Le cross-over Kingdom Hearts entre Square et Disney, c’était il y a 20 ans !
Pari improbable ayant donné lieu à une des plus grandes sagas de l’histoire du jeu vidéo, Kingdom Hearts est rapidement devenue un des trois piliers de Square-Enix avec Dragon Quest et Final Fantasy. Mêlant habilement les univers de Square et de Disney, elle s’est rapidement émancipée de la PlayStation 2 avec des épisodes sur de nombreux supports comme le Game Boy Advance, la Nintendo DS, la PlayStation Portable et la 3DS, en attendant la conclusion Kingdom Hearts III arrivée tardivement sur PlayStation 4 et Xbox One.
Date de sortie : 28 mars 2002 (Japon), 17 septembre 2002 (Amérique du Nord), 15 novembre 2002 (Europe)
Développeur : Squaresoft
Concepteur : Tetsuya Nomura
Genre : Action-RPG
Nationalité : Japonaise
Compositeur : Yoko Shimomura
Support : PlayStation 2
Le Royaume des Cœurs
Lancé le 28 mars 2002 en exclusivité PlayStation 2, Kingdom Hearts atteint déjà la vingtaine. Fruit d’une collaboration historique entre Square et Disney, il s’agissait d’un pari osé qui ne présageait pas vraiment de rencontrer le succès. Car si Squaresoft reste un acteur mythique du jeu vidéo grâce à des sagas de RPG comme Final Fantasy, Seiken Densetsu ou encore Chrono, Disney a une expérience bien différente avec de nombreuses adaptations de séries ou de long métrages animés tels que DuckTales, Aladdin et Le Roi Lion, bien souvent cantonnés à de simples jeux de plates-formes. Ces derniers demeurent toutefois de grande qualité, tout du moins pour ceux en deux dimensions, car ils ont su exploiter toute la richesse des classiques Disney qui va servir de base à l’univers de Kingdom Hearts.
Malgré sa nouvelle casquette de réalisateur, Tetsuya Nomura continue d’œuvrer comme character designer en créant plusieurs personnages rappelant ceux de Final Fantasy mais avec une animation proche du style Disney. Le trio d’adolescents se compose du héros Sora, de sa meilleure amie Kairi et de son meilleur ami Riku, antihéros qui devient rapidement son rival. Voulant parcourir le reste du monde, ils sont alors contraints de fuir leur île suite à l’invasion de mystérieuses petites créatures sombres dénommées les Sans-Cœur. De là part une véritable opposition entre ténèbres et lumière, le cœur représentant une nouvelle entité aux côtés du corps et de l’âme, qui constituent un être vivant.
À la recherche de ses amis, Sora traverse alors de nombreux univers Disney aux côtés de Donald et de Dingo, qu’il croise sur son chemin alors sur les traces du Roi Mickey. Les mondes représentent essentiellement des longs métrages animés avec Le Pays des Merveilles (Alice au Pays des Merveilles), la Jungle Profonde (Tarzan), Agrabah (Aladdin) et Atlantica (La Petite Sirène). Si Monstro (Pinocchio) et le Pays Imaginaire (Peter Pan) se concentrent uniquement sur la baleine et le navire du Capitaine Crochet, le Colisée de l’Olympe (Hercule) propose de participer à différents tournois avec des lots à la clé et de terribles boss. On trouve aussi des mini-jeux dans le monde facultatif des Aventures de Winnie l’Ourson avec la Forêt des Rêves Bleus, à travers un livre possédé par Merlin l’Enchanteur, et même la Ville d’Halloween qui remet L’Étrange Noël de Monsieur Jack sur le devant de la scène. Quant au Château Disney, il n’est montré que lors de cinématiques.
Pour les besoins du scénario, d’autres lieux s’ajoutent à l’Île du Destin à commencer par la ville de Traverse, dans laquelle Sora commence à rencontrer plusieurs personnages connus des Final Fantasy de la PlayStation comme Aeris, Youfie, Cid et Squall. Outre Cloud et Sephiroth qu’il est possible de combattre au Colisée de l’Olympe, l’île accueillait déjà des versions enfants de Selphie, Tidus et Wakka. La Forteresse Oubliée constitue un immense château pouvant rappeler celui de La Belle et la Bête pour sa bibliothèque et la présence du prince transformé en créature, ou de La Belle au Bois Dormant pour son contrôle par Maléfique. Principale antagoniste du jeu, elle est en effet à la tête d’une escouade composée par Jafar, Ursula, Oogie Boogie et le Capitaine Crochet, d’autres méchants comme Hadès et Clayton étant aussi présents en tant que boss.
Particulièrement bien rendus au niveau des graphismes, ces mondes sont également magnifiés par les superbes musiques de Yoko Shimomura, déjà connue pour son travail sur Street Fighter II, Parasite Eve et Legend of Mana. Présente au début et à la fin en deux versions différentes, la chanson « Hikari » (en anglais « Simple and Clean ») est quant à elle interprétée par Hiraku Utada, qui marque sa première participation à la bande originale d’un jeu vidéo. Quant au gameplay, il redéfinit l’approche Action-RPG de l’époque avec un système de ciblage automatique et des coups à base de combos, Sora attaquant avec une épée en forme de clé appelée keyblade. Outre les magies classiques issues de Final Fantasy, il est possible d’invoquer au combat des personnages Disney comme Simba, Dumbo et Bambi. Le système de progression et le scénario du jeu font toute la qualité de ce premier Kingdom Hearts au succès amplement mérité. La légende des Sept Princesses de Cœur, l’élévation aux ténèbres de Riku et la machination d’Ansem ayant largement inspiré Square pour de nombreuses suites sur plusieurs machines différentes.
Les Souvenirs au Cœur du Récit
Succès inattendu, Kingdom Hearts se décline rapidement sur toutes sortes de supports, et ce avant même l’arrivée du deuxième épisode principal. Lancé sur Game Boy Advance le 11 novembre 2004, Kingdom Hearts Chain of Memories exploite le thème du souvenir pour introduire les événements du futur Kingdom Hearts II. Guidé par un homme vêtu d’un manteau à cagoule noir, le trio se retrouve en effet piégé dans l’étrange Manoir Oblivion, qui les fait repasser dans les mêmes mondes qu’auparavant en manipulant leurs souvenirs.
Pourvu d’une très jolie 2D en vue isométrique, le jeu arbore un level design bien plus classique consistant à se rendre dans différentes zones pour accéder à d’autres. On retrouve ainsi exactement les mêmes mondes que dans le premier Kingdom Hearts, à l’exception de la Jungle Profonde et de la Fin du Monde, remplacés par le Manoir Oblivion lui-même. Malgré la faiblesse du processeur sonore de la console, les musiques sont joliment retranscrites et de nouvelles mélodies intenses apparaissent, notamment face aux boss.
Les combats se déroulent en arène fermée et un système de cartes à sélectionner est mis en place durant les combats. Complexe au premier abord, il s’avère rapidement efficace et stratégique avec la possibilité de contrer et d’appeler des alliés. L’avancée est ponctuée de plusieurs scènes cinématiques dévoilant une partie des membres de l’Organisation XIII, qui contrôlent le Manoir Oblivion. On fait ainsi la connaissance de Larxene, Vexen et le charismatique Marluxia, qui commande les lieux. Il est également question de Naminé, jeune-fille qui ressemble étrangement à Kairi, sans oublier Axel, membre de l’Organisation qui semble à part.
Une fois le jeu fini avec Sora, Riku devient pour la première fois jouable dans son propre scénario, où il affronte deux autres membres : Lexaeus et Zexion. Une bonne idée qui le rend toutefois encore plus répétitif tout en débutant un certain recyclage des mêmes mondes dans la saga, Riku reparcourant exactement les mêmes que Sora. Malgré ce défaut et les limites techniques de la Game Boy Advance, Kingdom Hearts Chain of Memories reste un petit régal qui obtient un remake le 29 mars 2007 sur PlayStation 2, profitant alors d’une 3D calquée sur celle du premier épisode et de quelques cinématiques doublées vocalement. Il faut cependant attendre le 13 septembre 2013 pour que le jeu devienne enfin disponible en Europe, via la compilation Kingdom Hearts 1.5 sur PlayStation 3.
Un Kingdom Hearts II très attendu
Le 22 décembre 2005, Kingdom Hearts II arrive enfin sur une PlayStation 2 aux possibilités déjà bien mieux exploitées, notamment en Europe où il faut attendre neuf mois supplémentaires avant de mettre la main dessus. Profitant de graphismes plus avancés et d’un système de combat aux combos bien plus sophistiqués, il fait suite au tout premier jeu tout en prenant en compte les événements de Chain of Memories, si bien qu’un joueur qui passe à côté ne sera pas en mesure de tout comprendre. Le jeu surprend d’emblée avec son long prologue dans lequel on contrôle un certain Roxas, qui s’adonne à de petites missions avec sa bande d’amis dans une nouvelle ville appelée Cité du Crépuscule. Un lien est rapidement fait avec Sora, dont il s’avère être le Simili, créature semblable trouvant naissance en même temps qu’un Sans-Cœur lorsqu’une personne voit son cœur aspiré par les ténèbres. Les Similis classiques deviennent par ailleurs un nouveau type d’ennemis aux côtés des Sans-Cœur durant les combats.
Kingdom Hearts II conserve la même structure que son aîné avec de nombreux mondes à visiter issus de l’univers Disney, notamment la Terre des Dragons (Mulan), le Château de la Bête (La Belle et la Bête) et Terre des Lions (Le Roi Lion). L’exploitation va encore plus loin avec l’adaptation de films comme Tron (Space Paranoids) et Pirates des Caraïbes (Port Royal). Il effectue même un sacré bond dans le passé avec la Rivière Intemporelle, qui s’inspire de courts métrages en noir et blanc comme Steamboat Willie. Si le Château Disney est enfin praticable, on trouve une nouvelle fois la Forêt des Rêves Bleus et d’anciens mondes remaniés : c’est le cas d’Agrabah et de la ville d’Halloween, mais surtout d’Atlantica qui devient une zone à mini-jeux de rythme, et du Colisée de l’Olympe dont on peut désormais visiter les Enfers.
Agissant depuis son repaire à Illusiopolis, l’Organisation XIII constitue la principale menace du scénario, bien que Maléfique effectue un retour à l’intérêt discutable. Cette dernière est toutefois accompagnée de Pat Hibulaire, qui fait partie des nouveaux personnages Disney à faire leur apparition au même titre que Piscou, tout comme le sorcier Yen Sid à qui Sora rend visite dans sa Tour Mystérieuse. Nouveau quartier général de ses alliés, la Forteresse Oubliée se dévoile être le Jardin Radieux, monde dirigé par Ansem le Sage, scientifique passionné par les mystères du cœur pour qui s’était fait passer l’antagoniste du premier Kingdom Hearts. Ce dernier était en réalité le Sans-Cœur de Xehanort, principal disciple d’Ansem, dont le Simili Xemnas dirige l’Organisation XIII.
Grâce à ses nombreuses nouveautés et à son gameplay toujours plus nerveux, Kingdom Hearts II est le digne héritier de son aîné. Très agréable pour ses mondes que l’on parcourt chacun deux fois, il adopte toutefois une approche davantage axée sur les nouveaux personnages de Square-Enix au détriment de Final Fantasy et de Disney, dont on n’affronte moins de méchants en tant que boss, ce qui n’empêche pas des têtes moins connues comme Setzer de Final Fantasy VI d’y trouver leur place. Si le rythme est parfois cassé par des cinématiques un peu trop récurrentes, Kingdom Hearts II reste un excellent cru dont il serait dommage de se passer.
La magie des spin-off
Tandis que Kingdom Hearts III se fait fortement attendre pour une sortie hypothétique sur PlayStation 3, Square-Enix tente d’enrichir l’univers de la saga à travers de nombreux épisodes sur consoles portables. Le 18 novembre 2008, les mobiles japonais obtiennent Kingdom Hearts Coded, un épisode composé de huit chapitres progressivement téléchargeables. Se déroulant après Kingdom Hearts II, le scénario mène une version digitalisée de Sora dans des mondes déjà visités par l’intermédiaire du carnet de Jiminy Cricket, qui s’est retrouvé truffé de bugs. Pour (encore une fois) retrouver leur mémoire, Sora, Donald et Dingo doivent alors éliminer les gros cubes noirs qui se sont faufilés un peu partout.
Similaire à celui des précédents jeux, le gameplay reste correct mais difficilement jouable au tactile, et ne suffit surtout pas à effacer le sentiment de recyclage qui envahit rapidement l’aventure, Sora parcourant simplement des zones déjà connues de l’Île du Destin, la Ville de Traverse, le Pays des Merveilles, le Colisée de l’Olympe, Agrabah, la Forteresse Oubliée et le Manoir Oblivion. Trois ans plus tard, un remake intitulé Kingdom Hearts Re-Coded arrive sur Nintendo DS, avec des graphismes rehaussés et un système de niveaux et de combat un mieux élaboré. Si chaque monde propose une manière de jouer qui lui est propre, il reste difficile de ne pas y voir un épisode opportuniste révélateur de l’égarement qui a pu frapper la saga à cette époque.
Le 30 mai 2009, c’est au tour de Kingdom Hearts 358/2 Days d’arriver sur DS. Se déroulant en parallèle de Chain of Memories, il a l’originalité de faire vivre au joueur les débuts de Roxas dans l’Organisation XIII jusqu’au prologue de Kingdom Hearts II. Découpé en différents jours, il consiste en l’accomplissement de nombreuses missions dans le but de récolter des cœurs en éliminant des ennemis. Plaisant mais assez répétitif, le jeu recycle une nouvelle fois des mondes déjà connus avec la Cité de Crépuscule, le Colisée de l’Olympe, le Pays des Merveilles, Agrabah, le Château de la Bête et la Ville d’Halloween. Le seul nouvel environnement se situe en pleine nature dans le Pays Imaginaire, loin du bateau du Capitaine Crochet.
Kingdom Hearts 358/2 Days tire cependant son épingle du jeu dans son système d’évolution qui se démarque de ses prédécesseurs. Un système de panneau permet en effet à Roxas de remplir de plus en plus de cases libres par une arme, un sort, un objet ou des points d’expérience. On est aussi amené à contrôler d’autres membres de l’Organisation XIII, dont ses amis Axel et Xion, une nouvelle recrue rappelant étrangement Kairi. Correct pour l’expérience qu’il procure, cet épisode est ressorti sous forme de film dans la compilation Kingdom Hearts 1.5 sur PlayStation 3. Pour éviter de tout refaire avec le moteur du premier jeu, et conscient que peu de joueurs referaient sans doute cet opus, Square Enix a préféré opter des scènes cinématiques doublées racontant son scénario. L’éditeur en a d’ailleurs fait de même pour Kingdom Hearts Re-Coded dans la compilation Kingdom Hearts 2.5.
À la découverte de nouveaux mondes
Le 9 janvier 2010, c’est au tour de la PlayStation Portable d’accueillir un nouvel épisode nommé Kingdom Hearts Birth By Sleep. Impressionnant pour la machine et renouant avec la qualité d’antan, il s’agit en réalité d’un préquel se déroulant dix ans avant les événements du jeu d’origine. Le scénario offre une dimension inédite à la saga avec trois nouveaux héros : Ventus, Terra et Aqua, qui ne sont pas sans rappeler Sora, Riku et Kairi. Débutant dans la Contrée du Départ, on y suit l’examen de Terra et d’Aqua pour devenir des Maîtres de la Keyblade auprès de leur mentor Eraqus. Arbitré par ce dernier et le mystérieux maître Xehanort, il aboutit à la seule nomination d’Aqua, Terra étant encore trop sensible aux ténèbres pour acquérir ce rang. Mais Xehanort disparaissant soudainement, les trois héros partent alors à sa recherche en empruntant chacun leur propre cheminement.
En plus des environnements déjà connus que sont le Colisée de l’Olympe, la Forêt des Rêves Bleus, l’Île du Destin, le Jardin Radieux et la Tour Mystérieuse, les héros traversent plusieurs nouveaux mondes dans un ordre différent et avec des événements qui leur sont propres. On trouve ainsi la Forêt des Nains (Blanche-Neige et les Sept Nains), le Domaine Enchanté (La Belle au Bois Dormant), le Palais des Rêves (Cendrillon) et l’Espace Profond (Lilo & Stitch), en plus de Disneyville où se trouve le Château Disney et de nouveaux environnements pour le Pays Imaginaire. La Nécropole des Keyblades fait office de niveau final avec un boss différent par personnage, dont le mystérieux Vanitas, qui est à l’origine de l’apparition d’un nouveau type d’ennemis appelés Nescients.
Toujours aussi abouti, le système de combat évolue encore avec des compétences et des magies préalablement enregistrées dans un jeu de commandes tandis qu’apparaissent de nouvelles jauges. Il est une nouvelle fois possible d’invoquer des personnages précédemment rencontrés et de changer de style de combat pour effectuer des combos dévastateurs. Grâce à son scénario pertinent, ses nouveaux mondes très réussis et la fluidité de son gameplay, Kingdom Hearts Birth By Sleep s’impose rapidement comme un épisode majeur de la saga et un des meilleurs jeux de la PlayStation Portable.
Le 29 mars 2012, Square-Enix poursuit son exploitation des consoles portables avec Kingdom Hearts Dream Drop Distance sur Nintendo 3DS. Se déroulant après Kingdom Hearts II, ce nouvel épisode place alternativement le joueur dans la peau de Sora et Riku, qui passent à leur tour l’examen du symbole de maîtrise en allant déverrouiller les serrures de plusieurs mondes qui ont été restaurés après avoir été détruits par les Sans-Cœur. C’est ainsi qu’ils traversent la Cité des Cloches (Le Bossu de Notre-Dame), la Grille (Tron L’Héritage), le Pays des Mousquetaires (Les Trois Mousquetaires) et la Symphonie du Sorcier (Fantasia). L’univers de Pinocchio ne se contente cette fois-ci pas de Monstro et s’élargit au Paradis des Garnements.
Toujours aussi fluide et agréable, le système de combat permet pour la première fois une interaction avec les éléments du décor. Il devient alors possible de courir sur les murs, de planer et glisser sur des rambardes ou encore d’attaquer les ennemis, appelée Avale-Rêves, en tournant autour de lampadaires. Si le scénario n’apporte pas beaucoup de nouveaux éléments, il a le mérite de préparer le terrain de Kingdom Hearts III en faisant se réveiller les anciens disciples d’Ansem, dont la forme humaine d’Axel, appelé Lea. Un épisode de qualité qui exploite efficacement la 3DS pour nous faire vivre une belle aventure dans de nouveaux univers Disney.
Compiler pour mieux faire patienter
Alors que la saga a finalement renoué avec la qualité des premiers épisodes, Kingdom Hearts III continue de se fait attendre depuis déjà plusieurs années. Bien trop occupé avec le développement chaotique de Final Fantasy XV, Square-Enix change de stratégie pour tout de même exploiter la fin de vie de la PlayStation 3. Le 14 mars 2013 arrive alors la compilation Kingdom Hearts 1.5, qui réunit le premier Kingdom Hearts, Kingdom Hearts Re Chain of Memories et des cinématiques doublées racontant le scénario de Kingdom Hearts 358/2 Days. Le 2 octobre 2014, c’est autour de la compilation Kingdom Hearts 2.5 de réunir Kingdom Hearts II, Kingdom Hearts Birth By Sleep et des cinématiques résumant l’histoire de Kingdom Hearts Re-Coded.
Des rassemblements bienvenus permettant d’homogénéiser les différents épisodes sortis sur un unique support. Au détail près que les doublages français des deux premiers épisodes ne sont plus présents, Square-Enix ayant perdu les fichiers inclus dans les versions d’origine. En parallèle de ces compilations paraît sur navigateur web l’énigmatique Kingdom Hearts χ, renommé Kingdom Hearts Unchained χ pour son portage mobile en 2015 puis Kingdom Hearts Union χ en 2017 (vous suivez ?). Cherchant une fois de plus à élargir le scénario de la saga pour encore plus complexifier Kingdom Hearts III, son scénario se déroule plus de cent ans avant celle du premier jeu, bien avant la Guerre des Keyblades. Censé être accessible aux néophytes, il arbore un design vu et revu sur mobile et manque fortement de confort pour inciter les joueurs à s’y attarder.
Mais Kingdom Hearts III devenant une véritable arlésienne au même titre que Final Fantasy VII Remake, Square-Enix sort une troisième compilation le 12 janvier 2017. Appelée Kingdom Hearts 2.8, elle rassemble Kingdom Hearts Dream Drop Distance, un film d’une heure appelé Kingdom Hearts χ Back Cover et un prolongement pour Kingdom Hearts Birth By Sleep. Principal intérêt de cette compilation, Kingdom Hearts 0.2 Birth by Sleep – A Fragmentary Passage retrace en quelques heures l’errance d’Aqua dans les Ténèbres. Tandis que la sortie de Kingdom Hearts III commence à se rapprocher, Square-Enix surenchérit en sortant la compilation de compilations Kingdom Hearts 1.5 + 2.5 sur PlayStation 4 le 9 mars 2017, puis la triple compilation Kingdom Hearts The Story So Far le 30 octobre 2018, qui regroupe à la fois la 1.5, la 2.5 et la 2.8.
Le messie Kingdom Hearts III
Après de longues années d’attente, soit plus de treize ans après la sortie du deuxième épisode, Kingdom Hearts III arrive enfin sur PlayStation 4 et Xbox One le 25 janvier 2019. Malgré un développement chaotique, le jeu exploite pleinement les capacités de son support. Sans être une claque graphique comme Resident Evil 2 Remake qui sortait au même moment, Kingdom Hearts III comporte des représentations magnifiques des univers Disney qu’il propose. Les environnements sont détaillés et possèdent de très vases zones de jeux, avec la possibilité de marcher sur certains murs et d’atteindre des hauteurs rendant les lieux impressionnants.
Les nouveaux univers Disney sont globalement de très grande qualité, entre la chambre d’Andy et le grand magasin de jouets de Toy Story, la forêt et le royaume de Raiponce, les pleines enneigées et le labyrinthe de glace de La Reine des Neiges. Restent la zone de Monstres & Compagnie assez complexe à appréhender, ainsi que l’immense ville des Nouveaux Héros qui est vraiment trop peu exploitée dans la quête principale. On retrouve également un monde d’Hercule de grande qualité grâce à ses nouveaux environnements, ainsi qu’un mini open world en bonne partie sur l’eau avec le retour de Pirates des Caraïbes, qui nous met cette fois-ci face à Davy Jones. Le jeu est d’une fluidité irréprochable, promettant des combats toujours aussi agréables et dynamiques. Si le level design et le gameplay sont largement à la hauteur des deux premiers épisodes principaux de la saga, le scénario s’est quant à lui bien trop complexifié avec les années et le sentiment de redite avec Kingdom Hearts II et Dream Drop Distance se fait fortement ressentir.
Malgré de bons éléments, la narration manque de clarté avec les personnages qui n’en peuvent plus d’apparaître et de disparaître après avoir lancé une énième phrase philosophique alors que la goutte d’eau avait déjà débordé depuis longtemps. La fin secrète annonce même que tout est loin d’être terminé, montrant ainsi l’importance du scénario de Kingdom Hearts χ. La fin de la saga Xehanort s’avère alors bien décevante comparée à ce qui avait été amorcé il y a déjà de nombreuses années. Pour autant, la plaisir de jeu reste intact et Kingdom Hearts III a magnifiquement su conserver l’identité de la saga au niveau de son game design, et rien que pour ça, il constitue le joyeux événement que les fans attendaient depuis bien longtemps !
Héritage
Après vingt ans d’ancienneté et une dizaine de jeux sortis, Kingdom Hearts confirme son statut de saga majeure du jeu vidéo. Alors que Kingdom Hearts Melody of Memory suit la lignée des Theatrhythm Final Fantasy et Dragon Quest dans un jeu de rythme permettant de reparcourir les magnifiques mélodies de Yoko Shimomura, l’ensemble de la saga élargit sa disponibilité sur Switch, Xbox et PC. Sora devient même le dernier personnage jouable du prolifique Super Smash Bros. Ultimate. Il est également possible de revivre le scénario avec les mangas ayant adapté Kingdom Hearts, Kingdom Hearts Chain of Memories, Kingdom Hearts II, Kingdom Hearts 358/2 Days tandis que le premier tome de Kingdom Hearts III est déjà disponible. Pour une rétrospective et une analyse poussées de la saga, vous pouvez également vous plonger dans les ouvrages La Légende Kingdom Hearts de Third Editions, ou encore Kingdom Hearts À la Croisée des Mondes paru chez Ynnis Edition.