Mega Man Battle Network revient avec une excellente compilation
Dans le genre licence ultra-culte et iconique d’éditeurs tiers, Mega Man prend l’une des places sur le podium. Easy. Qui a connu l’époque bénie des consoles 8 bits s’est obligatoirement prosterné devant la puissance du petit bonhomme bleu de Capcom, et ce pour plusieurs raisons : charisme hors norme de l’univers (et particulièrement des boss), équilibre parfait entre plates-formes et action, difficulté très appuyée mais « challengeante ». À tel point que je pense avoir eu une cartouche de la série sur quasiment toutes mes consoles, de salon comme portable. Aujourd’hui, ce sont ces dernières qui sont mises à l’honneur avec Mega Man Battle Network Legacy Collection, une compilation hyper importante pour aborder l’une des autres forces de la licence : la prise de risques, ici transformée en réussite aussi profonde que fun.
Mega Man Battle Network Legacy Collection, ah, quel titre ! Il me rappelle la grande époque des jeux Capcom à blasons plus longs que le bras, comme Street Fighter Ex Plus Alpha ou l’incroyable Capcom Vs SNK 2 Millionaire Fighting 2001 EO. Mais revenons à notre bonhomme bleu bionique, et ses dix aventures qui vous attendent dans deux compilations. Bon, en fait six mais, tout comme un Pokémon, avec des versions un peu différentes pour les épisodes à partir du troisième. Donc, ce sont bien trois softs par volume. D’ailleurs, avant d’aller plus loin, les voici tous nommés :
Mega Man Battle Network Legacy Collection Volume 1
- Mega Man Battle Network
- Mega Man Battle Network 2
- Mega Man Battle Network 3 Blue
- Mega Man Battle Network 3 White
Mega Man Battle Network Legacy Collection Volume 2
- Mega Man Battle Network 4 Red Sun
- Mega Man Battle Network 4 Blue Moon
- Mega Man Battle Network 5 Team Protoman
- Mega Man Battle Network 5 Team Colonel
- Mega Man Battle Network 6 Cybeast Gregar
- Mega Man Battle Network 6 Cybeast Falzar
Avant d’aller plus loin, sachez que ce test de Mega Man Battle Network Legacy Collection va se concentrer sur les apports de cette sortie, et non exclusivement sur chacun des épisodes en profondeur. Pour des raisons évidentes de lisibilité certes, mais aussi car chacun des jeux mérite un test dédié tant ils proposent des expériences riches et étonnantes. L’occasion ici d’effectuer un petit retour en arrière, direction 2001. Non pas pour un odyssée dans l’espace, mais plutôt sur la sainte Game Boy Advance. C’est sur cette divine plateforme que paraît l’inattendu Mega Man Battle Network. Alors que tout le monde s’éclate sur le sympathique Mega Man X 6, Capcom décide de lancer une nouvelle série dans la série, dans un genre qu’on n’aurait jamais pensé abordé : le RPG tactique. Le succès d’estime n’était pas gagné, et pourtant tout fonctionnait admirablement, notamment grâce à un aspect collectionite aigüe sur lequel je vais revenir. Ce fut si efficace que des suites furent mises en chantier très rapidement (le second opus est aussi sorti en 2001, du moins au Japon), et sa destinée s’est étirée jusqu’à la Game Cube pour un épisode Transmission malheureusement ici absent.
Mega Man Battle Network Legacy Collection peut donc compter sur des titres de grande qualité, et ce même s’ils sont sortis sur des plateformes portables : la Game Boy Advance puis la Nintendo DS (uniquement pour le cinquième opus). Il faut donc s’attendre à des softs techniquement très rétros, mais tout sauf simplistes. Il est d’ailleurs assez impressionnant de voguer d’un épisode à l’autre et de se rendre compte de la progression purement visuelle. La direction artistique évolue peu à peu, mais on reste dans un univers de science fiction à grosse tendance… informatique, ce qui est cohérent avec le gameplay comme on le verra plus tard. Si les différents titres sont toujours aussi mignoins, la qualité d’émulation était tout de même surveillée. Et, bonne nouvelle, Capcom livre un résultat certes filtré mais jamais dénaturé. Par contre, y jouer sur PlayStation, donc sur grand écran, n’est peut-être pas la bonne solution, l’écran portable de la Switch me semble plus avisé. Sachez tout de même que l’éditeur laisse le choix au joueur d’abandonner le lissage HD pour revenir au rendu d’origine. J’ai bien noté quelques petits bugs et ralentissement mais clairement dûs aux softs d’origine. L’émulation est donc respectueuse, même dans l’imperfection.
Capcom nous livre un contenu exemplaire
Mega Man Battle Network Legacy Collection débute donc en 2001, alors que le monde réel a finalement survécu à l’anxiogène bug de l’an 2000. Clairement, Capcom a été marqué par cette époque, ça se ressent dans les différents scénarios. Il y est question d’un Internet désormais installé partout, connectant l’humanité à ses objets du quotidien. Comme aujourd’hui avec nos frigos. Bon sang. C’est ainsi que chaque personne possède un PET (calmez ce sourire coupable), une sorte de petit ordinateur sur lequel elles ont accès au programme Navi, une sorte de programme totalement personnalisable avec une intelligence artificielle dédiée. Dans tous les épisodes, on incarne un certain Lan Hikari, écolier dont le Navi n’est autre que Mega Man.EXE. Ce duo va devoir venir à bout de menaces mettant en danger l’équilibre entre le monde réel et Internet. Si les trois premiers opus restent assez sages finalement, les trois derniers développent un récit parfois très alambiqué, mais toujours agréable à suivre. Les histoires sont plus fouillés que celles de la série principale, et j’aurai aimé une traduction française pour un meilleur confort. Hélas, et c’est sans aucun doute monde seul regret, seul l’anglais est disponible, et pas toujours soigné qui plus est. Dommage, même si un niveau correct de maitrise de la langue suffira amplement à s’en sortir.
La continuité scénaristique des épisodes de Mega Man Battle Network Legacy Collection fait que l’on s’attache aux différents personnages, et c’est aussi le cas côté gameplay. On fait donc face à un RPG tactique qui scinde sa prise en mains entre deux phases, pour deux mondes. Le réel, dans lequel on incarne l’écolier Lan, et l’informatique sous les traits de Mega Man. Les deux cohabitent très bien, l’un devant réussir ses quêtes et récupérer des puces tandis que l’autre combat des virus aléatoirement. Les puces sont appelées Chips, elles permettent d’utiliser des attaques spéciales, des techniques de support ou encore des moyens de défense. Elles sont à activer au nombre de conq, juste avant des combats se déroulant sur un damier à dix-huit cases typique du genre. Dans son traitement, on reste tout de même sur quelque chose de simple d’accès, et non sur des batailles comme un Tactics Ogre peut proposer. Sur cette base finalement assez simple, Capcom va broder de plus en plus de systèmes au fil des itérations, avec par exemple la Double Souls permettant de fusionner. Je vous recommande d’ailleurs de respecter l’ordre de sortie des jeux, sinon l’on se perd dans les mécaniques. Car le gameplay est décidément bien plus profond que ce qu’on peut penser.
Pour faciliter un peu les cheminements, Mega Man Battle Network Legacy Collection introduit le Buster MAX, une attaque totalement cheatée dont l’intérêt est clairement de raccourcir les combats. Bien entendu, on peut l’activer ou le désactiver, cela dépend de votre seule volonté et du type d’expérience que vous souhaitez mettre en place. C’est l’occasion de féliciter Capcom pour tous les bonus présents dans cette compilation, un bel exemple pour tout autre éditeur tenté d’en sortir. Voilà, c’est ça qu’on veut ! La plus grosse folie, c’est la présence des 499 cartes jusqu’ici uniquement disponibles au Japon et sous format physique. Oui, il fallait les collectionner, quelle chance ils ont eu ! Aujourd’hui, on peut donc les utiliser (à partir du quatrième épisode, donc dans le deuxième volume) de manière dématiérialisée et, bien entendu, gratuitement. La dimension Pokémon-like de partage de données entre consoles est désormais disponible dans un mode connecté hyper stable, dans lequel on peut s’affronter ou échanger des cartes. Hyper confortable. Aussi, on peut regarder moult artworks, ou écouter les innombrables musiques grâce au jukebox. Une option toujours sympathique, surtout que toutes les OST sont de haut niveau. Enfin, sachez que tous les contenus jusqu’ici disponibles uniquement dans les versions japonaises ont fait le voyage, ce qui ne fait qu’ajouter à la durée de vie gigantesque de cette sortie.