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Bustafellows – Test – PQube – Nintendo Switch

image jeu bustafellows

Bustafellows, l’un des meilleurs Visual novel récemment sortis

Parmi les phénomènes étranges mais ravissants de ces dernières années, la percée européenne du Visual novel figure tout en haut de la liste. Par exemple, personne n’aurait pu prévoir, en 1999, date de sortie de The Silver Case, qu’on y jouerait un jour avec des sous-titres anglais. Et pourtant, on y est. Mieux, on voit même arriver des sous-genres, comme l’Otome dans lequel s’inscrit ce passionnant Bustafellows.

Le Visual novel est un genre typiquement japonais, qui tranche radicalement avec le principe de skill dont raffolent les nippons. Ici, pas de mécaniques à maitriser, mais plutôt un récit à lire, plus ou moins interactif selon les titres. Si Danganronpa V3 et certains Ace Attorney sont traduits en français, la très grande majorité des softs restent uniquement sous-titrés en anglais, ce qui peut faire peur aux non-anglophones. Et pourtant, ce genre peut accoucher de véritables hits, on pense notamment à Steins;Gate ou à Doki Doki Litterature Club!, que l’on vous recommande chaudement. Bustafellows emprunte la même forme : il va falloir appuyer pour lire, faire des choix et découvrir de multiples fins.

La base du Visual novel est bien au rendez-vous, mais encore fallait-il livrer une écriture de haut niveau. Rassurez-vous, Bustafellows l’offre sans radinerie. C’est bien simple, on estime que le jeu fait partie des meilleurs de son genre, pourtant foisonnant. On est donc projeté dans un Otome, en gros un jeu destiné aux femmes, où l’on drague de plus ou moins jeunes éphèbes. On y incarne Teuta, une journaliste qui recherche un scoop capable de la sortir d’une panade financière indéniable. La voilà donc sur la trace d’un meurtrier, et elle se rapproche d’un avocat nommé Limbo. Seulement, celui-ci va mystérieusement mourir dans la rue, sous les yeux impuissants de notre avatar aux grands yeux verts.

Une ambiance étonnamment sombre

Ne vous fiez pas au chara-design volontairement fun…

C’est lors de ce drame que Teuta nous livre son secret : elle a un pouvoir. Non, la journaliste ne raconte de sornettes sur la Covid-19, mais elle est capable de remonter le temps. Alors que Limbo meurt dans la rue, l’avatar lance la procédure, se propulse dans le passé mais aussi dans un autre corps : celui d’un criminel attrapé par la police et qui doit parler à son avocat. Il est impossible d’aller plus loin dans la description de l’histoire, tant le spoiler nous pend au nez constamment. Et ce serait une faute professionnel : Bustafellows mise tout sur son excellent scénario. Clairement, l’histoire pourrait très bien s’étaler dans un bon polar papier qu’il en resterait prenant au possible. Seuls les sous-titres anglais pourront parfois nous faire sortir du trip, tant le vocabulaire peut se révéler de niveau élevé. Vous êtes prévenus : il faudra parfois se référer à un traducteur.

L’histoire en elle-même est formidable, et la structure narrative l’est tout autant. Et elle ne pourrait pas s’exprimer pleinement autre part que dans un jeu. Le gameplay de Bustafellows est très limité, pas de mécaniques à proprement parler, par contre il se fait très ludique pour qui saura déchiffrer l’anglais. Le principal responsable de ce fait est la constante recherche de la situation morale alambiquée, voir même à la limite du sordide. Le jeu ne brise pas réellement le quatrième mur, mais il aime jouer avec notre sens de la justice, qu’il oppose à des questionnements sur le bien-fondé de notre jugement. C’est assez surprenant, on n’attendait pas spécialement ce jeu sur cette notion, mais plus sur la drague d’hommes saupoudré de problématiques sombres. C’est le cas, mais ça va plus loin.

Des arcs et des fins comme s’il en pleuvait

Qui dit Otome dit drague.

Reste que les filles vont se régaler à se rapprocher inexorablement des cinq canons masculins (enfin, à ce qu’il paraît) que le récit vous fera croiser. Bustafellows ne rate pas le coche de la drague, mais c’est bien le côté roman noir qui surnage, en bout d’expérience. Et ce malgré les dessins de Sumeragi Kohaku, chara-designer dont le style n’est pas spécialement porté sur le vicieux. La direction artistique est d’ailleurs de qualité, même si cela manque d’animations. Et le doublage japonais est une sacrée réussite. Cela créé aussi une sorte de paradoxe qui nous place sans arrêt sur le fil du rasoir : l’agréable côtoie le lugubre. Cela vient contrer les quelques longueurs du récit, inévitables pour qui connaît bien le genre du Visual novel. C’est d’ailleurs dommage, ces moments de remplissage, tant l’univers ne demande qu’à être encore plus fouillé que ce qu’il est déjà.

Entendons-nous bien : Bustafellows reste un jeu d’une belle profondeur. Et ceci aussi grâce à l’impression bien satisfaisante d’incarner une journaliste. On a droit à quelques énigmes, des phases qu’il vous faudra traverser grâce au bloc-notes de Teuta. Tout cela fonctionne bien, rien d’original mais c’est carré. Mais l’autre grande force de ce soft, après son univers très mémorable, c’est l’impression de toujours découvrir un pan de l’histoire. Oui, quelques longueurs sont à déplorer, mais l’intérêt est constamment renouvelé, avec des arcs secondaires à foison, et même une belle surprise pour qui vise le 100%. Une complétude qui ne sera pas aisé à atteindre, avec un grand nombre de fins au programme, ce qui vous vaudra une bonne trentaine d’heures de jeu.

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