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Voice of Cards : The Forsaken Maiden – Test – PlayStation 4

image jeu voice of cards the forsaken maiden

Voice of Cards : The Forsaken Maiden perfectionne la recette

Et si Yoko Taro était la réincarnation de Marcel Béliveau, l’éternel présentateur de Surprise Sur Prise ? Quelle première phrase de test surréaliste, mais tout sauf gratuite. En effet, nous ne sommes que quelques mois après la sortie remarquée de Voice of Cards : The Isle Dragon Roars, et l’on ne pensait vraiment pas voir revenir cette licence aussi vite, et ce malgré le côté un peu léger de l’expérience, du moins côté gameplay. Toujours est-il que l’auteur le plus étrange de la team Square Enix revient avec une nouvelle aventure à base de narration hyper travaillée, et de game design plus que fortement inspiré par le jeu de rôle sur table. Alors, ce Voice of Cards : The Forsaken Maiden parvient-il à ne pas sur-utiliser cette nouvelle licence ? Eh bien oui, et de plus il s’agit d’un soft encore meilleur que son prédécesseur.

Avant d’aborder ce qui fait le principal intérêt de Voice of Cards : The Forsaken Maiden, il est nécessaire de s’arrêter sur le concept de cette licence, sa prise en mains. Cette nouvelle licence de Square Enix, tout d’abord destinée aux mobiles avant d’être finalement repensée pour les consoles de salon (très sage décision !) s’inscrit dans le genre du RPG au tour par tour, avec priorité fortement donnée à la narration. Comme cette production a sans doute été financée avec des bouts de ficelle, les développeurs de Alim, et Yoko Taro, ont imaginé une prise en mains à la fois originale et hyper pertinente : on ne se déplace pas dans un monde en 3D, mais sur une carte divisée en plusieurs carré. Notre avatar est un pion, et on le balade sur ce terrain de jeu, lequel se dévoile au fur et à mesure de notre avancée, ce qui implique une toute petite saveur issue du D-RPG. Le soft n’en est pas un, entendons-nous bien, et d’ailleurs la cartographie n’est pas invoquée, petit regret pour notre part… jusqu’à un prochain épisode ?

Ensuite, interviennent les fameuses cartes du titre. Là encore, Voice of Cards : The Forsaken Maiden est le second enfant d’une licence qui, si elle utilise ce principe, ne s’y résume pas pour autant. Pas de deck-building ici, même si l’on y pense un peu quand il est question de choisir les cartes-compétences, ici désormais disponibles jusqu’à cinq par personnage (contre quatre, précédemment). Mais, en fait, cette forme est surtout l’occasion d’évoquer, pas du tout d’imposer des mécaniques. Du coup, les combats se jouent dans un tour par tour tout ce qu’il y a de plus classique, avec tout de même le renfort d’un dé pour déterminer la force de certaines attaques, ou encore l’implication de gemmes permettant le lancer de celles-ci. C’est hyper simple sur le papier, et ça l’est aussi dans les faits : le jeu est clairement abordable par tous, même si nous allons voir que ce principe a tout de même eu droit à quelques petits réajustements bienvenus.

Quelques bons réajustements de gameplay

L’aventure vous fera voir la terre, mais aussi la mer…

On évoquait l’ajout d’une carte de compétence, mais ce n’est pas la seule bonne modification opérée sur ce Voice of Cards : The Forsaken Maiden. La principale est liée à l’histoire : chaque île propose un duo formé par une Prêtresse et son Gardien, lesquels rejoindront l’équipe à tour de rôle. Ces duos apportent une nouvelle attaque en duo, hyper couteuse en gemmes mais dévastatrices en terme de dégâts. Aussi, cet apport efface purement et simplement la possibilité de choisir les membre de son équipe. Là aussi c’est une bonne chose, tant le trio initial de The Isle Dragon Roars (le héros, Onyxa et Lazuli) ne bougeait finalement qu’au gré de la narration, et non de besoins tactiques très réduits. Ici, cette fioriture disparait purement et simplement, au profit de modifications imposées par le cheminement. Cela a tout de même comme effet que l’on s’intéresse un peu moins à l’équipement, de toute manière toujours un peu nivelé vers le bas par une ergonomie des menus assez discutable. Celle-ci reste la même d’ailleurs, donc un peu brouillonne mais on s’y fait. Signalons aussi la possibilité d’accélérer le rythme des combats, un level cap qui atteint désormais le niveau quarante, mais aussi une difficulté un peu plus appuyée. Le challenge reste abordable, mais désormais il faudra faire un peu plus attention à vos statistiques.

La prise en mains reste donc immédiate et très efficace, tout en se permettant même de se parfaire à l’occasion. Mais là où l’on attendait le plus Voice of Cards : The Forsaken Maiden, c’est évidemment dans son histoire. Sachez que le jeu se vit comme un one shot, il ne faut pas avoir joué au premier pour comprendre ce second opus qui, si vous remarquez bien, n’est pas numéroté. Donc vous pouvez débuter par celui-ci, ce n’est en rien gênant pour la compréhension du récit. Ce dernier est totalement différent de celui de The Dragon Isle Roars, aussi bien dans les personnages décrits que pour la tonalité employée. On n’ira pas trop loin dans la description du scénario, car les rebondissements se font plus nombreux que dans le précédent opus. Sachez simplement que vous allez incarner Samjin, un jeune navigateur accompagné d’Alva, une frêle jeune fille sauvée il y a peu, devenue muette après des événements mystérieux. Ce duo est échoué sur une île mais, avant de la quitter dans un bateau de fortune, il va se rendre compte que l’endroit n’est pas protégé par les divinités, à cause de l’absence d’une prêtresse. Votre aventure, toute sous-titrée en français,va vous faire rencontrer d’autres prêtresses, toutes ayant un parcours pour le moins tragique, et ce pour récupérer des reliques capables de sauver l’endroit de votre naufrage.

Une histoire intimiste, et une direction artistique encore plus mémorable

Le chara-design est exceptionnel.

L’histoire de Voice of Cards : The Forsaken Maiden est plus intimiste, plus sombre, plus triste aussi. On a bien droit à quelques poussées d’humour, mais moins que dans The Dragon Isle Roars. D’ailleurs, les fans de Yoko Taro (ici toujours accompagné par le producteur Yosuke Saito) vont sans doute être très étonnés par le point de vue sur certains destins, qui témoignent d’une sorte de maturité de son propos. On s’éloigne du tout-fataliste qui, entendons-nous bien, fonctionne pourtant toujours aussi bien dans Nier Replicant et NieR Automata. On a droit à quelques notes d’espoirs, quelques envolées positives, mais aussi de gros moments de doutes bien dramatiques. On sent donc une évolution dans la vision du monde de l’auteur, assez nettement assumée. Le récit est d’une longueur assez égale à celle du précédent opus, la durée de vie se révèle donc du même ordre : une quinzaine d’heures pour le cheminement principal, et un peu plus d’une vingtaine au total si l’on désire tout voir.

Enfin, il est impossible de passer à côté de l’excellente tenue de la direction artistique. Voice of Cards : The Forsaken Maiden, tout comme le premier épisode, est ce qu’on peut imaginer de plus minimaliste, mais aussi de plus évocateur. Ce n’est pas nécessairement détaillé dans les environnements, les attaques font vraiment très épurées, par contre la voix du narrateur (optez pour le japonais, c’est indispensable !) fait fonctionner notre imagination comme parvient à le faire un bon maitre du jeu. C’est vraiment une expérience agréable, l’on revient à ce qu’on a connu à l’époque des premières consoles Nintendo, Sega et PC-Engine : le joueur comble l’absence de descriptions purement visuelles par son seul esprit. D’où le fait que ça marque longuement le joueur, bien après la fin de l’aventure. La direction artistique est toujours assurée par le génial Kimihiko Fujisaka (que l’on connait pour son travail sur Drakengard), le chara-design gagne même encore en charisme, notamment celui des prêtresses. Enfin, tout cela est évidemment accompagné des incontournables musiques du grand Keiichi Okabe, dont les thèmes suivent parfaitement la route plus intimiste et dramatique de cet épisode décidément charmant.

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