Test

Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy – Test

10 mn de lecture
image chocobo's mystery dungeon
image jeu chocobo's mystery dungeon every buddy
  • Chocobo's Mystery Dungeon Every Buddy
  • Disponible sur : PlayStation 4, Nintendo Switch
  • Développé par : Square Enix
  • Edité par : Square Enix
  • Sortie le : 20 mars 2018
  • Genre : D-RPG, Donjon mystère
  • pegi7

Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy : un D-RPG de haut niveau

On l’a vu avec SaGa Frontier Remastered, ou la récente annonce d’un Dragon Quest III HD-2D très attendu : Square Enix s’est enfin décidé à exploiter son énorme catalogue. Si  l’on a eu droit à une salve de ressortie des épisodes canoniques de Final Fantasy, l’éditeur s’est aussi permis de creuser la licence. Et il y a déniché le très bon Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy.

C’est aussi à ses à-côtés que l’on reconnaît la puissance d’une licence, surtout venue du Japon. Au Pays du Soleil Levant, quand un jeu est couronné de succès populaire, il est fréquent que le soft devienne série, puis que celle-ci se lance dans le développement de différents spin-off. C’est évidemment le cas de Final Fantasy, dont les univers merveilleusement développés sont idéaux pour cet exercice, bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Car il en faut peu pour qu’un titre dérivé ne devienne, aux yeux de certains, qu’une manière déguisée d’exploiter le porte-monnaie de pauvres gamers sans défense. Billevesées ! Et c’est si faux que la réédition, modifiée au passage, de Final Fantasy Fables : Chocobo’s Dungeon, ici ré-intitulé Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy, se ressent comme une bouffée d’air frais.

Retour en 1993, au Japon. Un an après la sortie grandiose de l’épique Dragon Quest 5, Chunsoft (pas encore devenu Spike Chunsoft) cherche à diversifier ses expériences, avec l’aval d’Enix (pas encore fusionné avec Square). Le surdoué Koichi Nakamura s’appuie sur Rogue, et exerce sur son principe des codes qui, depuis, ont résulté sur un style très reconnu : le Donjon mystère. La plus grosse originalité restant que chaque action en implique une de vos adversaires, tout en proposant un système de combat en temps réel. On y reviendra plus bas, mais ce gameplay, lié à au ressenti addictif du loot, a fait de Torneko’s Great Adventure : Mystery Dungeon, dérivé de Dragon Quest, un parfait exemple de spin-off à la fois réussit et apprécié. Au point qu’une multitude d’autres itérations en ont découlé, toujours développées par Chunsoft. On pourra citer les Shiren The Wanderer, The Tower of Druaga, Pokémon Donjon Mystère… et Chocobo no Fushigi na Dungeon, dont le premier épisode remonte à 1997.

Effectuons une ellipse de dix ans, direction 2007. C’est cette année, alors que le succès de la Wii n’est plus à prouver, que Square Enix sort Final Fantasy Fables : Chocobo’s Dungeon sur la console de Nintendo. Gros succès en première semaine, au Japon, le jeu a aussi su séduire la presse. Un an plus tard, en 2008, une version Nintendo DS a vu le jour, ajoutant au passage un peu de contenu, dont une histoire secondaire basée sur Cid, personnage récurrent de Final Fantasy. Nouvelle ellipse, cette fois-ci d’une douzaine d’année (cela ne nous rajeunit pas), jusqu’à aujourd’hui, avec la parution de ce Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy. Au programme, l’expérience se révèle mieux qu’un simple portage. Il s’agit d’une édition augmentée, visuellement lissée, et un témoignage que l’éditeur japonais est assis sur un patrimoine vidéoludique vertigineux.

L’exemple typique d’un titre à redécouvrir d’urgence

image ps4 chocobo's mystery dungeon every buddy

Qu’y-a-t-il de plus mignon qu’un Chocobo ?

Ne faisons pas durer le suspens plus longtemps : Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy est un petit bijou, du moins pour celles et ceux qui se donneront la peine de le poncer. Tout nous charme dans ce spin-off, du gameplay à l’histoire délicieusement légère. On retrouve le duo formé par Chocobo et Cid, alors que leurs recherches de la gemme Timeless Power leur échappe. Ils sont projetés dans un village, Lostime, frappé par une malédiction : à chaque fois que la Cloche Oblivion de la tour centrale retentit, les habitants oublient une partie de leur vie. Et ce n’est pas tout. Le duo est témoin d’un phénomène étrange : le crash d’une sorte de météorite, en fait un œuf duquel s’extirpe un bébé aux cheveux verts : Raffaello. Avec les amis qu’il ne manquera pas de se faire dans le village, Chocobo va devoir contrer les menaces, et garder à l’œil l’évolution du nouveau-né qui, bien vite, va grandir.

Contrairement aux jeux canoniques Final Fantasy, Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy compose avec un certain humour, et un aspect mignon des personnages. La monture, qui gardera le dos libre tout du long, est représentée dans un style SD (super deformed) qui, à première vue, inscrit le jeu dans du kawai inoffensif. Attention, c’est un piège. Oui, l’ensemble est d’un choupinet infini, mais cela ne doit pas nous faire oublier le caractère implacable de la recette. L’histoire principale s’avère croquignolette, et les récits secondaires restent à l’avenant. Mais, bien vite, on se frotte aux mécaniques, et là on comprend les raisons qui poussent les amateurs de Donjon-RPG à vouer un culte aux Donjons mystères. Tout comme dans Rogue, ces endroits se forment à base d’étages générés aléatoirement, et il faut y trouver les escaliers qui mènent aux suivants. Seulement, vous l’aurez compris, des monstres hantent les lieux, et il est vital de chercher à se défendre. Pour ce faire, vous pourrez donner des coups de griffes, ou utiliser une compétence liée au job, que vous pourrez choisir et modifier, dans la plus grande tradition de Final Fantasy 3. Le tout afin d’aller botter les fesses du grand antagonistes : Bebuzzu.

Ce sont les bases de Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy, mais tout se développe rapidement. C’est heureux, car cela annihile l’impression de répétitivité d’un concept pourtant très bouclé dans son rythme. Se déplacer dans ces donjons n’est pas une mince affaire, il faut comprendre ce que chaque action implique. Le terrain est quadrillé, chaque décision de votre part implique celle des ennemis présents dans l’étage. Cela provoque une petite saveur tactique du plus bel effet. Voilà un exemple précis : on pourra opter pour un coup dans le vide, afin de provoquer un rapprochement de l’opposant, ce qui nous permet d’infliger le le premier coup. À cela s’ajoute deux éléments cruciaux : le gain d’énergie lié au déplacement, et la gestion de la faim. Car notre Chocobo est un petit gourmand, et se lancer dans un certain nombre d’actions fait grandir l’appétit. Si la jauge atteint le zéro, alors vous perdrez des points de vie à la vitesse de la lumière, et ce jusqu’à la mort. Bien entendu, on pourra fournir à notre avatar de quoi se rassasier et, rassurez-vous, cette mécanique n’est absolument pas contraignante. Il s’agit surtout d’organiser vos pérégrinations, ce qui épice divinement l’expérience.

Un Chocobo choupinet, oui, mais aussi idéalement difficile

image chocobo's mystery dungeon every buddy

Les boss sont évidemment de la partie.

Sur ce socle, Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy brode tout un patchwork de systèmes, pour un résultat uniforme exemplaire. Deux phases sont à noter : le village, et les donjons. Continuons dans ces derniers. Bien entendu, le but se veut précis : atteindre l’étage le plus profond afin de tuer le boss, et faire avancer l’histoire. Ceci est la finalité, mais pour y parvenir il va falloir se retrousser les manches. Vous comprendrez bien vite que chaque case peut dévoiler un piège, dont les effets vont de l’empoisonnement, à des choses plus bénéfiques comme un gain d’énergie. Pour déjouer ces traquenard, vous pouvez utiliser l’attaque, ce qui aura comme effet de dévoiler l’embûche. Laquelle s’inscrira sur la carte, sous forme de croix. La map de l’étage, justement, se dévoile au fur et à mesure qu’on la fouille, dans la plus pure tradition d’un D-RPG. Aussi, il faudra composer, en avançant dans le jeu, avec des salles spéciales remplies de monstres et d’objets. Enfin, des téléporteurs envoient l’avatar dans un entre-étage sous forme de pari : soit il accueille un ennemi surpuissant, et intéressant pour son loot, soit un marchand vous tend les bras. Bien utile pour se délester de vos trouvailles car, bien entendu, le l’inventaire est limité.

À noter qu’il faudra aussi s’embarquer dans des donjons secondaires à la difficulté relevée. Dans le village, certains habitants perdent la mémoire. Alors, à l’image de ce qu’on peut voir dans un Persona, il va falloir se projeter dans les méandres de l’esprit de ces êtres, et y récupérer la pièce du puzzle manquant. Ici, les choses diffèrent des pérégrinations principales, car l’expédition est soumise à des handicaps parfois bien corsés. Par exemple, l’un d’eux vous force à composer avec une énergie limitée à un. Du coup, il faut fuir, et espérer de tomber sur des objets comme des ralentisseurs d’ennemis. Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy propose un bon gros challenge pour qui accroche à la formule, loin de l’aspect visuel choupinet. Évidemment, il est aussi question d’évolution. Chaque malotrus terrassé vous rapporte de l’expérience. Et, soumis au loot, il est aussi possible d’amasser des points de job, et d’autres destinés à l’une des grandes nouveautés de cette édition : l’utilisation d’un comparse, qui peut être un monstre. Du coup, en combattant une race précise on gagne des Buddy’s Points qui lui sont liés. En amasser un certain nombre débloque la capacité de l’invoquer à nos côtés, et le fait aussi évoluer. Vous comprendrez, dès lors, à quel point les monomaniaques vont se régaler, s’ils veulent atteindre le 100%.

Tous les dix étages d’un donjon principal, Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy nous accorde un raccourci. Et chaque escalier peut faire l’objet d’une retraite vers le village, histoire de pouvoir souffler. Ici, à Lostime, on va pouvoir s’adonner à plusieurs activités, toutes utiles pour l’aventure. La pêche est tout sauf innocente. En sortant de l’eau de nouvelles espèces, on pourra agrandir le coffre de Blaroo, qui vous sert de stockage. Attention à ne pas prendre cet élément à la légère, car toute défaite vous coûtera cher, et ce même si cette nouvelle édition embarque un nouveau mode de difficulté bien senti, permettant de tout de même garder l’arme et les protections utilisées. Sinon, vous perdrez des gils, et tous les objets amassés ! Du coup, confiez votre argent à la banque, et utilisez ce réservoir le plus intelligemment possible. Dans ces lieux plus paisibles, il est aussi possible de planter des graines, qui donnent des fleurs à effets hyper intéressants, et ce tous les dix étages conquis. On peut aussi compter sur un vendeur de potions, un diseur de bon aventure (pour le coup pas hyper utile si vous êtes attentifs), un mage capable de guérir les malédictions (ou de vous renvoyer vers des donjons précédemment visités), et un marchand qui, parfois, vous proposera une extension de la sacoche.

De vrais ajouts dignes d’intérêt, et une absence remarquée

image test chocobo's mystery dungeon every buddy

Préparez bien vos pérégrinations !

L’endroit que vous visiterez le plus, en dehors des donjons, c’est la forge de Freja. Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy ne pourra être parcouru pleinement que si armes et armures gagnent en statistiques. Tout cela est relativement simple : on applique le principe de fusion, et d’aiguisement. De manière limitée en nombre, il est possible de faire passer des niveaux à vos griffes, mais aussi de leur ajouter des effets bénéfiques. Par exemple, des dégâts de feu, ou une meilleur fréquence du gain d’objets. Une fois arrivé au cap maximal, il reste tout de même un espoir d’encore faire grandir la puissance de votre arme, en appliquant une dernière touche assez risquée, car elle peut échouer. Aussi, sachez que vous ne pourrez pas aiguiser à volonté : l’exercice est limité à cinq utilisation, et pour recharger vous devrez venir à bout de dix étages de donjons. Tout cela forme un intérêt constant à partir au combat, renouvelle sans cesse l’intérêt. Oui, on ressent évidemment un côté rébarbatif dans la recette, mais il est grandement atténué, et ce même si l’on se lance dans le 100%. Ce qui vous demandera une cinquantaine d’heures.

Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy peut compter sur quelques ajouts forts, côté contenu. Déjà, le jeu embarque toute la quête annexe de Cid, qui était apparu avec la version Nintendo DS. Aussi, un donjon spécial fait son apparition, et du genre bien frappadingue. Accrochez-vous pour en venir à bout, ce ne sera pas donné à tout le monde. Autre nouveauté : il est désormais possible de jouer en coopération avec un ami, uniquemen en local. Le second gamer aura comme rôle de se penser en tant que soutien, avec un Chocobo qui reste le plus apte au combat. C’est assez bonnard dans l’esprit, et surtout utile pour les endroits les plus avancés du soft. On a abordé, plus haut, le nouveau mode de difficulté et le recrutement de monstres, tous deux des ajouts majeurs qui, si vous possédiez la version Wii, vous fera sûrement repasser à la caisse. Par contre, et c’est un vrai regret, on doit signaler l’absence du Pop-Up Duel, le jeu de carte auparavant embarqué. C’était un élément de collectionnite bien sympathique, on ne comprend pas du tout son absence. Aussi, on pourra tiquer sur l’absence d’une traduction des sous-titres en français, mais l’anglais utilisé se veut très simple à comprendre.

Enfin, l’aspect technique de Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy se tient plutôt bien, sans fioritures. Il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’une résolution retravaillée, en haute définition, et une fluidité désormais constante. Rappelons que ce n’était pas toujours le cas, sur Wii. Les textures, elles, ont pris un petit coup de vieux, mais on remarque un charme désuet qui, sans aucun doute, plaira aux amateurs de belle direction artistique. On compte tout de même une ou deux fautes de goût, surtout dans le donjon Clocktower, mais c’est très rare. Côté musiques, c’est un plaisir de tous les instants, et ce dès le remix entraînant de l’écran titre. L’OST est le fruit de plusieurs noms, qu’il nous faut citer un par un car, on insiste, ces musiques nous ont régalé : Kumi Tanioka (FF 11), Naoshi Mizuta (Parasite Eve 2), Junya Nakano (Tobal 1), Masashi Hamauzu (SaGa Frontier 2), Kenji Ito (Mystic Quest), et Yuzo Takahashi. Ai Kawashima interprète la chanson finale, Door Crawl. Cela fait un peu name dropping, mais les nombreux remixes de thèmes cultes de Final Fantasy sont d’une telle qualité qu’il fallait leur rendre hommage. Seule ombre au tableau de ce côté : l’absence du doublage japonais.

Conclusion

Chocobo’s Mysterious Dungeon Every Buddy intéressera certainement tous les fans de Final Fantasy, mais aussi les amateurs de Dungeon-RPG à la sauce Rogue. Si l’on reste surpris par l’absence du jeu de cartes Pop-Up Duel, pas mal de nouveautés pourront aussi intéresser les joueurs qui avaient parcouru ce spin-off sur Wii. Un nouveau niveau de difficulté bien agréable, un donjon très exigeant, un mode coopération pas inutile, et surtout l’ajout d’une mécanique lié au recrutement de monstres et personnages font qu’on y trouve assez de nouveauté pour distiller un véritable intérêt. Au-delà de tout ça, le concept reste toujours aussi efficace, et vous promet près d’une cinquantaine d’heures de jeu très plaisantes, si vous complétez le tout à son maximum.

16 /20
Articles liés
Test

Melobot : A Last Song - Test - PlayStation 5

4 mn de lecture
Mélobot : A Last Song, pas le dernier pour nous charmer Jamais deux sans trois ! Après Astrobot et Akimbot, voici venu Melobot : A Last Song. On aurait pu penser qu’une sorte de « botsploitation » est entrain de se mettre en place, mais pas du tout. Rassurez-vous, le jeu d’Anomalie Studio va plus loin, comme en témoigne l’œil protecteur de l’éditeur Microids, lequel accompagne cette première sortie de l’entité parisienne. Alors, que donne cette aventure annoncée comme mignonne, musicale et écolo dans son scénario ?
Test

Marvel vs Capcom Fighting Collection - Test - PS4

6 mn de lecture
Marvel vs Capcom Fighting Collection : la baston 2D la plus spectaculaire Oui, en ce moment je suis d’humeur rétro. Très rétro. Les récentes annonces venues de l’industrie (comme pendant ce très décevant State of Play de septembre 2024) ont bien du mal à m’ambiancer. Et, pendant ce temps, on est beaucoup à redécouvrir le bonheur de simples pixels mariés à des game design toujours aussi efficaces. Bref, le jeu vidéo continue à procurer du plaisir pour tout le monde, même pour les gamers expérimentés ! Et Capcom, en ce…
Test

Akimbot - Test - PlayStation 5

5 mn de lecture
Akimbot, belle petite surprise de cette rentrée 2024 Si l’actualité est évidemment accaparée par les énormes productions aux moyens pharaoniques (mais parfois sans le moindre fun), ce sont surtout les mémoires qui me semblent être prises d’assaut. On nous prie de nous rappeler d’un open world, d’un GaaS, d’un RPG occidental, voire même d’un jeu plus indé mais tout aussi markété pour le plus grand nombre (coucou le très bon Vampire Survivors). Seulement voilà, quelques irréductibles, dont je fais partie, essaient tant bien que mal de résister. Il est donc…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *