Atelier Ryza 2, l’opus idéal pour découvrir la licence
Non, le J-RPG ce n’est pas que Final Fantasy, Dragon Quest et autres Persona ! Ce genre regorge de dignes itérations, qu’elles soient populaires ou plus de niche. La série des Atelier fait partie du paysage depuis 1997 et, même si elle varie beaucoup en terme de qualité, l’intérêt des fans se fait constant. Avec Atelier Ryza 2, on peut même dire que les nouveaux venus feraient bien de s’y pencher.
Le succès populaire d’Atelier Ryza, vingt-et-unième itération de la licence (sans compter les spin off) tenue de main de maître par le studio GUST, a pris de court beaucoup d’observateurs. Comment cela se faisait-il qu’une série, au caractère tout de même très « de niche », puisse vendre plus de cinq cent mille d’exemplaires à travers le monde ? La réponse est finalement assez simple, et ce n’est pas faute de le répéter lors de nos différents tests d’autres opus : il y a de la qualité dans cette franchise. Et pour le jeu paru en 2019, elles étaient sans doute encore plus nombreuses que d’habitude : mécanique d’alchimie très riche, système de combat limpide, personnages attachants. Devant cette réussite, l’éditeur Koei Tecmo ne pouvait que valider le concept d’une suite, ce qui donne cet Atelier Ryza 2, sous-titré Lost Legends & The Secret Fairy.
Vous pourrez découvrir Atelier Ryza 2 sans même avoir joué au premier, ni même en ayant parcouru un seul titre de la prolifique licence. C’est clairement une volonté du studio GUST, que l’on ressent d’ailleurs dans tous les autres domaine. Il s’agit d’un épisode pensé comme une porte d’entrée, voire même un nouveau départ pour la série. Plusieurs indices nous permet de le penser fortement, et l’histoire figure parmi ceux-ci. On retrouve donc Reisalin « Ryza » Stout, trois ans après ses précédentes aventures. Alors qu’elle affronte désormais son destin seule en tant que professeure d’alchimie, la voilà qui quitte Kurken, son île natale, pour rejoindre la capitale Ashra-am Baird. Le but était tout d’abord de visiter des ruines, avec ses anciens camarades Tao et Bos puis, bien vite, le père de ce dernier va confier à notre héroïne un mystérieux œuf, lequel s’est récemment mis à produire une étrange lumière avant de donner naissance à Fi, une créature tout mignonne d’une espèce inconnue.
Voilà le point de départ d’un récit qui ne tardera pas à se développer, d’une manière plus intimiste qu’attendue, et ce jusqu’à un final qui est même parvenu à nous émouvoir. GUST fait le pari de bien plus s’intéresser à Ryza, et c’est une bonne chose. On suit notre avatar non seulement sur le terrain, là où elle est toujours le plus efficace, mais aussi dans une capitale où elle semble découvrir un autre mode de vie. Bien entendu, c’est accompagné d’un humour de bon aloi, et souligné par de très nombreuses petites scénettes qui se déclenchent quand on atteint un quartier en particulier. Aussi, on peut compter sur le retour de ses anciens amis, ce qui fera plaisir au public qui a suivi ses précédentes pérégrinations. On émet une retenue concernant la mise en scène des cutscenes, statiques dans la plupart des cas, mais ça reste globalement correct. Beaucoup plus intéressant : Atelier Ryza 2 est intégralement sous-titré en français, et avec soin s’il vous plaît ! Là, c’est un très, très bon point tant on sait que cette licence regorge de détails à l’écrit, notamment dans les descriptions des différents objets. Cela en fait de facto un épisode qui saura charmer les joueurs au niveau d’anglais moyen.
Un épisode facile d’accès, mais jamais simpliste
Cette traduction en français apporte un confort optimal, encore fallait-il que cela soit accompagné d’un gameplay efficace. Bonne nouvelle, c’est le cas ! On va même plus loin : Atelier Ryza 2 est sans doute le meilleur opus que nous avons approché depuis que l’on s’intéresse à cette licence (donc le premier Atelier Iris, ça remonte). GUST a enfin pris des décisions drastiques, qui tranchent avec l’équilibre auparavant visé entre les codes traditionnels de la série et une nécessaire évolution. Terminée la limite temporelle qui pouvait stresser plus que de raison une grande partie des joueurs : on a désormais tout notre temps pour bien nous épanouir dans cet univers, farfouiller partout sans la pression de l’ultimatum. Rappelons que notre avatar est une alchimiste, et cette dernière est au cœur de l’expérience. Ainsi, dans les environnements que l’on découvre au fur et à mesure, on pourra cueillir, couper du bois, pêcher, tailler à la serpe etc. Les ingrédients sont partout autour de nous, lumineux quand ils peuvent être exploités et, pour une meilleure compréhension, s’en approcher livre une information quant aux objets que l’on pourra en tirer. Plaisant au possible, et même addictif.
Plaisant, un adjectif qui sied bien au système de combat. À ce sujet, Atelier Ryza 2 joue la carte de la simplification, mais surtout pas de l’édulcoration, et se situe dans la droite lignée de son prédécesseur en lui apportant de bonnes améliorations. La différence est notable, car les mécaniques sont tout de même nombreuses et raviront les amateurs. Sur le terrain, vous pourrez engager le combat en frappant l’ennemi de l’un de vos objets (bâton, serpe, etc), lesquels provoqueront des bonus différents (gain de force, de défense), et surtout un niveau de tactique supplémentaire pour améliorer les combos. Le système fait le pari de la nervosité : il est question d’une jauge ATB, exactement comme dans le premier Atelier Ryza. Il est donc nécessaire de rester toujours attentif, d’augmenter les points d’action en utilisant l’arme, et ce avant de balancer les plus efficaces sorts. Les sensations restent toujours aussi grisantes, ça s’enchaine super bien, les magies se font impressionnantes visuellement. L’entraide avec les deux collègues sur le terrain (un autre est en réserve et peut intervenir sur ordre du joueur, les derniers sont de simples spectateurs) est aussi mise en avant. Parfois, l’un d’eux vous demandera d’occasionner un dégât magique et, si vous remplissez cette condition, le compère balancera une attaque spéciale ou un sort de renfort des statistiques. L’utilisation d’objet est, elle, conséquente à d’autres points d’action. La mécanique demande là encore encore de la tactique, car l’utilisation hasardeuse peut bien vite s’avérer handicapante si l’ennemi réduit vite vos PV. Notons ici qu’il existe plusieurs modes de difficulté, dont un Facile pour ceux qui aiment les cheminement plus axés sur l’histoire.
Atelier Ryza 2 est un JRPG, et en tant que tel il était nécessaire pour GUST de nous faire ressentir une courbe de progression. Le studio japonais a une sacrée expérience en la matière, et il démontre ici une maitrise qui passe encore un cap. L’alchimie permet d’obtenir des objets nécessaires pour l’exploration, la découverte de nouveaux ingrédients. Canne à pêche, hache, serpe, etc, tout est réalisable par le biais du chaudron. Et tout est évolutif, de une à trois étoiles, avec de nouveaux composants à ajouter pour chaque évolution. Par exemple, la hache devient une hache d’or quand on y ajoute un lingot d’or. Et cela permet de trouver de nouveaux ingrédients. Le concept est hyper bien rodé, rien n’est laissé au hasard. Les recettes sont apprise au fur et à mesure, en les débloquant via un arbre de compétence efficace, qui se complète par le biais des points glanés de différentes manières : en résolvant les énigmes des ruines, en utilisant l’alchimie, ou en réussissant des quêtes annexes (excessivement Fedex, c’est un regret) au tableau de la taverne. Voilà qui nous pousse à jouer, à y revenir, encore et encore, qualité fondamentale d’un JRPG.
La version PlayStation 5 apporte de petites améliorations
Atelier Ryza 2 met le paquet sur l’exploration. Comme nous l’écrivions plus haut, percer les mystères des ruines est une condition importante pour le cheminement. Si l’absence d’ultimatum nous pousse à la digression (nos nombreuses premières heures ont été happées par la seule farfouille des environnement), on revient tout de même vers la quête principale, et celle-ci se tourne vers l’auscultation d’endroits légendaires. Pour ce faire, Ryza et son équipe se transforment en véritables détectives, dont les méthodes d’investigation se répètent malheureusement un peu. Quand on arrive dans ces lieux, on se lance tout d’abord dans l’acquisition de connaissances indiquées par une sorte de roadmap. On découvre un objet renfermé dans un trésor, on bataille avec un ennemi particulier, ce genre de choses. Puis une boussole magique rentre en scène. Elle permet de découvrir des réminiscences d’une époque très lointaine. Ces indices, une fois collectés, sont à placer dans le journal de bord, résolvant ce qui doit l’être, approfondissant nos connaissances, mais aussi offrant certains bonus (points de compétence, nouvelles recettes). Certes, tous les endroits proposent la même démarche, une ritournelle qui pourra sembler rébarbative, mais on se prend tellement au jeu que ça passe. Moins satisfaisant, le level design des ruines est en général trop plat, voilà une piste d’amélioration pour le prochain épisode.
Ajoutons aussi qu’Atelier Ryza 2 utilise un peu les codes du Metroidvania, en réservant certains passages à l’utilisation d’objets que l’on obtient au fur et à mesure. Par exemple, le tout premier environnement renferme un endroit uniquement atteignable si l’on est en possession de la corde. Certes, on ne parlera pas de backtracking trop élaboré, très loin de là, mais c’est là encore un élément qui travaille la courbe de progression. Ajoutons, en ce sens, une science du rythme qui nous a surpris. La monture, permettant d’aller plus vite sur le terrain mais aussi de creuser des endroits autrement invisibles, les différentes options du chaudron, l’amélioration des armes à la forge, le voyage rapide, tout cela est disséminé au fil de l’aventure. Ce qui donne la très plaisante impression d’une constante mise à jour. D’ailleurs, précisons qu’une MAJ a ajouté des mini-jeux et un niveau de difficulté, petit détail toujours rafraichissant. Aussi, on apprécie grandement les idées de GUST pour venir à bout du sentiment d’inutilité des ingrédients. S’ils vont vite se multiplier dans le coffre de l’atelier (soumis à une limite tout de même très large), vous aurez beaucoup d’occasions afin de les utiliser pour différentes tâches. Les recettes évidemment, mais pas que : transformation en gemmes, nourriture pour un blob explorateur, évolution des magasins : les activités ne manquent pas, ce qui se vérifient dans la solide durée de vie du soft. Comptez au moins soixante heures pour tout voir.
Nous avons pu tester Atelier Ryza 2 non seulement sur PlayStation 4, mais aussi suite à sa mise à jour pour la PlayStation 5. Avant d’en noter les différences, sachez que l’on se trouve face à une technique assez proche du précédent opus. C’est donc certes très chaleureux, pétillant de belles couleurs bien vives, mais on ne prend pas une claque, loin de là. Surtout à cause de textures encore un peu pauvres dans l’ensemble. Au-delà de ce constat, il faut appuyer sur la sympathique direction artistique, et plus particulièrement du côté du character design toujours signé par Toridamono. L’évolution des personnage, en trois ans ingame, est plutôt bien vue : on sent que tous les protagonistes ont pris de l’âge. Surtout, on sort enfin du style dépressif des productions occidentales récentes, lesquelles répondent bien trop à l’aile puritaine (voire l’affaire Mass Effect) actuellement en position de force. Bon, parfois ça confine au joyeux n’importe quoi, comme avec le chasseur de trésor Clifford qui porte un chapeau troué afin qu’on puisse en voir les yeux. Hilarant, mais surtout joyeux, et ça fait du bien. Quant aux différences des deux versions, elles se situent dans les capacités de la PS5. On a droit à du ray tracing dans les flaques d’eau, la distance d’affichage est plus large, la fluidité monte à soixante images par seconde (contre trente sur PS4). Mais surtout, c’est la quasi-absence des temps de chargement qui fait un bien fou, vous vous en rendrez compte lors des déplacements rapides carrément immédiats. Par contre, aucun travail sur les vibrations haptiques, dommage. Pour terminer, sachez que les dialogues sont disponibles en japonais. Et les musiques sont d’un très bon niveau, le haut du panier de la licence, avec des boucles amples et des thèmes mémorables comme celui de la capitale.