Silent Hope : la belle petite surprise de cette fin d’année
Lancé sans trop de bruit en ce mois d’octobre très (trop) chargé, Silent Hope est pourtant un titre qui attire, depuis pas mal de temps, la curiosité d’une certaine niche de joueurs. Celle-ci, sans doute moins puissante et bruyante que d’autre, fut toute heureuse de voir, dans différents Nintendo Direct, des focus sur ce soft pas sorti de nulle part. En effet, il s’agit en fait d’un spin-off de la très belle série des Rune Factory, elle-même issue de la licence Story of Seasons. Certes, les novices seront un peu perdus en lisant cette contextualisation, mais cela explique aussi le remous auprès des amateurs de l’éditeur Marvelous, lesquels voient avec plaisir le titre arriver en exclusivité console sur Nintendo Switch, avec même une version physique distribuée par Just For Games.
Silent Hope s’inscrit certes dans un univers riche, il n’en reste pas moins qu’un nouveau-venu n’aura pas besoin d’avoir joué à un seul Rune Factory. C’est une première excellente nouvelle : cette expérience sera totalement compréhensible pour n’importe qui. L’histoire, très simple, prend place dans un contexte étonnant. Alors que la direction artistique se fait mignonne au possible, « chibi choupinette », le monde qui entoure ce chara-design tombe en ruine. L’action prend place dans un Royaume éteint, des années après la disparition de son Roi. Ce dernier, avant de plonger dans les Abysses, avait fait usage d’une magie maudite afin de voler la parole de ses sujets. On pourrait alors penser « bon débarras », c’était sans compter la compréhensible tristesse de sa fille, si touchée que ses larmes formèrent autour d’elle un cristal protecteur. Une éternité après cet événement, un miracle s’accomplit : sept lumières s’échappèrent des Abysses, lesquelles contenaient chacune une âme aventurière. La Princesse décida alors de les aider, en protégeant le groupe et en les guidant. Les héros vont devoir retourner dans le dédale, et y découvrir les objectifs du Roi. Certes, le récit est assez léger, mais il a deux grandes qualités. La première, c’est de ne pas prendre trop de place. On la suit sur des portions très ciblés, par la voix de la Princesse, et surtout sans renfort de cinématiques interminables (coucou Final Fantasy XVI). La seconde, c’est la traduction des sous-titres en français, cela apporte un confort salutaire.
Silent Hope est un Roguelite prenant la forme d’un Donjon-RPG. Attention, ce n’est pas un Mystery Dungeon à la Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy : Marvelous nous propose un game design plus orienté action. Factuellement, l’on va devoir s’enfoncer dans une multitude d’étages construits de manière aléatoire (mais toujours autour d’un certain nombre de biome thématisés par saisons) avec un guerrier dont le style dépend de sa classe. Celles-ci sont au nombre de sept : aventurier, magicien, archer, cuisinier etc. Les combats sont donc énergiques, avec un bouton pour le coup normal que l’on peut garder enfoncer afin d’attaquer automatiquement. Les trois autres touches sont liées aux compétences, évidemment toutes différentes selon les classes. On a aussi une parade car, comme attendu, l’adversité peut parfois faire assez mal. C’est justifié par le caractère Roguelite : on peut échouer, et ainsi retourner à la surface avec seulement quelques matériaux récupérés. Mais ne vous inquiétez pas, plus vous parcourrez les Abysses, plus vous deviendrez puissant.
Un game design hyper efficace, et une belle direction artistique
C’est ici qu’on entre dans les mécaniques RPG de Silent Hope : gain de niveau, point de compétences afin de les fortifier, évolution de la classe, et des sortes de plans d’armes et d’équipements (ici, des Souvenirs) à remonter afin de les construire. Aussi, les développeurs apportent de la subtilité. Car vous ne pourrez pas incarner plusieurs héros à la fois. Donc, il sera nécessaire de les faire évoluer. Tous. Vous pensez que c’est redondant ? Oui et non. Oui car, fatalement, il faudra parfois prendre le temps de se lancer dans du levelling. Mais c’est récompensé : quand un avatar est mis à mal, le joueur pourra en changer auprès de cristaux dans les étages, avec au passage un bonus de statistiques. C’est bien vu, cela pousse à prendre en mains différentes manières de combattre. Et ce n’est pas tout, car je rappelle que ce jeu est issu de Rune Factory. On a donc une dimension de culture : on peut transformer du bois en bois précieux, des pierres en joyaux, des graines en fruits ou légumes, etc. Et cela afin de fabriquer les différents équipements, mais aussi de cuisiner des plats à effets positifs que l’on pourra activer avant une descente dans les Abysses. Sachez aussi que l’avancée est sauvegardée. Ainsi, si vous atteignez certains étages, vous activerez des feux de camp que l’on peut sélectionner afin d’aller plus vite… et de viser le fin fond dans lequel se trouve un boss final ouvrant la possibilité de faire évoluer une seconde fois la classe du personnage. Je trouve ce système hyper prenant, il m’a tenu accroché à la manette du début à la fin.
Silent Hope propose un contenu assez solide pour ce genre de jeu, avec une bonne trentaine d’heures pour en venir à bout. Tout cela forme une expérience très agréable, ce qui ne signifie pas non plus que le résultat est exempt de regrets. Le premier, et sûrement le plus gros, c’est l’ergonomie des menus à la surface. C’est trop lourd et long : il faut fabriquer, puis sortir de la forge et aller dans le coffre afin de s’équiper. Et cela pour chacun des combattants. La recette pourrait être allégée. Aussi, le endgame me parait un peu trop classique, et le level design se fait tout de même un peu répétitif. Malgré cela, le plaisir est bien au rendez-vous, et cela se prolonge dans l’aspect visuel. Comme écrit plus haut, j’ai aimé la direction artistique, mais aussi la pure technique. Les textures sont certes naïve afin de coller au style chibi, il n’en reste pas moins que le soft tourne parfaitement et sans aucun bugs. Côté musiques, j’ai aussi apprécié l’approche un peu mélancolique. Et le doublage japonais se fait impeccable.