Catan : Console Edition est globalement à la hauteur du jeu de plateau
Cela a l’air irréel, mais souvenons-nous que, voilà quelques mois, nous étions tous confinés. Si les effets de cette méthode de protection n’ont pas toujours été positifs, notamment sur le moral des jeunes et leur santé physique (voilà un sacré paradoxe), l’un des bons côtés fut le retour vers des activités plus ou moins reléguées aux oubliettes en temps normal. Le jeu de société est l’une d’elle, et l’on a vu un regain d’intérêt (et de ventes) pour cette saine passion, idéale afin d’occuper toute la famille. Votre humble serviteur a d’ailleurs vécu ça de plein fouet, avec un petit neveu devenu fou de Carcassone, Mysterium, Les Aventuriers du Rail, ou encore… Catan. Qui fut appelé, voilà longtemps, Les Colons de Catane. Du coup, et même si ce jeu de plateau a déjà eu droit à des versions vidéoludiques, c’est un plaisir de le voir débarquer sur nos consoles actuelles.
Catan passionne les joueurs depuis 1995, il s’agit d’un véritable classique du jeu de société. Et pourtant, il n’en met pas plein la vue au premier abord, avec son plateau dépouillé et ses cartes assez basiques. La raison de ce succès, avec à la clé plus trente-deux millions d’unités vendues à ce jour (!), est avant tout la relative simplicité des règles, alors même que le contexte du jeu se fait étonnamment profond. Certes, les plus mauvais joueurs d’entre nous (pas moi, oh que non !) pourront pester contre le côté aléatoire provenant de l’utilisation de dés. Mais au final, impossible de ne pas tomber amoureux de ce principe nous permettant de devenir, l’espace d’une partie, un véritable stratège et négociateur.
Bonne nouvelle, les développeurs de chez Dovetail Games (ici aidés par le studio Nomad Games) sont parvenus à bien restituer les règles dans ce Catan : Consoles Edition, et à les rendre tout à fait praticables au pad. Je rappelle succinctement qu’il est question de dominer le plateau en y installant le plus possible de colonies, villes, ou encore en possédant l’armée la plus puissante ou en construisant la route la plus longue. Tout cela se fera en négociant avec les autres joueurs, principalement afin d’acquérir les ressources nécessaires : bois, minerai, grain et laine. Bien sûr, quelques petites complications bienvenues sont à attendre, comme la nécessité de construire deux chemins entre chaque colonie. Mais, en fin de compte, chaque tour se décompose en trois parties : production, commerce et construction. Si la mécanique est limpide sur plateau, elle aurait pu rapidement devenir infernale à la manette. Mais les développeurs ont pris de bonnes décisions surtout concernant l’ergonomie. Pas de menus compliqués, un mapping des touche lisible, tout cela fonctionne bien. Ah, et que les néophytes se rassurent : le soft s’ouvre sur un tutoriel certes basique mais bien utile. Seule ombre au tableau : l’absence d’un timer pour les tours. Du coup, ceux-ci peuvent parfois devenir trop longs.
Le fun est présent, malgré une technique prudente
Si le fun des parties est bien assuré, j’attendais aussi ce Catan : Console Edition sur son contenu. Et là, c’est un peu plus délicat, même si le résultat reste tout à fait correct. Ce n’est une surprise personne, mais je dois tout de même bien appuyer sur la dimension multijoueur de ce titre. Oui, il existe bien un mode solo, et d’ailleurs il m’a surpris par son efficacité côté gameplay. L’intelligence artificielle a bien été travaillée, avec des bots prenant l’apparence de différents personnages, avec tous une personnalité bien marquée provoquant des actions assez différenciée pour que l’on y croit un minimum. Mais, entre nous, cela ne vaut pas l’amusement à plusieurs, que ce soit en local ou en ligne. La première possibilité est d’ailleurs possible en cross-play, donc rassemblant aussi bien les joueurs PlayStation que Xbox. Les serveurs sont solides, j’ai toujours trouvé une partie. Mais c’est bien en local que le soft prend toute son ampleur : jusqu’à quatre colons s’affrontent dans la joie et la bonne humeur, et c’est bien plus amusant de voir les mines déconfites quand le voleur de ressources vient compliquer un tour. Sachez aussi que vous pourrez cacher les éléments de votre partie aux yeux des concurrents grâce à votre smartphone. Il manque tout de même une idée, ce petit truc en plus qui pourrait rendre plus accroc sur le temps long.
Catan : Console Edition est donc fun à plusieurs, à la hauteur de l’amusement sur plateau. Par contre, le technique est en retrait malgré un indéniable effort pour rendre les parties vivantes. Tout d’abord, et c’est important pour les fans, sachez que la direction artistique assez typique du jeu d’origine est respectée. On retrouve donc une apparence réaliste des différents modèles, dans le plus pur style de l’illustrateur d’origine, le surdoué Franz Vohwinkel. Les différentes cases ont droit à des animations, on y voit notamment les fameux moutons si l’on zoome sur le plateau, ou encore les bateau flotter. Mais c’est aussi à cette occasion que le framerate (généralement à 60fps sur PlayStation 5) déraille un peu. Finalement le rendu, même en 4K, manque de spectaculaire, et d’intérêt à moyen terme. Les textures manquent aussi de finesse, et je constate quelques bugs d’affichage notamment sur les dés. Au final, on opte assez rapidement pour la classique mais efficace vue en top down. Quant au domaine sonore, il est lui aussi peu marquant, même si l’ambiance musicale a au moins le bon goût de ne pas se faire trop présente.
Pour terminer, sachez que Catan : Console Edition est aussi disponible dans une édition Deluxe, proposant aux fans un ajout de contenu qui les ravira à coup sûr. En effet, ils pourront jouer sur cinq plateaux issus de véritables compétitions du Catan World Championships. Il sont aussi disponibles par le biais d’un DLC.