Afterimage, entre classicisme et univers enchanteur
Aller, je me lance : le milieu du jeu vidéo indépendant a un peu de mal à se renouveler depuis quelques années, d’un strict point de vue des concepts. Depuis quelques années, cette partie de l’industrie tente surtout de se faire une place au soleil, et je constate de moins en moins de folie créatrice. Beaucoup d’expériences narrative, et des itérations de certains genres jusqu’à la lie. Et le Metroidvania en fait partie. Du coup, quand Afterimage a montré le bout de son nez, on se demandait bien ce qu’allait apporter cette expérience. Eh bien, tout de go, je peux vous dire que le résultat est très bon, comme quoi l’originalité n’est pas une priorité.
Afterimage nous propulse en Engardin, un univers à la direction artistique entre fantasy, post-apocalyspe et manga, et ce même si le studio de développement, Aurogon Shanghai (ici édité par Modus Games) est chinois. Le joueur y incarne Renée, une jeune femme quasi-invincible dont la destinée est d’assurer aux morts de le rester. Car, dans ce monde, Dieu est mort et les calamités se succèdent, dont le retour à la vie des défunts. Accompagnée par une sorte de fée nommée Ifree, notre avatar quitte son village comme chaque jour, pour accomplir sa mission. Seulement, ce jour-là, le lieu jusqu’ici sécurisé va être victime d’une attaque, et réduit en cendres, et son maître pris en otage. Voilà donc une bonne raison de partir en quête de vengeance et de réponses. Le scénario se fait donc assez simple à suivre, sans aucun rebondissements à attendre. Est-ce un mal ? Non, je peux même écrire que cette tonalité est idéale pour ce Metroidvania 2D très versée sur l’exploration, en nous laissant l’esprit libre. On a aussi droit à des missions secondaires parfois bien écrites, et des PNJ apportant tout de même un peu de relief. Surtout, la narration par la découverte de l’environnement est des plus importantes et réussies, ce qui pousse à fouiller, un bon point. Et bonne nouvelle, les sous-titres sont disponibles en français.
Comme tout Metroidvania, Afterimage va donc diviser son monde en plusieurs zones, et certaines ne seront accessibles qu’après avoir débloqué certaines capacités comme le dash. Comme je vous l’écrivais plus haut, c’est très classique dans la construction, et même l’aspect RPG n’apporte pas de surprise dans le concept. Par contre, les développeurs se sont attelés à rendre toutes les mécaniques efficaces, agréables à maitriser. Ainsi, l’équilibre entre exploration, plates-formes et combats ne prend pas de risque mais se révèle assez exemplaire. Ces derniers sont l’une des forces de cette expérience : les ennemis ont tous des patterns intéressantes à déchiffrer, et l’armement de Renée (qui peut s’équiper de deux armes) laisse au joueur la possibilité de bien opter selon ses préférences. La difficulté est d’ailleurs assez relevée, sans pour autant qu’on puisse vraiment qualifier le soft de Souls-like, et ce même si l’une des mécaniques de ce genre est bien invoquée (l’échec sanctionnée d’une partie de votre butin, et récupérable en rejoignant la dépouille). Ce sont surtout les boss qui apportent énormément de challenge, j’ai pas mal bloqué contre certains…
Une durée de vie impressionnante
En battant des ennemis, l’avatar engrange de l’expérience pour devenir de plus en plus puissante via un gain de statistiques et de talents. Je n’ai pas ressenti de besoin en terme de levelling, les développeurs d’Afterimage ont donc bien lissé la courbe de difficulté et de progression. Aussi, Renée va pouvoir acquérir tout un tas d’équipements pour maximiser les forces de l’avatar, qui ne cessera donc de gagner en puissance et en nervosité. Tout cela fonctionne très bien, assurant une bonne dose de fun. Cependant, tout n’est pas parfait, et l’on peut formuler des pistes d’améliorations pour le studio. Tout d’abord, il est dommage de nous proposer un compagnon mais de ne pas lui assigner la moindre importance pour le gameplay. C’est mignon, mais c’est tout. Ensuite, j’ai un peu pesté contre le dash, qui n’offre pas de frame d’invincibilité comme c’est toujours le cas, ce qui en atténue l’intérêt. Surtout, c’est le backtracking qui est au centre de les reproches : il est lié à l’utilisation d’un objet assez rare, et ça nous pousse donc à parfois de grandes traversées indésirées.
Mais Afterimage mérite qu’on termine son tour d’horizon par de bonnes pensées, car l’expérience globale est positive. Tout d’abord, la durée de vie est impressionnante : comptez au moins trente heures pour l’histoire principale, mais bien le double pour qui veut tout voir et tout faire. Oui, c’est énorme pour un jeu du genre. Ensuite, la direction artistique est une grande réussite. Les environnements se renouvellent bien, sont colorés et fouillés. Et le character design se révèle séduisant au possible. La musique suit la même tendance, avec des mélodies poétiques, parfois un peu mélancoliques, ce qui accompagne bien l’ambiance du soft. Enfin, sachez que le titre a droit à une version physique, assurée par Just For Games, parfait pour la collection !