Une suite besogneuse
Sorti en 2019 sur Nintendo Switch, Dragon Quest I II III Collection est une occasion rêvé pour découvrir l’un des trésors du jeu vidéo : la trilogie de Roto. Et, ici, en pur rétro, alors que DQ III HD-2D sera de l’ordre du (superbe) remake. Découvrons ici ce que représente Dragon Quest II, une suite dans la droite lignée que le premier.
Avant d’aborder plus particulièrement cette édition destinée à la Nintendo Switch, il est important de replacer le contexte historique. Nous sommes en 1987, un an après le premier séisme signé Enix. Alors qu’en France, on découvre le Club Dorothée sur TF1, et que Licence IV truste le top 50 avec Viens boire un p’tit coup à la maison, le Japon est dans tous ses états. Oui, la grande réussite signée Yuji Horii, Koichi Nakamura, Akira Toriyama et Koichi Sugiyama revient en fanfare. Et pas pour capitaliser bêtement sur un succès populaire : Dragon Quest II a durablement bouleversé durablement le RPG japonais.
Dragon Quest II est un jeu important non seulement pour ses qualités ludiques, mais aussi pour l’évolution qu’il apporte au J-RPG. Dans tous les secteurs, cette suite fait mieux que son prédécesseur, le surpasse et bonifie la recette. L’histoire n’échappe pas à ce constat. Elle contient tout le caractère qui, au fil du temps, fera la légende de cette licence. Il faut rappeler que les trois premiers DQ forment la trilogie dite de Roto, du nom d’une lignée dont nous incarnons les représentants. C’est très intelligemment que Yuji Horii place son récit cent ans après les précédents événements. On retrouve le monde tel qu’il était, du moins dans sa géographie : la carte de Dragon Quest I figure dans celle du jeu qui nous occupe aujourd’hui. C’est un choix qui provoque un sentiment que les fans de cette série connaissent bien, la nostalgie.
L’esprit de groupe fait son entrée dans le RPG japonais
Dans Dragon Quest II, le joueur incarne le fils du roi de Midenhall, lui-même l’un des trois fils du héros de DQ I. La filiation est un thème souvent abordé dans la licence, et cette trilogie en fait même son ressort scénaristique central. Cela nous attache d’autant plus aux aventures vécues. Et celles-ci vont vous pousser à combattre Malroth (oui, celui-là même que l’on retrouvera dans Dragon Quest Builders 2), lequel a envoyé son sous-fifre Hargon pour conquérir le monde. Qu’à cela ne tienne, c’est parti pour contrer cette offensive démoniaque, dans une ambiance plus sombre. L’écriture, si elle reste évidemment balbutiante face à ce qu’on voit de nos jours, atteint tout de même une certaine maturité de ton. Et le fait que cette quête soit désormais l’œuvre d’un trio n’est pas étranger à ce résultat.
Voilà la plus grande innovation de Dragon Quest II : on est accompagné, à terme, par deux personnages. Il s’agit d’autres descendant de Roto, le Prince de Cannock et la Princesse de Monbrook, à qui il faudra au préalable rendre forme humaine. Imaginez la surprise, à l’époque ! Ce changement bouleverse tout, de l’histoire au gameplay. Les combats, s’ils prennent la forme du tour par tour typique de la licence, se voient bien plus disputés que dans l’opus précédent. Et c’est bien normal : qui dit alliés, dit rééquilibrage de la difficulté. Ainsi, les ennemis apparaissent eux aussi en groupe. Et ce même avant que vous ne récupériez le premier renfort. Du coup, on vous conseille de faire très attention lors de vos premiers pas, et de ne point hésiter à vous lancer de suite dans une phase de levelling intensif. Cet apport est soigné : le Prince et la Princesse ont leurs caractéristiques spécifiques, et apportent des forces et faiblesses différentes. Voilà une recette qui fait date, puisqu’elle est encore utilisée aujourd’hui.
Dommage qu’on n’ait pas le droit à un musée
Dragon Quest II revoit aussi pas mal de petits détails qui, mis bout à bout, accouchent d’un jeu plus user-friendly que le précédent. L’exemple typique, c’est le système de sauvegarde. Dans le premier opus, il fallait retourner voir le roi. Ici, on peut enregistrée notre avancée quasiment à chaque village. Bien entendu, cette édition Nintendo Switch permet aussi une sauvegarde temporaire, ce qui parfait l’expérience nomade. Et ce pour l’ensemble des trois jeux sortis, c’est à préciser. On loue aussi le nouveau système de clé : il faudra en détenir un type, et non le nombre égal aux portes que vous désirez ouvrir. Cela lisse le rythme, le rend moins haché. Enfin, signalons l’arrivée remarquée d’un moyen de locomotion : le bateau. Là encore, il s’agit d’un élément qui sera si déterminant qu’il s’ajoutera aux codes du RPG japonais.
En terme de contenu, cette édition de Dragon Quest II destinée à la Nintendo Switch s’appuie sur la version sortie sur smartphone. On notera un plus bel écran de présentation, et une netteté plus affirmée ici. Aussi, on se réjouit de pouvoir y jouer sur une vraie console, et non un téléphone : tous les soucis liée à la croix tactile disparaissent définitivement. Autrement, cela reste le même rendu visuel, identique en terme de textures à celui de Dragon Quest I. On pourra, encore une fois, regretter l’absence d’un musée, ou de tout autre bonus comme les autres versions. Par contre, la sublime bande originale de Koichi Sugiyama a fait l’objet d’un bon coup de plumeau. Les musiques sont divines, bien dans le ton d’un récit un peu plus sombre que le précédent.