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Kunitsu-Gami : Path of the Goddess – Test – PlayStation 5

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Kunitsu-Gami : Path of the Goddess, la gemme de cet été 2024

Comme je l’écrivais en ouverture du test du très bon Nobody Wants to Die, cet été 2024 fut une épreuve pour ma passion. Un déménagement, une maison, un jardin, des barbecues : aucune envie de me replonger dans des mondes imaginaires. Je me posais même des questions sur l’état d’une industrie vidéoludique actuelle, sur le trop-plein de sorties, sur des joueurs qui n’attendent plus la sortie d’un jeu mais son échec (voir ce qu’il se passe autour de Black Myth : Wukong, Concord, etc). Bref, je m’éloignais des manettes récentes, direction le rétro. Et pourtant, contre mes propres attentes, l’envie d’avoir envie est revenue, et ce grâce à deux jeux. Le premier, je l’ai déjà cité, m’a remis le pied à l’étrier. Le second, c’est ce Kunitsu-Gami : Path of the Goddess de Capcom, dont je sors encore ébahi…

Pour tout bon joueur quarantenaire qui se respecte, on ne plaisante pas avec Capcom. L’éditeur japonais (peut-être un peu trop tourné vers les US désormais, mais ça c’est une autre histoire) est, pour beaucoup d’entre nous, une sorte de grosse chocolatine de Proust. Le Capcom Sound de l’ère 16 bits, les hurlements de douleur face à un nouveau Mega Man, les bornes d’arcade pleine de punks à défoncer joyeusement dans Final Fight entre deux diabolo menthe… Bref, c’était le bon temps, et celui-ci s’est étiré longtemps. Par exemple, la sortie d’Okami fut un grand moment pour ma part : c’était ce genre d’immense hit totalement passé inaperçu qu’on adorait conseiller, et ce même si personne ne nous écoutait. Ils ne savaient pas ce qu’ils loupaient, les bougres. Et si je me souviens d’Amaterasu, c’est parce que tout, dans Kunitsu-Gami : Path of the Goddess, me le rappelle. Ou plutôt, m’en rappelle la sensation lors de sa découverte puis de sa complétion. De sa parution un peu en catimini (et uniquement dématérialisée, aïe), à son courageux game design, en passant évidemment par sa direction artistique tournée vers les légendes japonaises. Et bonne nouvelle, le titre est tout aussi promis à devenir culte, du moins si l’époque, très prompte à l’oubli, l’autorise.

Kunitsu-Gami : The Path of the Goddess expose un récit d’une simplicité très agréable, alors même qu’il respecte fièrement les codes d’un folklore éminemment profond. Vous incarnez Soh, un valeureux guerrier dont la tâche importantissimale est d’escorter la prêtresse Yoshiro, laquelle se doit de purifier l’immense mont Kafuku de toute la corruption provoquée par une horde de démons Ikoku. Oui, des sortes de yokais, mais plus vicieux que ceux rencontrés dans l’excellent Ghostwire, par exemple. Ces monstres, apparaissant la nuit tombée et issus des fameuses portes Torii, laissent désolation et chaos derrière eux. Vous voilà donc en duo afin de réparer tout ça grâce à la danse kagura. Seulement voilà, Yoshiro se met en danger pendant cette cérémonie, et il vous faut la protéger des vagues ennemies incessantes. Si l’histoire, sous-titrée en français avec grand soin, connait bien quelques remous et même rebondissements, elle ne se fait jamais intrusive. De plus, les développeurs ont pensé à rajouter du relief, du lore, grâce aux Emas à récupérer. Ce sont des plaques regorgeant d’informations sur les démons, les lieux traversés ou encore le mode de vie des habitants. Voilà qui termine d’accrocher à cet univers si envoûtant.

Un étonnant équilibre de gameplay, doublé d’une DA enchanteresse

Le ludisme justement, abordons-le. Qui dit Capcom dit action. Et pourtant, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess s’en éloigne un peu. Le jeu est en fait un tower defense, certes très remuant mais aussi assez stratégique. De plus, on a un bon côté gestion, avec des villages purifiés à reconstruire. Pour faire simple : le jour vous préparez, la nuit vous combattez. Ce schéma est certes assez classique, on l’a déjà vu, et pourtant Capcom parvient à y insuffler assez de mécaniques pour construire un gameplay à la fois solide et prenant. Quand l’ambiance est calme, l’astre brillant de mille feux, il est temps de récolter des sortes de cristaux permettant notamment le recrutement de villageois, lesquels deviennent alors des guerriers d’une classe spécifique. Au début, on pourra s’offrir un archer ou quelques vaillants bucherons, mais ça se complexifiera plus tard avec des styles beaucoup plus puissants. Ensuite, il faudra les disposer sur le terrain à purifier, à la nuit tombée, afin d’aider Soh à contenir l’offensive démoniaque. C’est alors que l’aspect tower defense prend le dessus, avec tout ce qu’il faut de réflexion, de stratégie, notamment grâce à l’intelligence du level design. C’est d’ailleurs ce dernier qui m’a passionné je dois dire, tant il permet de se sentir récompensé de sa bonne compréhension. Un conseil : faites attention à la verticalité, à placer les bons renforts en surplomb. Et surtout, familiarisez-vous au plus vite avec les commandes rapides car, si le soft débute de manière assez tranquilou, ça se complexifie rapidement et notamment dans des phases de boss bien ardues (et mémorables pour certaines, mais chut). Par contre, ce challenge plutôt élevé est contrebalancé par la mécanique de transformation de Soh en fantôme, une forme permettant au joueur de se refaire à peu de frais. Là encore, c’est intelligent, et ça sort de l’ordinaire.

J’ai particulièrement apprécié cet équilibre, et surtout ce rythme étonnamment tonitruant. La courbe de progression se fait plutôt bonne mais un poil lente, à cause d’un gain de musubis (l’argent du jeu) un peu trop faible. Et les musubis, ils servent à renforcer non seulement Soh mais aussi les différentes classes, autant dire qu’ils sont indispensables. D’où le besoin de rejouer des niveaux, ce qui allonge artificiellement une durée de vie d’à peu près quinze heures pour le premier run. En sachant qu’il existe un new game plus bien copieux. Aussi, ceux qui voudront débloquer toutes les capacités, tous les renforcements, vont y passer encore bien du temps. Côté visuel, Kunitsu-Gami : Path of the Goddess est un bijou d’un sombre éclat. Si le RE Engine n’est pas ici dans sa plus grande forme (et encore, les quelques faiblesses ne seront vues que par les frappés de la technique), il n’en reste pas moins que le soft est une dinguerie artistique. Tous les modèles 3D suintent le folklore japonais, et surtout les développeurs leur ont insufflé assez de détails pour les rendre effrayants, voire même parfois dérangeants. C’est sublime, et ce même si les animations peuvent encore passer un cap. Enfin, l’OST, elle aussi très ancrée dans le traditionnel, est un bonheur de tous les instants. Elle habite idéalement des niveaux qu’on aime, du coup, refaire et refaire parfois juste pour réécouter le thème associé. Une grande réussite.

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