Harvestella, un mélange des genres abordable et séduisant
Annoncé un peu en catimini lors d’un Nintendo Direct justement mini, Harvestella a pourtant de suite suscité mon enthousiasme. En effet, je cultivais secrètement un fantasme : voir le mélange de simulation de vie fermière et de RPG aller encore plus loin que dans les sympathiques mais parfois décevants Rune Factory. Et qui de mieux que Square Enix (Final Fantasy, Dragon Quest) pour porter un tel projet ? Le premier trailer m’a tout de suite fait saliver : cultiver des radis et vivre une aventure typique du J-RPG, c’est un projet qui me botte. De radis ? Oui bon Ok elle était facile. Mais encore fallait-il que le game design soit équilibré. Et pour ce faire, je portais certains espoirs sur le développeur du titre, Live Wire, dont le travail sur l’émouvant Ender Lilies m’avait séduit. Eh bien, j’avais raison d’espérer !
Harvestella a tout pour attirer l’attention des passionnés de jeux vidéo qui, en cette fin d’année, auront remarqué que les nouvelles licences se font rares. Entre les suites, les portages, les remakes, les remasters, l’industrie actuelle laisse peu de place à l’originalité, une prudence financière qu’o,n peut aussi comprendre en cette époque post-COVID tristounette. Bref, c’est un plaisir que de découvrir une nouvelle IP comme celle-ci. Le scénario, justement, nous propose du neuf, de nouveaux horizons. Il nous propulse dans un monde entre fantasy et science-fiction, un mélange assez classique pour les amateurs de Square Enix, mais qui brille toujours autant. Après avoir décidé du sexe de l’avatar, et de son apparence, celui-ci se réveille, amnésique (grand classique là encore, mais ça fonctionne !), dans le village de Lèthe. Et, alors que le médecin du coin tente de nous remettre en selle, un événement va tout bouleverser : le Quietus, une véritable plaie qui emplit l’air de retombée toxique et pourrit les cultures.
Le récit de Harvestella est tout à fait typique d’un bon J-RPG : il motive afin de mieux connaitre l’univers présenté, mais aussi à bien s’emparer de notre avatar. Ce qui est une condition sine qua non pour ce genre. Bien entendu, le scénario va ensuite se complexifier, nous présenter d’autres personnages dont Aria, notre binôme qui nous accompagnera tout du long. Il ne faut pas trop dévoiler les concepts de l’écriture, tant l’histoire, aussi innocente qu’elle soit, fait beaucoup appel au rebondissement, mais sachez tout de même que le cheminement est organisé en chapitres, neuf pour être précis. Ne vous inquiétez pas, j’y reviendrai plus bas mais ce petit chiffre cache une énorme durée de vie. Car, si vous pouvez courir vers la prochaine mission principale, les secondaires vont vite se multiplier. En effet, contrairement aux autres simulations de vie à la japonaise, ce soft va vous faire découvrir d’autres villages. Il n’est donc pas que question de foncer dans un donjon afin d’y combattre le boss, il faut aussi s’attendre à une bonne dose de dialogues avec des villageois. Tout n’est pas toujours hyper intéressant, c’est même parfois très gnangnan, mais c’est une bonne chose pour le développement de l’univers. Et le tout est sous-titré en français, bien entendu.
Une nouvelle licence accessible à tous
L’histoire de Harvestella se veut donc intéressante et prudente, on est en terrain conquis pour les fans de J-RPG. Une sensation qui va se retrouver dans le gameplay, pour le meilleur et l’un peu moins. Je débute par ce qui m’a un peu renfrogné : le tout début de l’aventure. Certes, une nouvelle licence doit expliquer ses bases. Mais ici, c’est trop : plus de deux heures de tutoriel, parfois pour expliquer ce que les amateurs du genre ont déjà vu mille fois, c’est beaucoup. Il aurait peut-être fallu penser à une version allégée pour les joueurs expérimentés, mais au moins les néophytes seront bien pris en charge. Bref, après ce début un peu lourd, on découvre comme attendu un game design en deux parties : la récolte et le RPG, ici le A-RPG. Pour la première partie, on est certes loin de la complexité d’un Farming Simulator, bien plus proche d’un Harvest Moon, mais globalement on sent bien que Live Wire a surtout désiré ne pas nous ensevelir sous des montagnes de contraintes, ce qui est plutôt bien vu pour l’équilibre de l’expérience. Le jeu est organisé en journée, un grand classique du genre, avec une stamina qu’il faudra respecter sous peine de s’effondrer au travail. Une limité que j’ai toujours trouvé un peu déroutante, surtout qu’ici elle est assez stricte.
Nettoyer le terrain, le préparer à accueillir les graines, planter, arroser, utiliser divers outils (arrosoir, marteau etc) et même obtenir des machines afin de mettre en place de véritables recettes et vendre encore plus cher le fruit de notre labeur. Tout cela est au centre de la simulation de ferme. Au fil du temps, et surtout des saisons, Harvestella va un peu complexifier tout cela, notamment avec le bétail mais aussi le concept de biomes, faisant apparaître de nouvelles cultures demandant de nouveaux réflexes. Aussi, la ferme va évoluer au fil de nos progrès, grâce à un PNJ à qui l’on pourra revendre nos récoltes. Au début simple cabane, le lieu va devenir de plus en plus cossu, ce qui solidifie la sensation d’évolution. Enfin, il faudra parfois avoir recours à des objets spéciaux afin d’aider certaines cueillette. Ce qui projette vers l’exploration et le combat. Tout cela fonctionne bien, simplement il faudra être patient afin de bien savourer la recette. Au début, on a un peu peur à la vue de l’étroitesse du lopin de terre, surtout comparé aux différents Story of Seasons. Mais le jeu parvient réserve bien des avancées, alors un conseil : persévérez après ce début un peu raté.
Une aventure longue et mémorable
Il faudra donc parfois sortir de Lèthe non seulement pour l’histoire, mais aussi dans l’intérêt de nos récoltes. On aura accès à une carte, sur laquelle on se déplacera vers différentes zones afin de combattre un bestiaire étonnamment fourni. Le système de combat (en temps réel, il s’agit d’un A-RPG) est clairement satisfaisant, même si je me demande encore pourquoi Live Wire n’a pas inclus la possibilité de parer les coups, nous forçant à déplacer l’avatar dans le but d’esquiver. Dommage, mais pas éliminatoire pour autant, d’autant plus que le reste se tient très bien. Les ennemis opposent de vraies particularités, poussant le joueur à pleinement utiliser les capacités à sa disposition. Attaques normales, attaques spéciales, ça c’est la base. Mais parfois, il faudra utiliser la magie car des monstres ne seront sensibles qu’à elles seules. Tout cela est lié à un système de classes, très généreux avec un arbre associé à chacune, avec plein de compétences à débloquer. Globalement, les combats sont aisés, Harvestella peut se décrire comme facile d’accès, par contre les boss vont vous donner beaucoup de fil à retordre. Il faudra alors bien étudier les faiblesses élémentaires et les utiliser à votre avantage, mais sachez que le jeu vous vaudra parfois un game over.
Qui dit J-RPG dit groupe de guerriers. Vous allez donc rencontrer d’autres personnages, les faire combattre, lier des liens avec eux via des missions d’affinité etc. Ajoutez à cela les très nombreuses missions secondaires, les activités comme la pêche (toujours un indispensable du genre, j’adore !), de la collectionnite de poupées etc. En plus de l’aventure principale longue d’une quarantaine d’heures, il faudra en ajouter au moins cinquante pour tout voir. Une grosse durée de vie donc, qui s’ajoute aux autres qualités. Techniquement, par contre, ce n’est pas la joie. Bien que la direction artistique se révèle charmante, le crénelage est parfois vraiment visible, et les textures trop approximatives. Quelques baisses de fluidité sont aussi à prévoir, et la distance d’affichage peut mieux faire, même si la RAM de la Nintendo Switch est principalement en cause à ce niveau, comme vu avec NieR Automata. C’est un peu mieux en mode portable, mais clairement le soft accuse le coup, espérons qu’un jour il débarquera sur des consoles plus solides. Enfin, la musique est une réussite signée Go Shiina, déjà apprécié pour son travail sur Code Vein. Enfin, je ne peux que vous conseiller d’oublier le doublage en anglais et de favoriser le japonais, bien plus à-propos.