Persona 3 Reload marque l’histoire des remakes
Bon sang, mais quel début d’année 2024 ! Même les éternelles querelles entre constructeurs ne sont rien face à l’engouement créé par les sorties majeures qui nous submergent. Au-delà du bonheur que les joueurs témoignent, j’appuie sur le grand moment que nous vivons : celui du retour triomphant du jeu vidéo japonais, et plus particulièrement du J-RPG. Grandlue Fantasy : Relink, que je n’attendais pas particulièrement, s’est avéré de très bonne qualité. Like a Dragon : Infinite Wealth, que je suis actuellement entrain de poncer comme jamais, est un très, très grand hit. Et en attendant Final Fantasy VII Rebirth, on pouvait aussi cultiver de sacrés espoirs pour Persona 3 Reload. Et ce même si, il faut bien l’écrire, je me demandais si la précédente sortie du simple remaster, voilà quelques mois, n’allait pas faire de ce remake un bis repetita mollasson. Eh bien rassurez-vous : non seulement ce n’est pas le cas, mais en plus le jeu prouve une fois encore la belle santé de Sega et de son buddy Atlus.
Paru sous nos latitudes en 2008, sur PlayStation 2, Shin Megami Tensei : Persona 3 (qui deviendra bien vite tout simplement Persona 3) a marqué l’histoire du J-RPG. Jusqu’alors, la licence vivait auprès d’une fanbase certes passionnée mais assez mince au-delà des frontières du Japon. Mais cet épisode, très concentrée sur le développement de l’univers, de l’histoire, des personnages, a su sortir du commun pour s’intégrer dans la mémoire collective des joueurs. Seulement, et même si le soft reste d’une très grande qualité, il faut bien avouer que le résultat a pris de l’âge dans le domaine technique, mais aussi dans la fluidité du gameplay. Et le récit alors ? Il y a seize ans, il était sublime. Et s’il y avait bien un élément à sauvegarder pour ce Persona 3 Reload, c’était bien l’écriture. Bonne nouvelle, c’est bien le cas. Et surtout, surtout : le tout est enfin sous-titré en français ! On a donc toujours droit à cette histoire très sombre, chargée en thématiques intelligentes et surtout moins sociétales que dans Persona 5. On y suit toujours les aventures d’un lycéen fraichement arrivé dans son nouveau bahut, et bientôt attaqué dans son dortoir par de mystérieux monstres. Comme un réflexe, il découvre la manière d’invoquer sa persona, d’une manière aussi brutale que symbolique, puis va rejoindre un groupe de combat spécialisé dans la chasse de ces ennemis finalement appelées Ombres.
L’histoire de Persona 3 Reload met en place non seulement une intrigue palpitante, mais aussi un rythmé idéal pour un J-RPG à forte tendance D-RPG. C’est d’ailleurs avec cet épisode que les équipes d’Atlus ont trouvé et déjà perfectionné le tempo, la forme entre journée passée à déambuler dans les environnements (avec pas mal d’activités sociales) et la nuit dédiée au combat, ici dans le Tartare. Une recette qui fait date, et dont l’efficacité est ici encore indéniable. Une structure en deux temps donc, en deux gameplay chiadés au possible et fortement inspirés des avancées de Persona 5. Oui, on sent l’influence du jeu de 2017, dès les combats d’ailleurs. Ceux-là se voient modifiés, avec en point d’orgue le système de Pass, donc le tour bonus si l’on s’attaque au point faible de l’ennemi. J’en vois déjà certains soupirer, car il est vrai que cette mécanique est désormais très utilisée, peut-être trop. Mais force est de constater que ça fonctionne encore, non seulement grâce à l’intervention des persona, mais aussi de petits ajouts bienvenus comme l’attaque ultime (et ultra spectaculaire) appelée Théurgie à déclencher en remplissant la jauge appropriée. Et le Tartare alors ? Il s’agit toujours d’un énorme donjon aux étages aléatoires, une sorte de Memento pour ceux qui ont fait P5. Oui, cela plaira donc aux amateurs de D-RPG, dont je fais partie. Cependant, il faut s’attendre à une certaine répétitivité, même si les développeurs ont introduit des élément afin de l’atténuer. L’on y découvre désormais des pièces spéciales habitées par des défis, mais aussi des objets à détruire afin de garnir l’inventaire. La pilule passe donc mieux qu’en 2008, même s’il faut s’attendre à une petite lassitude de temps en temps.
Le meilleur moyen de découvrir ce grand hit qu’est P3
Mais ne vous en faites pas, Persona 3 Reload ne vous laisse jamais démuni face au Tartare et son exploration un brin répétitive. Car, une fois revenu de l’Heure Sombre, il est alors temps de découvrir l’autre face du jeu : la vie lycéenne. Et là, c’est encore un véritable bonheur pour les amateurs du genre. Tisser des liens avec les autres étudiants, qu’ils soient proches du groupe ou non, est d’une importance capitale. Pour le roleplay certes, mais aussi les statistiques sociales, importantes pour notre gestion des persona. Cet intérêt fait donc que l’on prend plaisir à trainer dans chacun de ces lieux (le monde se divise en différents endroits, ce n’est pas un monde ouvert), tout en prenant en compte le calendrier. Car notre avatar se doit de suivre les cours, avec toujours ces séquences face au professeurs. Tout cela est d’une efficacité redoutable, surtout que ce remake ajoute pas mal d’activités pour surprendre le joueur, mais aussi le fan de la première heure. Je vous en laisse l’entièreté de la découverte, mais sachez que j’ai pris un pied monstrueux, alors même que tout cela devient chronophage au possible. D’ailleurs, la durée de vie est pour le moins solide : comptez soixante-dix heures pour le terminer avec presque 100% au compteur. Et sachez que deux fins sont à découvrir, ainsi qu’un New game plus afin de maximiser tout le système. Par contre, et c’est là mon seul reproche, je trouve très regrettable qu’Atlus ait décidé de faire l’impasse sur le contenu inclus dans Persona 3 : FES. Il manque donc l’épilogue intitulée à l’époque The Answer, et l’on peut penser qu’il faudra attendre un DLC pour le découvrir. Dommage.
Persona 3 Reload était aussi attendu au tournant pour sa refonte technique. Et là encore, on est dans le sublime, la grande satisfaction. L’équipe artistique garde la DA d’origine et la sublime avec un Unreal Engine 4 rutilant. C’est beau comme un animé de haut niveau, l’interface est stylisée au possible, c’est un bonheur de tous les instants. Même le Tartare, pourtant nécessairement pauvre en détails, gagne amplement en personnalité. Le tout accompagné de sublimes artworks (mais quel bestiaire !). Et, pour ne rien gâcher, le tout tourne parfaitement : je n’ai rencontré ni bugs, ni baisse de fluidité. Un bijou visuel donc, mais aussi auditif. L’OST déjà grandiose du titre d’origine a été entièrement réenregistrée, dans le pur respect des thèmes inoubliables de l’époque. C’est particulièrement savoureux, et cela termine de faire de ce remake une véritable aubaine.