Farming Simulator 22 fait encore mieux qu’espéré
Si l’on avait dit aux fans de Farming Simulator, et bon sang qu’ils sont nombreux, qu’un jour ils devraient attendre plusieurs années avant d’accueillir un nouvel opus, ils ne l’auraient pas cru. En effet, cette énorme licence de Giants Software figure parmi celles qui pouvaient jusque là se targuer d’une régularité de métronome : tel le Beaujolais, le millésime est attendu, épié, puis joué pendant des milliers d’heures. Mais là, il a fallu attendre quelques temps, pas moins de trois ans depuis l’édition 2019. La cause ? Le studio de développement a décidé de s’auto-éditer loin de Focus Home Interactive, la distribution revenant aux stakhanovistes de Koch Media. Farming Simulator 22 se devait donc de présenter des nouveautés, et l’on n’est pas déçu à ce sujet.
Rappelons d’abord que la licence se pense avant tout comme une simulation, donc un trip réaliste. Farming Simulator 22 n’est donc pas à rapprocher d’un Story of Seasons, un autre genre de proposition tout aussi intéressante mais bien plus axée vers le fun immédiat. Le titre qui nous intéresse ici s’adresse plus aux fermiers expérimentés, ceux qui non seulement connaissent déjà un peu les mécaniques, mais aussi maitrisent l’univers si particulier du milieu agricole. Pas que l’on ne pourra pas s’amuser en n’y pigeant rien, mais sachez qu’alors la prise en mains sera délicate. Les tutoriels existent, mais ils manquent un peu de dimension. Une Académie est même en ligne, mais uniquement en anglais, aie. On aurait d’ailleurs préféré une sorte de mode Histoire afin de nous faire comprendre tous les éléments importants. C’est un regret que l’on émet depuis des années, l’un des principaux à notre humble avis, mais Giants Software ne semble pas pressé de s’y pencher.
Dans Farming Simulator 22, il ne faut pas s’attendre à une histoire, un cheminement scénarisé. Le seul récit que le jeu raconte, c’est le vôtre. Celui qui déterminera la réussite du valeureux avatar (masculin, féminin, au choix, avec un peu de personnalisation), ou son inexorable déclin. Avant de débuter une partie, il faudra donc bien se creuser la tête afin d’opter non seulement pour un niveau de difficulté, mais aussi une carte où s’aventurer. Pour le challenge, Giants Software a bien fait de ne pas trop en faire : le studio en propose trois, basés sur les conditions de départ. Si vous commencez en Nouveau Fermier, vous profiterez directement d’un terrain et de certains équipements importants. C’est la meilleure voie pour les débutants, très clairement. Gérant de la Ferme vous lance dans le grand bain avec un gros pactole, mais sans aucune propriété. Là, c’est plus le joueur intermédiaire, et déjà un minimum expérimenté afin de reconnaitre un bon endroit pour s’implanter, qui est visé. Enfin, le redoutable Partir de Zéro vous fait débuter avec un compte en banque très bas, sans aucun terrain ni équipement, et surtout dans une économie en déclin tirant les tarifs vers le bas. Là, c’est vraiment le très fin connaisseur qui est convié à la fête.
Vous avez bien sous-pesé le challenge ? Sachez tout de même qu’il est ensuite possible de farfouiller dans les menus afin de régler quelques options, d’alléger certaines mécaniques pouvant poser problème à un joueur encore inexpérimenté. Farming Simulator 22 a cela de très bon qu’il peut se façonner à l’aide d’une tonne de réglages, favorisant ainsi le bien-être du joueur. Par exemple, et sûrement dû au désespoirs des fans qui flippent à l’approche de l’hiver (dans le jeu, c’est à préciser), le déblaiement de la neige peut être bazardé. Ce que votre dévoué serviteur a effectué immédiatement ! L’accessibilité se révèle donc plutôt bonne, ne manquait plus que des tutoriels plus adaptés et l’on tenait enfin l’opus rêvé pour les novices. Reste que ces derniers pourront quand même s’en sortir avec de l’implication, surtout que l’intégralité du jeu est sous-titré en français. Et avec soin.
La carte d’inspiration française est excellente !
Il reste encore un choix primordial avant de monter sur votre fier tracteur : celui du territoire. Les habitués de la licence retrouveront avec bonheur l’éternelle Erlengrat, certes revue et rendue plus dynamique, mais toujours avec ce charme alpin qui lui imprime ces reliefs très typiques. Mais Farming Simulator 22 ne s’est pas endormi sur ses lauriers, et nous propose deux nouvelles localisations, et cette fois-ci totalement inédites. La première d’entre elles, c’est Elmcreek, qui rappelle clairement l’ambiance du Midwest américain, le centre névralgique agricole de cet immense pays. Non seulement c’est plutôt joli, avec ces arbres imposants, mais se fait hyper étendu, ce qui en fait une carte adéquate pour qui recherche encore plus de challenge. S’y lancer en mode Partir de Zéro va bien vous pousser dans vos dernier retranchements ! La dernière destination, c’est Haut-Beyleron. Et là, mesdames et messieurs, c’est le cœur sur la main qu’on précise que cet environnement recréé le pourtour méditerranéen français. Cela n’est pas un hasard : il fallait un endroit afin de mettre en avant les nouvelles cultures du raisin et des olives.
Certains pourraient penser qu’on fait vite le tour des trois cartes de Farming Simulator 22, mais ils sont dans le faux. Elles se font à la fois vastes et plus intrigantes qu’auparavant. D’ailleurs, on remarque une petite notion d’exploration, certes née avec la version 2017 mais ici poussée encore un peu plus loin. Outre que l’on découvre parfois de sympathiques panoramas, ce sont aussi des objets cachés à dénicher qui vont venir nous récompenser. Ils sont différents selon les maps, et vous vaudra de gagner de l’argent, mais aussi de petits clin d’œils sympas comme une collection de jeux pour notre fief (c’est juste cosmétique, pas de mini-jeux à la clé, dommage). Voilà qui pourra un peu distraire le fermier qui sommeille en vous, et gonfler encore la durée de vie au passage, déjà infinie pour les fans de la licence. Car oui, ce soft est de ceux qui seront joués autant de temps que ce que vous voudrez vous investir : pas de fin au programme.
Pour ce qui est du game design, Farming Simulator 22 ne réinvente évidemment pas la moissonneuse-batteuse. Vous devez donc vous préparer à de la gestion pure et dure, jusqu’au-boutiste et vécue depuis le point de vue de votre avatar. Le but est de s’en sortir financièrement, pas du tout de maitriser absolument toutes les possibilités offertes par les différentes cultures et autres élevages. Ainsi, nous vous recommandons de débuter en optant pour deux ou trois spécialisations tout au plus, et nécessitant les mêmes moyens de production. N’allez pas vous lancer dans l’élevage de cochons en parallèle de la culture du sorgho, cela ne vous mènera qu’au chaos si vous débutez avec cet opus. Apprenez d’abord à bien vous occuper de votre champ, à le chouchouter en lui retirant les mauvaises pierres (une nouveauté que cela), et en n’oubliant aucune étape. Cela va évidemment vous demander de l’investissement dans du gros matériel, donc direction le magasin ! Là, on pourra s’offrir un engin flambant neuf, et si vous ne disposez pas des crédits nécessaires la banque vous aidera. Ou, plus prudent, il est possible de consulter le catalogue des occasions : les véhicules y sont moins chers, mais provoquent tout de même de sacrées notes d’entretien…
Un contenu vertigineux
Les possibilités sont hyper nombreuses, vous allez devoir bien potasser pour vraiment avoir les idées claires. Vous avez besoin de rentabiliser tout ce blé qui ne sert à rien ? Alors c’est parti pour une activité de boulanger, avec du pain ou des gâteaux (qui provoquent de gros revenus). Si votre truc c’est plus l’élevage d’animaux, alors Farming Simulator 22 propose tout ce qu’il faut en terme de bovins, de poules, de chevaux, etc. Et même de l’apiculture, qui a aussi un effet bénéfique sur la ferme. Oui, Giants Software a été jusqu’à reproduire leur intérêt primordial dans l’écosystème, né de la pollinisation qui agit sur la croissance, donc la matière récoltée. Autre nouveauté très satisfaisante, on l’esquissait plus haut en parlant de neige : les saisons. Le cycle saisonnier s’ajouter à celui jour/nuit, et il va donc falloir surveiller les effets sur les différentes cultures. Pour faire face au redoutable hiver, le joueur n’est pas laissé à l’abandon. C’est là qu’interviennent les toutes nouvelles serres, au sein desquelles on peut faire pousser des fraises ou des tomates si l’on n’oublie pas de recharger le lieu en eau.
Farming Simulator 22 est aussi l’opus qui s’aventure enfin du côté des chaines de production. Oui, il est possible de transformer nos récoltes en biscuits, en jus, en huiles et autres, mais encore fallait-il les vendre. C’est pour cela que l’on devra se rapprocher de des points de vente de la carte. Et si vous êtes du genre excellent stratège, l’argent coulant à flot vous pourrez même ouvrir vos propres magasins et y écouler le stock. Tout cela, et l’entièreté des tâches, peut être confié à des travailleurs contre salaire. Ici aussi, la licence évolue dans le bon sens, avec une intelligence artificielle plus développée et surtout des ordres plus précis permettant même de gérer la manière de se garer après une livraison. Les vrais passionnés accueilleront cette avancée avec plaisir, tout comme le nombre de machines (quatre-cent !) et de marques officielles (plus de cent !), qui n’ont été plus nombreuses que dans cet opus. On ne peut que le répéter : si ce titre n’est pas très novice-friendly, sa base de fans ne pourra qu’être conquise par les multiples possibilités.
Pour terminer ce test de Farming Simulator 22, on doit aborder le sujet qui créé éternellement le débat autour de la licence. Eh oui, la technique. Alors, sachez tout d’abord que cette édition, sans être un énorme gap next-gen, représente quand même une avancée visuelle. Les effets de lumière, sur notre version PlayStation 5, font vraiment plaisir à observer. Bien entendu, la précision des modèles 3D est on ne peut plus poussée, et elle va maintenant jusqu’à reproduire avec exactitude les gyrophares des différents véhicules. On remarque même de la gestion de particules assez classe. Bon, par contre on a aussi du cliping, des chutes de framerate. Surtout, le moteur physique reste totalement lunaire, sorte de signature de Giants Software qu’on aimerait tout de même être un jour corrigée, pour le bien du réalisme. Aussi, sachez que les serveurs du multijoueurs sont pour le moment assez instables, surtout le soir, ce qui nous a empêché d’y passer beaucoup de temps. On note aussi quelques bugs, mais rien qui ne se règle pas par la relance du soft. Enfin, l’ambiance sonore reste très correcte, surtout en terme de bruitages. La radio, elle, est beaucoup plus anecdotique.