WRC 10, une jolie fête à tous les niveaux
Parmi les expériences les plus savoureuses, non seulement en tant que rédacteur mais aussi en « simple » joueur, c’est l’observation de la courbe de progression d’une licence. Et parmi les plus belles, WRC occupe l’une des places centrales. Il faudrait un article dédié pour l’aborder dans les moindres détails (voilà une idée…), mais que de chemin parcouru entre les débuts éclatants chez Evolution Studios, puis la descente aux enfers conjuguée entre Traveller’s Tales et Milestone (qui a bien changé depuis, une bonne chose), et la renaissance enclenchée par Kylotonn Games et Nacon. Cela accouche aujourd’hui d’un WRC 10 de très bonne tenue… de route.
Bon, vous aurez remarqué que, dans le monde réel, tout est compliqué par l’émergence d’un certain virus. Et impossible d’aborder WRC 10 sans rappeler les bouleversements qui ont aussi atteint le domaine du rallye. Le sport IRL a dû s’adapter aux exigences, parfois paradoxales voire carrément incohérentes, et c’est aussi le cas pour les développeurs du studio français Kylotonn Games. Ainsi, on se retrouve avec un calendrier en douze étapes, celui même qui ne souffrait pas encore des modifications et autres annulations. On peut donc se réjouir de découvrir les parcours suédois et chiliens, alors même qu’ils viennent tout juste d’être écartés au profit d’épreuves grecs et belges. Nacon a depuis annoncé qu’une mise à jour allait rectifier la trajectoire, et l’on s’en réjouit même si la possibilité de jouer la saison comme prévue initialement est aussi savoureuse.
Mais ne vous y trompez pas : WRC 10 ne né absolument pas dans la douleur, c’est même l’exact inverse. Cet opus, l’avant-dernier avant que les droits de la licence ne migre chez Codemasters, est clairement le meilleur jeu développé par Kylotonn Games. Rien que ça. Tout d’abord, l’habillage est une véritable friandise pour les amateurs de sports mécaniques, ça sent la passion à tous les étages. Et c’était nécessaire car cette saison 2021 n’est pas n’importe laquelle : le Championnat du monde fête ses cinquante ans. Clarté des menus (bien d’autres studios devraient s’en inspirer, ’nuff said), mais aussi un mode spécialement pensé à cette occasion sont donc au rendez-vous. Sobrement intitulé « Cinquantième anniversaire », ce contenu permet de revivre les quinze courses les plus mémorables de ce sport, couvrant ainsi quinze spéciales toutes plus folles les unes que les autres, et ce jusqu’à la saison 2019. Le but est simple : incarner les Tanak, Munari et autres Loeb dans des épreuves devenues cultes et atteindre les temps références afin de débloquer la suivante. En sachant que le mode Carrière a aussi son mot à dire pour filer des laisser-passer. Les fans ne pourront qu’apprécier, même s’il manque évidemment quelques grands moments, on ne peut jamais contenter tous les plus fins connaisseurs.
La Carrière plus solide que jamais
Bien entendu, le gros morceau de ce WRC 10 reste tout de même le mode Carrière. Celui-ci garde la personnalité construite au fil des itérations signée Kylotonn Games, avec un focus sur la sensation de progression par le biais d’un arbre de compétences. Celui-ci n’a jamais été aussi développé, il gagne ici en profondeur dans tout ce qui se rapporte à la gestion de l’équipe, ce qui était d’ailleurs un conseil souvent remonté par les fans de Rallye. Au rayon des nouveautés, signalons aussi deux travailleurs de plus dans la team : le responsable des relations publiques, et le coordinateur de la logistique. Ce duo apporte surtout de l’aisance, du confort dans certaines tâche qui, autrement, demanderaient de la gestion pas forcément passionnante (les rapports entre constructeurs, et la note financière des évènements). Une très bonne chose, donc. Aussi, on accueille aussi les très exigeantes épreuves anniversaires qui débloquent du contenu pour le mode Cinquantième anniversaire.
Sachez aussi que l’on peut se lancer dans un trip jusqu’au-boutiste, Directeur d’écurie, avec le choix d’une team créée de toute pièce et l’achat d’un bolide pour se faire compétitif. Cela se débloquera en avançant dans le mode Cinquantième anniversaire, ce qui ajoute encore à l’intérêt de ce dernier. Voilà qui nous permet d’écrire que, contrairement à d’autres épisodes de la licence, WRC 10 ne pratique pas le surplace dans sa Carrière. Au-delà de ces nouveautés, il est toujours question de débuter en WRC 3 ou en Junior, ce qui permet de ressentir d’autant mieux la courbe d’évolution (et de difficulté) jusqu’au stade maximal du WRC. Cela ne se fera qu’en prenant soin de bien gérer le calendrier, mais aussi les différents rôles dans la team et les réglages du bolides. Tout cela est repris des anciens opus, et a été solidifié grâce à quelques retouches dans les menus pour les rendre plus lisibles. Ajoutons aussi le mode Club, là encore identique à celui de WRC 9, qui propose donc de se retrouver entre puristes afin de remporter des défis. Et sachez que le multijoueurs reste toujours aussi compétitif que prenant, avec ses nombreuses médailles à glaner. Enfin, que les amateurs de parties en local se rassurent : un écran splitté est là pour les satisfaire. Ajoutons un chiffre vertigineux de cent-dix spéciales, un éditeur de livrée tassez riche en possibilités, et l’on peut décemment écrire que le contenu global figure tout en haut de nos satisfaction.
Gros contenu, mais petite technique
Quand on parle de gomme, on parle aussi de freinage, donc de neumatiques. Cela tombe bien, il s’agit de la principale nouveauté de gameplay de WRC 10. De ce côté, le jeu est un peu plus prudent, avec des sensations toujours aussi équilibrées entre permissivité, rendu des dégâts et un minimum de fun pour les nouveaux venus. La recette reste donc tout aussi adaptable à la pratique de haut niveau, avec volant et tout le tralala, qu’à celle plus détendue, et tout aussi qualitative, à la manette. La Dual Sense de la PlayStation 5 est d’ailleurs particulièrement mise à contribution, avec un tout petit regret sur les sensations de l’accélérateur, moins efficaces que celles du freinage. M’enfin, un petit passage par les réglages et l’on peut optimiser tout cela, sachez-le. Bref, Kylotonn Games a donc mis le paquet sur les pneus, avec plus de précision que jamais sur les composés, et leur implication dans le rapport à la piste, au temps de prise de décision. On ressent comme rarement le moindre raté, et il va falloir user de stratégie si l’on veut s’en tirer en cours de spéciale nécessitant de la réactivité. D’où la grande utilité des pneus de secours, dont on peut aussi se passer pour alléger la caisse. C’est aussi complet que bonnard à maitriser, même s’il faut se débrouiller sans trop de conseils logiciels.
Enfin, il faut aussi aborder l’aspect purement technique de WRC 10. Et c’est ici que le jeu s’avère le plus discutable, bien malheureusement. Pas qu’il soit moche, bien loin de là, mais on attendait plus d’un opus sortant sur consoles de nouvelles générations. On peut même écrire qu’il n’existe pas forcément de grandes différentes entre le WRC 9 de la PlayStation 4 et cet épisode testé sur PlayStation 5. On retrouve ainsi des tracés très jolis, notamment le japonais et ses belles perspectives, tandis que d’autres sont plus touchés par du cliping et des textures moins précises. On a même relevé quelques légers bugs d’affichage, très rares mais tout de même remarqués. Heureusement, la fluidité reste assurée, et les temps de chargement réduits. Aussi, signalons de très belles conditions climatiques dynamiques, c’était important pour renforcer l’impression de réalisme. Par contre, on a toujours un peu de mal avec les phrases déclamées sans entrain par le copilote, surtout qu’il n’est pas toujours hyper pertinent. Les bruitages, quant à eux, font parfaitement le job, on savoure tout particulièrement les pétarades du moteur.