Gamedec gonfle son contenu avec sa Definitive Edition
Paru voilà quelques années sur PC, puis sur Nintendo Switch, c’est avec plaisir qu’on accueille enfin Gamedec sur PlayStation 5, dans une Definitive Edition promettant un peu plus de contenu. Et ce accompagné d’une sortie en physique grâce aux bons soins de Just For Games, dont je me demande encore comment ils font pour garder un tel rythme de parution. Pourquoi un tel entrai au moment de débuter ce test en ce mois de mars déjà bien chargé, vous demandez-vous ? Eh bien parce que ce jeu d’aventure polonais, issu d’un développeur jusqu’ici peu connu (Anshar Studios, précédemment au travail sur des expériences en réalité virtuelle), a su se construire une bonne réputation auprès des fans du genre. Aussi, il s’inscrit dans une ambiance cyberpunk qui, je le désirais plus que tout, me ferait oublier le désastreux Cyberpunk 2077. Le résultat a en effet su me convaincre, même si tout n’est pas aussi bon que ce que j’espérais.
Gamedec : Definitive Edition nous propulse en Europe de l’Est, à Varsovie pour être plus précis, et en plein vingt-deuxième siècle. Imaginez : dans ce futur, la réalité virtuelle a vraiment rencontré le succès, bien plus que le très décevant PS VR 2. Et l’humanité, comme d’habitude, a décidé d’y aller à fond les ballons. Ainsi, le réel a perdu de sa superbe. La vie et la mort ne sont plus que des concepts, avec de multiples et étranges variations. Ce rapport extrême à la VR a ainsi créé des déviances, et c’est ici qu’intervient notre avatar : un gamedec. En fait, un détective, mais dont le rayon d’action se situe autour de cette technologie. Après ce pitch, Anshar Studio décide d’éclater sa narration, laquelle va nous plonger dans plusieurs histoires différentes, avec toutes comme point commun de nous proposer une véritable enquête. C’est déjà bien habile, et j’ajoute une tonalité parfois bien critique sur l’industrie vidéoludique, à l’aide d’un humour acerbe sans non plus trop en faire. Rappelons que les développeurs ont beaucoup travaillé sur la VR, on sent qu’ils avaient des thèmes à aborder… Moins positif, les sous-titres français sont certes présents mais avec pas mal de coquilles à la clé. Cependant, c’est déjà bien que d’en disposer.
Gamedec : Definitive Edition est un mélange de jeu d’aventure, de RPG en vue isométrique, et j’ai senti à plusieurs moments une sorte d’arrière goût à la Disco Elysium. Comprendre par là qu’il ne faut attendre nul combat : tout sera affaire d’enquête, de décisions à conséquences et de déduction. Après avoir découvert le conflit lié à une affaire, on est donc projeté dans un monde virtuel, dans lequel le joueur est invité non seulement à farfouiller, mais aussi à interroger. On récolte des indices, on lit des dialogues. Et l’on interagit, beaucoup. Une saveur point and click est évidemment au rendez-vous, mais j’insiste sur la notion d’aventure. En effet, le joueur va devoir se laisser aller dans son rôle et vivre ses pérégrinations à fond. C’est ainsi que l’on pourra avoir raison… ou tort ! Notre détective pourra par exemple se laisser duper par des personnages secondaires et totalement se planter, ouvrant un pan entier de l’histoire qui sera entièrement différent d’un autre. Seul bémol à tout ça, et c’est sans aucun doute mon plus gros regret : tout semble par la suite s’arranger, quels que soient vos décisions. Et l’on sent un peu trop l’envie des développeurs de vous emmener vers un point clé de l’histoire. Dommage.
Un univers marquant, mais de petites imperfections
Gamedec : Definitive Edition propose tout de même un côté RPG assez intelligent, ajoutant encore au roleplay de l’expérience. Tout d’abord, sachez que l’avatar est personnalisable, que ce soit en choisissant un modèle pré-construit ou en le créant de manière complète. Oui, avec des statistiques et tout. Ensuite, votre détective progressera tout au long de ses aventures, avec un système de seize Professions prenant la forme d’un arbre de compétences à quatre branches. En début de partie, l’on n’a pas encore opté pour l’une d’entre elles, et c’est une bonne chose : il faut d’abord que le joueur comprenne le game design avant de décider d’influencer sur lui. Quand vous dialoguez, quand vous résolvez des affaires, ou de bien d’autres manières, vous récolterez des points et cela permettra de débloquer des professions. Simple, efficace, et assez diversifié pour provoquer de l’intérêt. Bien entendu, chacun des jobs offre des spécialités qui s’avéreront très utiles sur le terrain, comme le crochetage ou le hacking. Tout dépendra de votre manière de jouer. Là encore, j’ai tout de même un petit bémol avec le concept des points à dépenser : ceux-ci sont liés à des traits de caractère (agressif, calme, enthousiaste et empathique), mais cette mécanique manque de clarté.
Gamedec : Definitive Edition propose assez d’affaires pour que la durée de vie soit honorable… pour un jeu d’aventure. Comptez une quinzaine d’heures de jeu pour boucler l’expérience, proposant deux histoires inédites à cette version, dont une est d’un intérêt capital pour l’univers du titre. Et la rejouabilité est plutôt bonne, avec six fins à découvrir. Visuellement, c’est très plaisant, surtout dans la direction artistique. L’ambiance cyberpunk est particulièrement charmante, les effets de lumière jouent un grand rôle dans ce constat enjoué. Aussi, le cheminement apporte beaucoup de diversité dans les lieux visités, mais je ne veux surtout rien dévoiler de ce côté. Techniquement, c’est un peu plus délicat, avec des textures un peu datées et surtout quelques petits ralentissements. Rien de bien gênant cependant. Quant à la musique, elle remplit très bien son rôle en imprégnant encore plus l’écran de ce futurisme recherché.