère pour convaincre les fans de T-RPG. Si l’on excepte la mécanique des sorts de zone, bien fichue et nous poussant à peser chaque positionnement de personnage sur le terrain, rien ne vient véritablement nous triturer les méninges. On se contentera alors d’aller au contact et de défourailler les adversaires, sans trop de résistance en mode de difficulté Normal. C’est pour cela que l’on conseille aux joueurs expérimentés de passer directement en Difficile, avec mort définitive des protagonistes tombés dans les batailles. C’est ainsi que le soft gagne en intensité. Pourtant, on sent bien que CooCooSqueaky a des idées, comme la volonté de mettre en avant des capacités de nos guerriers (champ visuel, portée des armes) pour mieux exploiter le terrain. Mais tout cela est un peu balayé par l’efficacité du corps-à corps.
Entre les combats, Tears of Avia nous fait revenir vers la base se situant dans le village en cours d’exploration. Tout ce qui est gestion de l’équipement est plutôt sympathique, car l’impact en combat s’en ressent fortement. On a aussi droit à des choix ayant une incidence directe sur le récit, ce qui provoque aussi une bonne rejouabilité. Mais tout de même, le résultat manque un peu de quêtes annexes dignes d’intérêt, de secrets, de choses à collecter. Bref, on aurait aimé que le monde, pourtant vraiment très joli avec ses différentes zones bien différenciées comme la Tour des Anciens ou les terres arides de Arralash, soient plus propices à l’évasion. Cette dimension J-RPG a tendance à échapper aux développeurs occidentaux qui, s’ils parviennent à bien imiter le style, ne parviennent que trop rarement à comprendre la sève du genre, ce qui en fait l’authenticité. On se consolera tout de même avec la gestion sociale du groupe, laquelle occasionne des dialogues intéressants et vraiment participatifs. C’est déjà ça, mais ça reste trop peu, et ça se ressent dans des environnements trop vides d’animation. Tout cela assure une durée de vie d’une vingtaine d’heures (en mode Difficile) pour un premier run.
Reste une bonne porte d’entrée pour les novices
Comme nous commencions à le décrire en introduction, la direction artistique de Tears of Avia se pose en hommage au style japonais. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs points de cette expérience, tant le character design est une réussite. Bon, cela manque un peu de personnalité, on sent bien qu’il s’agit d’Occidentaux singeant le manga, mais au moins ça a du charme. On le ressent particulièrement pendant les dialogues, lesquels sont accompagnés d’artworks de qualité. Les phases de gameplay, en 3D, font aussi le job même si les animations font un peu raides. La fluidité, si elle est assurée dans la plupart des séquences, peut parfois chuter lors de certains combats bien peuplés. Mais bon, les effets de lumière sont bien sympas, parfois même impressionnants, et dans l’ensemble on a tout de même droit à des endroits charmants. La musique pourra parfois embellir l’univers, mais globalement cela manque tout de même de thèmes mémorables. Surtout, le mixage n’est pas toujours stable, avec des sautes indéniables et des boucles maladroites. Par contre, le doublage des personnages, disponible en japonais, s’avère du plus bel effet.