Blue Reflection : Second Light confirme encore le talent de GUST
Votre dévoué serviteur ne s’en cache pas : parmi le nombre incalculable d’éditeurs et de développeurs, certains ont gagné le statut de « chouchou ». Une appellation que le monde entier envie, mais difficile à atteindre tant elle ne se base pas uniquement sur la perfection d’un résultat. Par exemple, on adore suivre l’actualité des jeux D3 Publisher, des choix éditoriaux de NIS America, des idées de Koei Tecmo. Parmi ces véritables coups de cœur figure en bonne place le studio GUST, dont la licence des Atelier nous est particulièrement chère (ah, Atelier Ryza 2…). Moins populaire, leur nouvelle série Blue Reflection (née en 2017) est pourtant sur une étonnante dynamique. Et cette suite, intitulée Blue Reflection : Second Light, le prouve avec les honneurs.
Avant d’aborder le scénario en lui-même, il est bon de préciser que l’on peut lancer Blue Reflection : Second Light sans avoir ne serait-ce qu’approcher le premier opus, ni même sans en avoir vu l’animé. Ce qui serait tout de même dommage, tant cet épisode fondateur était déjà habité de beaucoup de qualités. En tout cas, cette suite reprend surtout l’univers scolaire, un casting composé d’autres personnages mais toujours presque intégralement féminin… et des Magical girls comme on les aime. L’histoire, suit les aventures de trois jeunes filles : Ao Hoshizaki (le personnage principal), Yuki Kinju et Kokoro Utsubo. Ce trio se retrouve projeté dans une école au-delà de notre monde, un code typiquement japonais (lire, par exemple, l’excellent manga L’École Emportée, ou jouer à The Caligula Effect 2) et qui fonctionne toujours autant.
Les héroïnes de Blue Reflection : Second Light ont un point commun, elles ont perdu la mémoire. Là encore, un code indissociable du jeu vidéo japonais, et plus précisément du J-RPG. On voit venir les mauvaise langues nous bassiner avec leurs « olala mais c’est cliché, en plus les filles sont jeunes et jolis c’est vraiment pas féministe ». On s’en fiche pas mal, le tout est de voir si le charme opère ou non. Et oui, c’est bel et bien le cas. Le cheminement de nos écolières va nous motiver à retrouver leurs souvenirs, non sans devoir partir à la chasse aux ingrédients dans des alentours mystérieux, sans doute provoqués par les pensées de l’une des jeunes filles. C’est là qu’elles découvriront l’adversité, mais aussi le pouvoir des bagues qu’elles ont acquise en rentrant dans ce monde : et hop, transformation en Magical girls, avec ce qu’il faut d’épées puissantes, de coiffures aussi mignonnes qu’improbables, et de jupes légèrement affriolantes.
Une ambiance très réussie malgré des sous-titres anglais
Que du tout bon dans cet univers typiquement nippon, avec juste ce qu’il faut de références au roi des J-RPG scolaire (Persona, vous l’aurez compris) pour ne pas non plus trop sentir l’effet copie. En fait, Blue Reflection : Second Light s’en démarque beaucoup, avec une tonalité plus légère qui nous ravit bien plus. Pas vraiment de leçons de moral, pas de personnages aux problèmes existentiels un peu lourds, on plonge dans une aventure aussi légère qu’agréable à vivre sur toute sa longueur. Il faut cependant s’apprêter à lire du texte, beaucoup, car le titre de GUST s’inspire aussi pas mal du Visual novel. Cela n’en est pas un, mais certains dialogues entre mission s’attarde sur la caractérisation des personnages. Une très bonne chose, d’ailleurs, pour nous rendre les avatars plus mémorables. Chaque fragment de souvenir récupéré pendant l’exploration des donjons donne lieu à des séquences bien écrite, c’est une réussite. Par contre, on regrette que les sous-titres soient uniquement proposés en anglais. Cela imprime au titre une saveur de niche de laquelle il aura du mal à se défaire, et c’est bien dommage tant ce trip fantastique a de quoi séduire un large public.
Entre les missions principales, tout ces personnages féminins vont pouvoir solidifier leurs liens grâce à des missions annexes. Blue Reflection : Second Light en propose à foison, et elles sont parfois répétitives. Mais cela pousse tout de même à aller explorer les très charismatiques environnements du jeu. Oui, on apprécie ces ambiances délabrées, comme on en trouve par exemple dans NieR Automata. Il se dégage de ces immeubles à l’abandon une sorte de poésie, une étrangeté entêtante nous poussant à la découverte des moindres recoins. Mais ce qui motivera encore plus, ce sont les récompenses. Car en subvenant aux besoins de toutes, on s’accordera le loisir de sortes de rendez-vous galants, lesquels débloquent des compétences boostant tout un tas de statistiques. C’est évidemment un système déjà vu un peu partout, mais là encore l’intérêt est indéniable, cela créé un véritable engouement de la part du joueur non seulement pour compléter le contenu, mais aussi afin de mieux s’en tirer en combat.
Un J-RPG très attachant, l’un des meilleurs de 2021
Car les décors abandonnés de Blue Reflection : Second Light ne sont pas non plus inhabités : il va falloir buter du monstre. Pour ce faire, transformation en Magical girl (ici appelées Reflector) et utilisation d’un système de combat très digne de ce que sait faire GUST. C’est donc hyper efficace, avec une ligne de trois combattantes, et un personnage en soutien qui pourra intervenir avec tout un tas d’objets salvateurs. Comme dans les Atelier, le dynamisme est de mise avec une jauge du temps au sein de laquelle on constate l’ordre de passage des personnages. Le tout étant lié à l’utilisation de l’éther, des points qui se gagneront selon vos actions en batailles. Plus celles-ci forment des combos, plus la jauge se blinde et gagne en niveau, permettant ainsi de nouvelles offensives plus puissantes. Et, au troisième stade, c’est parti pour la transformation en Reflector. C’est clairement un système pensé pour être facilement abordable, mais tout de même profond lorsqu’on s’attaque aux boss. Ces phases étant, d’ailleurs, particulièrement satisfaisantes.
L’aventure principale de Blue Reflection : Second Light peut se terminer en une trentaine d’heures. Mais ce serait dommage de rusher ce qui doit être savouré. L’on mise plutôt sur votre envie de le compléter totalement, comme il se doit, en une cinquantaine d’heures. Une fois terminé, le jeu vous propose une Clear Data, qui permet de sauvegarder une grosse partie de l’avancée, mais on n’en dira pas plus pour ne pas spoiler. En tout cas, la rejouabilité est bien présente. Techniquement, le jeu de GUST confirme son statut de niche. Cela reste plus beau qu’un Shin Megami Tensei V (qu’on a décidément dans le collimateur), mais on ne peut que s’étonner de la dose de crénelage et de flou. On est sur du soft de début PS4, tout au plus. Cela est heureusement contrebalancé par une sublime direction artistique, qui nous enchante aussi bien dans les environnements que dans le chara-design hyper kawai. Enfin, l’OST, toujours signée par le très doué Hayao Asano, est d’une qualité telle qu’on cherche à se le commander sur les Internets. Du très haut niveau, entrainant et soutenant idéalement l’ambiance de ce J-RPG décidément attachant.