Stonefly, le mecha bondissant mais parfois lourdeau
Si on vous dit « mecha », vous penserez immédiatement culture japonaise, et comment vous en vouloir tant c’est cette dernière qui a imposé ce genre particulier. Gundam, Evangelion, Code Geass, Macross, on ne compte plus les licences maboules dans ce domaine. L’Occident n’a pas souvent essayé de se pencher sur les robots plus ou moins géants (on peut citer Pacific Rim, en partie satisfaisant), et voilà que les développeurs de Flight School Studio tentent le coup avec Stonefly.
Bon, il ne faut pas non plus en faire trop avec le côté mecha. Non, vous n’aurez pas de grands combats à la Mazinger Z, et le souffle épique fait ici place à une tonalité bien plus intimiste. Stonefly, c’est une histoire (sous-titrée en français) aux fondements simples poussant avant tout à l’avancée du joueur. Le joueur est propulsé dans la peau d’Annika, une inventrice douée dont le père, lui-même génial, ne peut qu’être fier. Un jour, la jeune fille oublie de fermer le garage à clé, et des voleurs en profitent pour dérober le robot familial. Afin de se faire pardonner, notre avatar va partir en quête du robot, non sans se lancer dans la construction de son propre mécha. Parce que dehors, l’environnement est certes zen, mais aussi hostile…
Les premiers moments passés avec Stonefly ne sont pas rassurants. On n’est pas spécialement fan de la direction artistique, et plus particulièrement du character design pas très subtil. Surtout, la prise en mains est hyper abrupte même si, rassurez-vous, on va voir que tout rentre à peu près dans l’ordre par la suite. Dans les premières phases de sortie en mécha, le jeu nous met en situation et nous expose les mouvements, les mécaniques, et sa vue de haut. Le robot ne permet pas de voltiger n’importe comment, mais plutôt de sauter en chargeant le bond. Et ce n’est pas un hasard : les différents environnements sont faits de branches et autres plates-formes. D’où une certaine saveur platformer, mais qui ne sera agréable qu’après avoir au mieux dompté la logique de mouvement.
Une prise en mais pas évidente, mais accrochez-vous !
Plein de petites subtilités viennent s’agréger. Certes jamais originales, mais elles permettent à Stonefly de se trouver une véritable personnalité. Le titre étant éco-friendly, on ne tue pas les insectes mais on les repousse après les avoir mis KO. Cela force d’ailleurs une certaine dose de tactique bienvenue. On compte aussi la récolte de ressources que l’on trouvera en brisant des éléments par exemple, ou encore les vents contraires qu’il vous faut dompter. Tout cela fonctionne même si, encore une fois, il va falloir digérer un apprentissage peu habile. On aura aussi droit à une forte dose d’améliorations du mecha, et c’est d’ailleurs l’une des principales forces du titre. On sent bien le robot évoluer, et en même temps notre capacité à exploiter le terrain. Les upgrades sont à acheter chez la marchande, et sachez qu’elles vont vous demander un sacré tas de ressources.
Stonefly est présenté comme un jeu relaxant, ce qu’il est mais seulement dans une certaine mesure. Certaines arènes demandent beaucoup de maitrise, mais heureusement Flight School Studio (connu jusqu’ici pour le très bon Creature in the Well) a soigné la courbe de challenge, et le jeu n’est jamais trop difficile. On pourra tout de même regretter quelques phases de quasi-grind, sauf que ce n’est pas pour glaner de l’expérience mais des matériaux. Certaines améliorations étant rendues indispensables par le scénario, et elles demandent énormément de matière première. Les amateurs de grosse récolte seront ravis, par contre les autres regarderont souvent leur montre. En tout cas, personne ne pourra nier l’intelligence du level design, très subtil et donnant envie de maitriser le mecha au mieux. C’est ici que la prise en mains gagne en saveur, quand on comprend le monde qui nous entoure et les pièges qui l’émaillent.
Comme soufflé plus haut, la direction artistique de Stonefly ne nous a pas vraiment charmé. Et ce même si les environnements restent efficaces et originaux, dans un genre naturaliste-pastel, fait à la main avec quelques effet griffonnés qui ne peuvent laisser indifférent. Au-delà de cette question de goût, la technique reste assez bonne, même si les textures font évidemment un peu datées. On n’est pas vraiment dans du jeu indépendant, puisqu’il est édité par MWM Interactive, mais Flight School Studio est une toute petite structure, c’est donc déjà très bien de parvenir à un tel résultat. Et c’est tout à fait fluide sur PlayStation 5. Aussi, la distance d’affichage est à la fois satisfaisante et bien utile, même si la caméra en vue de haut fait en sorte de limiter tout ça. Enfin, la musique est carrément tip top, joue un rôle important dans l’ambiance (faussement) détendue du soft.