Prinny Presents NIS Classics V3, indispensable pour les collectionneurs
Quelle époque bénie ! Bon, OK, je peste contre le niveau en chute libre du jeu vidéo occidental, ce dernier ne parvenant pas à se renouveler, s’engonçant dans des genres sur-usités que je ne peux plus voir en peinture. Enfin bref, heureusement que les acteurs Japonais de cette industrie ont repris du poil de la bête, comme Nippon Ichi Software. Sa partie édition, NIS America, ne cesse de nous abreuver de titres intéressants (Ys IX : Monstrum Nox, Yurukill : The Calumniation Games, etc) et voilà que l’entité se lance aussi, depuis quelques temps, dans une opération dépoussiérage de sa ludothèque. Ce sont les sortes de pingouins de Disgaea qui s’en chargent, les fameux Prinnies, ici avec ce Prinny Presents NIS Classics Volume 3 contenant deux raretés : La Pucelle : Ragnarok et Rhapsody : A Musical Adventure.
Je ne le cache pas : je suis fan absolu de Nippon Ichi Software, et j’ai passé énormément de temps sur le second volume de cette collection. Du coup, c’est avec grand bonheur que j’ai ouvert le packaging de Prinny Presents NIS Classics Volume 3, reçu dans une belle édition Deluxe contenant un artbook, ainsi qu’un CD des deux bandes originales. Vraiment, j’insiste : c’est un bonheur que de pouvoir compter sur ce soft en physique, n’hésitez pas à soutenir ce genre d’initiative qui, fatalement, deviendra de plus en plus rare à l’avenir. Une fois la cartouche inséré, on doit donc se lancer dans l’un des deux titres, un duo de Tactical-RPG d’un très bon niveau. Je précise ici que La Pucelle : Ragnarok, paru au Japon en 2002, est totalement inédit sous nos latitudes. Quant au culte Rhapsody : A Musical Adventure, il avait eu droit à une sortie confidentielle sur notre sol, en 2009, mais dans une sorte de remake pas hyper concluant. Enfin, les deux titres font partie du même univers, de la même licence : Marl Kingdom, qui n’est rien de moins que la série ayant servi de base pour les travaux sur Disgaea.
Débutons par Rhapsody : A Musical Adventure, puisque ses évènements sont antérieurs à ceux de l’autre titre inclus dans Prinny Presents NIS Classics Volume 3. On s’y attache à une jeune fille du nom de Cornet, et à sa poupée Kururu. L’héroïne a d’ailleurs la capacité de communiquer avec ces objets inanimés. Un jour, Ferdinand, le prince du Royaume, se retrouve transformé en pierre suite au combat contre une sorcière. Et qui va essayer de le sauver ? Le joueur pardi ! Comme le signale le titre, on fait face à un RPG non seulement tactique, mais aussi musicale. La patte de Nippon Ichi Software, cette personnalité follement créatrice, se retrouve parfaitement dans ce concept, donnant l’impression d’assister à une sorte de comédie musicale divisée en chapitres. C’est à la fois surprenant, et drôle, surtout que l’écriture sait comment nous surprendre lors d’interludes du plus bel effet.
Rhapsody : A Musical Adventure est clairement le jeu le plus facile d’accès de ce Prinny Presents NIS Classics Volume 3. Ainsi, je le conseille vivement à qui voudrait découvrir les travaux de Nippon Ichi Software, mais aussi le concept de T-RPG. Les combats se déroulent sur des zones assez restreintes, bien moins chargées que ce que fera l’éditeur et développeur par la suite. Plus étonnant, et peut-être un regret pour qui penserait retrouver l’esprit très pointu d’un Disgaea, les combats sont en fait assez simplistes : peu de mécanique, l’offensive clairement mise en valeur face à la défense, et finalement assez peu de profondeur. Un constat qui se retrouve aussi dans le recrutement des monstres, vraiment très aisé quand on a compris la routine. Mais tout de même, on prend plaisir à bien tout maitriser, surtout quand on augmente le niveau de difficulté au maximum.
Deux bons T-RPG, dans des styles différents
Le deuxième titre inclus dans Prinny Presents NIS Classics Volume 3, La Pucelle : Ragnarok, est plus intéressant en terme de gameplay, mais moins dans son histoire. On y découvre deux personnages : Prier et Culotte, frère et sœur envoyés par l’organisation La Pucelle afin de détruire des hordes de zombies. Mais évidemment, les choses vont vite se corser avec une église agissant dans l’ombre pour faire triompher les forces démoniaques. Le scénario, qui se déroule quelques temps après Rhapsody : A Musical Adventure, est moins courageux que ce dernier, très nettement. Par contre, la tonalité est intéressante. En effet, l’humour noir intervient, et annonce celui qui décollera avec Disgaea, surtout que le traitement des thématiques se fait de plus en plus adulte. Certes, les protagonistes manquent de relief, mais au final cette comédie acerbe fait mouche.
La Pucelle : Ragnarok est plus costaud que l’autre jeu de Prinny Presents NIS Classics Volume 3, côté gameplay. Dorénavant, le placement des personnages, sur le damier, est très important. Il permet de contourner l’opposant afin de lui asséner un coup critique par derrière, et même d’offrir quelques bonus quand on les aborde sur les flancs. D’ailleurs, pour être précis, les zones de combat sont encore un peu étriquées, on sent que Nippon Ichi Software tâtonne, tente de trouver un équilibre encore parfois précaire. Aussi, le système de recrutement de monstres est plus complet, et surtout plus étendu, même s’il n’est pas encore primordiale pour la bonne avancée. Plus étonnant, et très positif, on pourra avoir une influence direct sur la fin de chaque chapitre, par le fait de décisions scénaristiques. Un bon point, qui donne une plus grande impression de participer dans cet univers.
Côté contenu, c’est La Pucelle : Ragnarok qui se trouve être complété par de nouvelles quêtes, de nouveaux monstres à acquérir, tandis que Rhapsody : A Musical Adventure est en tous points identique à sa sortie initiale. Pour ce qui est de la durée de vie, le premier cité est incroyablement généreux : il vous faudra au moins soixante heures si vous aimez compléter vous jeux à 100%. Pour le second, c’est plus court, avec une quinzaine d’heures nécessaires. Techniquement, les graphismes ont été un peu dépoussiérés, un chouïa lissé, mais pas du tout revus. On a donc les sprites d’époque, les pixels étant évidemment un peu grossiers pour 2022. Pour moi c’est justement ce qui fait le charme de ce genre de sortie : retrouver l’esprit d’antan, dans son jus, et découvrir que ça séduit toujours autant. Par contre, si je devais émettre un regret, c’est l’absence de sous-titres français. L’anglais est abordable pour tout joueur adepte de titres de niche, mais il est indéniable que le confort en prend un coup, surtout que les textes sont nombreux.