10 Second Ninja X : sympathique mais sans trop de personnalité
Paru en 2016 sur PC via la plateforme Steam, 10 Second Ninja est typiquement le genre de petit jeu que l’on trouve soldé à moins d’un euro sur les différents stores. La version que l’on aborde aujourd’hui, revue, corrigée, et intitulée 10 Second Ninja X, est voué au même destin, d’ailleurs on a déjà pu le trouver à quatre-vingt-dix-neuf centimes sur le PlayStation Store, lors d’une opération sur le mois de janvier 2022. Comme nous vous le confions lors de notre test de la petite perle The Kids We Were : Complete Edition, on a envie de parler de ce genre de production, de pratiquer le hors piste, loin des AAA qui ne cessent d’être abordés sur tous les sites. Ici, avec de bonnes surprises, même si tout n’est pas parfait, notamment en terme de direction artistique.
Il est indéniable que le milieu du jeu vidéo indépendant a parfois tendance a trop s’appesantir sur des genres sur-usités. Clairement, ce n’est pas avec 10 Second Ninja X que l’on écrira le contraire. Les développeurs de Four Circle Interactive (édités par Thalamu Digital) inscrivent leur titre dans un mélange que l’on connait par cœur : du puzzle, de l’action, du die and retry et du platformer. On pourrait presque bailler devant une telle caractérisation mais, comme souvent avec ce genre de fusion, la prise en mains nous sort rapidement de l’ennui formel. Surtout que le principe, faisant appel tout autant à la réflexion qu’à la vitesse d’exécution, est du genre à favoriser le saint skill, notre ami intime.
Passons rapidement sur le récit de 10 Second Ninja X, clairement un simple prétexte pour nous lancer dans l’expérience. D’ailleurs, c’est plutôt bien vu : cela imprime une sensation un peu rétro. Qui avait besoin d’un univers hyper détaillé pour s’amuser dans Gynboug, par exemple ? Bref, nous voilà aux commandes d’un ninja tout ce qu’il y a de plus valeureux, mais mis au défi par un sombre individu. En effet, GreatBeard le perfide remet en cause nos talents, et décide de nous mettre à l’épreuve. Sa méthode est pour le moins expéditive : ce vile personnage kidnappe des animaux, et nous balance une centaine de défis pour les délivrer, sous forme de niveaux à terminer. Voili voilou, c’est pas foufou mais le petit côté Sonic (rappelez-vous de la fin des niveaux du premier opus !) nous suffit amplement. Ah, et les sous-titres sont assurés en français.
Intéressant pour les amateurs de speedrun
L’action de 10 Second Ninja X se déroule dans des levels en 2D, et il va falloir pourfendre des ennemis robotiques en moins de dix secondes. Oui, tout est dans le titre ma bonne dame ! Et pour ce faire, notre avatar tout de bleu vêtu peut compter sur des mouvements classiques : double saut, lancer de shuriken, coups de katana au corps-à-corps. Pour le moment, rien de bien enivrant, mais comme d’habitude c’est dans l’intelligence de l’exploitation de cette base que se situe l’intérêt. Heureusement, Four Circle Interactive l’a bien compris, et nous impose des limites distillant du gros challenge. Si les commandes sont agréablement nerveuses, le fait de ne pouvoir utiliser que trois shurikens par niveau vient déjà nous mettre à l’épreuve. Ensuite, la magie opère par un très bon level design, nous poussant sans cesse à nous demander dans quel ordre il est le plus judicieux d’agir si l’on cherche à obtenir le meilleur score. Cela forme un trip qui, on n’en doute pas, sera savouré par les amateurs de speedrun.
Avec sa centaine de niveaux, tous récompensés de une à trois étoiles selon votre rapidité, 10 Second Ninja X a de quoi vous triturer les nerfs. Surtout que, pour vaincre GreatBeard, il est obligatoire de rassembler au moins cent-vingt étoiles. Il s’agit bien entendu d’une manière de nous pousser à ne pas se contenter d’enchainer les levels sans chercher à se dépasser, et c’est une bonne chose. De plus, les différents tableaux ont la bonne idée de se réinventer dans un rythme assez bon, avec des pièges de plus en plus vicieux. Ces fichus courants électriques, par exemple, vous donneront du fil à retordre. Tout cela forme un bon soft, bien difficile pour qui veut vraiment le maitriser. Seulement voilà, à par la quête du score il ne faudra rien en attendre de plus. C’est un véritable regret, car la récolte d’étoiles aurait pu, par exemple, s’accompagner de bonus à débloquer. Dans les faits, on gagnera d’autres costumes, mais c’est purement cosmétique. Vraiment dommage, surtout que les développeurs ont tout de même eu des idées, avec des minis-jeux pas vraiment passionnants, mais nous accordant des indices sur la procédure des niveaux qui nous bloquent. Hélas, ce n’est pas assez pour égayer l’expérience, un peu répétitive au bout d’un moment.
La direction artistique manque cruellement de personnalité
Malgré tout, la durée de vie de 10 Second Ninja X reste plutôt bonne pour un titre de ce genre. Les joueurs jusqu’au-boutistes y passeront sept bonnes heures pour bien le maitriser, et tout trouver en terme de zones secrètes sur la carte. Et avec quelques crises de nerfs au passage, soyez-en sûrs ! Visuellement, on est mitigé. Techniquement, le résultat est heureusement irréprochable : fluidité de tous les instants, précision des commandes, pas de bugs. Par contre, la direction artistique fait vraiment jeu flash. C’est un reproche que l’on peut formuler à beaucoup de softs indépendants, mais là c’est criant : ça manque clairement de personnalité. Du coup, l’expérience a malheureusement un peu de mal à gagner en charisme, et pas sûr que des images nous reviendront, d’ici quelques mois. Quant à la musique, c’est pareil : peu inspirée, même si elle ne nous a jamais dérangé.