Cris Tales tente, parfois avec réussite, de se rapprocher du J-RPG
Dans les genres vidéoludiques typiquement nippons, le J-RPG est évidemment aux premières loges des plus fameux. Après des années à garder le secret de sa fabrication bien verrouillé, notamment en n’exportant pas certaines des meilleures itérations, le jeu de rôle japonais est désormais aimé dans le monde entier. Et même copié, avec ce que les puristes appellent les imitations « brochette boeuf fromage », on pense à Child of Light. Et l’on compte désormais un nouveau représentant avec Cris Tales, une expérience en partie satisfaisante.
Fruit du travail des studios colombien SYCK et Dreams Uncorporated (et édité par Modus Games), Cris Tales tente de coller aux codes du J-RPG. Mais aussi de distiller une ambiance plus féérique, plus occidentale en fait. L’histoire nous propulse dans la peau de Crisbell, une orpheline prise sous l’aile de la prêtresse de la ville de Narim. Un jour, elle rencontre une grenouille, Matias (clin d’œil à Chrono Trigger ?), et se découvre un pouvoir aussi utile que mystérieux : voir aussi bien dans le passé, le présent, et le futur. Encouragée à développer cette faculté, la jeune fille part dans une quête initiatique, et devra bientôt faire face à une ignoble menace : l’Impératrice du Temps.
Vous l’aurez compris à la lecture de ce pitch : les studios ont décidé d’utiliser les codes de narration du J-RPG, dans le plus grand des classicisme. L’aventure passe par tous les repères attendus, notamment avec l’arrivée de coéquipiers : Cristopher et Willhelm, deux mages. Clairement, les développeurs ont compris, avec une certaine justesse, que, dans ce genre, le besoin de leveller doit s’accompagner d’un récit initiatique. Alors certes, le cheminement peut paraître classique, voire très convenu pour qui aime les jeux de Square Enix et consorts. Cela manque surtout de rebondissements, d’une dose d’inattendu. Mais, globalement, ce voyage en Cristallis reste dans la moyenne basse de ce qu’on peut attendre d’un jeu de rôle japonais. Et sachez que les sous-titres sont disponibles en français, chose très précieuse même si l’on compte quelques coquilles.
La maitrise du temps donne un peu de relief au game design
Nous voilà donc parti dans une quête mouvementée, laquelle nous fera combattre les mères supérieures dont la mission est de protéger les cathédrales. Cela non seulement pour annihiler l’Impératrice du Temps, mais aussi afin de mieux comprendre le pouvoir de Crisbell. Admettons-le, c’est bien celui-ci qui sort Cris Tales d’une certaine platitude. Tout le système d’évolution est de l’ordre du déjà-vu, avec ce qu’il faut d’arme unique à perfectionner ou renforcer vos personnages grâce à des armures dégotés dans les trésors ou les boutiques. Et l’exploration manque un peu de relief, avec beaucoup d’allers et retours. Par contre, la mécanique de la maitrise du temps mérite à elle seule qu’on s’intéresse à ce soft.
Crisbell, accompagné de ses collègues, peut agir sur le passé, donc aussi sur le futur et le présent. Que ce soit en cours de quête, ou dans les combats. Cela se présente comme suit : l’arrière de l’avatar est le passé, son avant est le futur. Et Cris Tales utilise cette idée comme un effet papillon. C’est tout particulièrement utile dans les villes, où l’on pourra par exemple pousser un couple à officialiser leur union. Les quêtes annexes, disponibles de manière temporaires (attention, donc, à bien toutes les tenter avant de trop avancer dans le soft), gagnent donc en intérêt. Les combats sont aussi assez réussis. Les ennemis nous entourent, et l’on peut alors les faire vieillir ou rajeunir, donc agir sur leurs statistiques. Ajoutons des compétences, un focus sur les combos, et l’on obtient des batailles très agréables.
Techniquement imparfait, mais grosse direction artistique
Cris Tales propose une aventure un peu courte pour un J-RPG, mais finalement suffisante pour qu’on ne tombe pas dans une certaine routine. Il vous faudra à peu près vingt-cinq heures afin d’en faire le tour, et un peu plus pour les complétistes. Visuellement, le résultat nous divise. La pure technique n’est pas à la hauteur des attentes. On a des baisses de fluidité pendant les combats, et quelques bugs d’affichage. Les temps de chargement sont heureusement minimes, mais on sent que ce ne sera pas le cas sur d’autres supports. Par contre, la direction artistique est l’autre grande qualité de ce titre. Le résultat se fait hyper beau, dans un style dessin animé à l’ancienne totalement ravissant. D’ailleurs, c’est bourré de petits détails, de jeux de lumière impressionnants.