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Ys VIII : Lacrimosa of Dana – Test – PlayStation 5

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Ys VIII : Lacrimosa of Dana reste un chef-d’œuvre sur PS5

Quelle trajectoire pour Ys VIII : Lacrimosa of Dana et, plus globalement, pour l’une des deux licences-reines de Nihon Falcom ! Si la série n’était jusqu’ici pas des plus populaires au-delà d’une fanbase solide, cette injustice est aujourd’hui en passe d’être réparée. Et c’est sans aucun doute grâce à cet opus, originellement paru en 2016 sur… PlayStation Vita. Pas la plateforme la plus porteuse vous en conviendrez, mais le studio a de suite enchainé en le portant sur PlayStation 4, avec au passage quelques gros apports concernant toute la partie centrée sur Dana. Au final, ce sont plus de 500 000 copies vendues (et il est difficile de savoir où elles en sont aujourd’hui avec l’apport des versions Switch et PS5), et une popularité en Occident toujours plus grande, ce qui se vérifie avec les attentes autour du dixième épisode. Alors, pourquoi cet engouement ? Réponse dans le test de l’un des meilleurs A-RPG, toutes époques confondues.

Si ce test d’Ys VIII : Lacrimosa of Dana abordera évidemment l’intérêt de cette version PlayStation 5, je ne peux m’empêcher de revenir sur les forces et faiblesses de ce grand jeu. Avant d’aller plus loin, il faut rappeler que la licence a la particularité, comme les Tales of ou les Final Fantasy, de pouvoir être joué dans n’importe quel ordre. Ys a été finement pensé notamment par Masaya Hashimoto et Tomoyoshi Miyazaki (tous deux partis fondés, en 1989, le studio Quintet, celui d’ActRaiser et Terranigma) autour d’un personnage principal : Adol Christin. Dans cet univers entre la pure fantasy et le médiéval, il est question de suivre les pérégrinations de ce courageux avatar, au travers d’aventures contée dans des livres que l’on nous présente sous forme de jeux. C’est malin, et comme le lore nous informe qu’il en existe une centaine, ça laisse beaucoup de liberté et de temps à Nihon Falcom. Cela évite aussi les casses-têtes de timeline (coucou The Legend of Zelda), laquelle est ici bien solide, et constitue finalement le seul fil rouge de la licence. Bref, si vous vous posiez la question : commencer par ce huitième soft n’est en rien handicapant pour la bonne compréhension de l’univers, même si je vous recommande d’enchainer au plus vite avec Ys Origin pour capter quelques enjeux au niveau macro.

L’excellente histoire d’Ys VIII : Lacrimosa of Dana s’inscrit dans la vingt-et-unième année d’Adol Christin. Alors que ce dernier, toujours accompagné du fidèle Dogi, a embarqué sur le Lombardia, un bateau faisant la navette entre entre Xandria et Eresia. Alors que le voyage se fait sans trop de remous dans la mer de Goethe, malgré un passager clandestin et quelques petites discordes à découvrir dans l’agréable introduction, une tempête se déclare. Et, au milieu d’elle, un gigantesque monstre marin attaque le navire et parvient à le couler. Adol se réveille alors sur une plage de l’île Sirène, ce qui rappelle évidemment un certain Link’s Awakening. Loin de désespérer notre aventurier, cette situation le pousse à se mettre en route, dans l’espoir de rencontrer des survivants mais aussi avec l’envie d’explorer les environs. C’est ainsi qu’il rassemble les naufragés, qui rejoindront tous un endroit sécurisé (mais parfois pris d’assaut par des monstres) devenant en fait un véritable quartier général évolutif au sein duquel on pourra non seulement se ressourcer mais aussi se lancer dans des quêtes secondaires, troquer etc.

Une véritable ode à l’aventure et à la découverte

Ys VII avait introduit le switch entre différents protagonistes, et cette feature revient ici mais avec un intérêt grandissant pour le scénario, avec à la clé un personnage qui apporte carrément une narration parallèle : Dana. Car, au fur et et mesure de ses pérégrinations, Adol va comprendre que l’île Sirène est bien plus que ce qu’elle semble être. Et, au-delà de cette montagne au loin, se cache les vestiges d’une ancienne civilisation, disparue suite à un cataclysme baptisé Lacrimosa. C’était il y a bien longtemps et Dana l’avait alors amenuisé avant de se plonger dans un coma duquel elle doit se réveiller afin d’empêcher le prochain. Et le temps est venu. Cet opus fut pensé par Nihon Falcom comme celui de la dramatisation : le scénario devait provoquer plus d’émotions. C’est une réussite totale tant le joueur passe par différentes phases, entre le sentiment grisant provoqué par l’exploration de lieux très diversifiés, mais aussi celui beaucoup plus tendu et mélancolique lié à la découverte de la trajectoire de Dana et du peuple Eternien. La narration à travers les époques (le présent, et le passé très lointain) est hyper efficace : ça apporte des détails très utiles pour la bonne compréhension de l’ensemble mais aussi l’attachement aux personnages, mais aussi des moments de respiration. Tout cela explose dans une deuxième partie hyper rythmée, jusqu’à une fin parmi les plus réussies du genre, émouvante comme rarement. Seule ombre au tableau, les sous-titres français sont bien présents mais approximatifs et bourrés de coquilles, contrairement à ceux d’Ys IX : Monstrum Nox. À tel point que, si vous maitrisez bien l’anglais, je vous conseille d’opter pour cette traduction.

L’une des constantes de la licence, avec Adol Christin, n’est autre que la nervosité du gameplay. Ys VIII : Lacrimosa of Dana ne fait pas que suivre cette tendance, il la propulse vers des sommets que n’égalera que, pour le moment, le neuvième opus. On est donc dans un Action-RPG à la troisième personne, comprendre par là que les combats se font en temps réel. Ces derniers sont l’une des grandes, très grandes réussites du titre. Ils appliquent l’adage du « easy to learn, hard to master » : peu de boutons sont mis à contribution, mais les mécaniques apportent énormément de profondeur. Différents personnages rejoignent Adol dans son périple, et tous s’accompagnent de différents types de dégâts. Bien entendu, le très varié bestiaire exploite cela avec des forces et faiblesses. Du coup, on change de protagoniste à la volée, avec une rapidité savoureuse. Comme tout bon jeu de rôle, on amasse de l’XP, on gagne des niveaux pour devenir de plus en plus costaud, on acquiert de l’équipement de plus en plus en plus puissant, mais ce n’est pas tout. On obtient aussi des skills uniques selon les combattants, ce qui évidemment pousse à les développer. Ils sont à assigner et à faire évoluer en les utilisant, un peu comme les magies d’un Secret of Mana. J’ajoute une super attaque EXTRA propre à chacun, je secoue et j’obtiens un système parmi les plus funs à ce jour, jusque dans des combats de boss particulièrement épiques. Et que les allergiques à la difficultés se rassurent, il existe un mode Facile.

Mais des combats géniaux et un scénario passionnant ne suffiraient pas à Ys VIII : Lacrimosa of Dana pour en faire un grand jeu, il fallait aussi que l’exploration soit au niveau. Et là… c’est encore mieux que le reste ! Si la licence est une véritable ode à l’aventure, cette opus en est clairement le capitaine. Tout est sujet à l’émerveillement : la cartographie fonctionne de manière exemplaire, surtout qu’elle est aidée par une logique visuelle des lieux. Oui, un peu comme dans les jeux Fromsoftware, on voit au loin ce qui sera bientôt possible de rejoindre dans ce monde semi-ouvert, organisé en zones. Et c’est jouissif au possible. Cet épisode, peut-être encore plus que les autres, cultive l’accomplissement, la sensation d’être au premier rang d’une grande épopée. C’est aussi grâce à la bonne maitrise du contexte. Trouver des naufragés, ce n’est pas seulement un apport pour le scénario : le gameplay s’en trouve impacté. Des endroits ne sont accessibles que si vous disposez d’assez de mains pour ouvrir le passage. Rajoutons aussi du gros craft grâce non seulement au loot mais aussi au nombreux trésors parfois bien cachés, et l’on obtient un game design qui cultive ce besoin d’aller toujours plus loin.

Combat, durée de vie, tout est jouissif

Cette grande aventure se devait de se développer dans un contenu digne de ce nom. Là encore, Ys VIII : Lacrimosa of Dana fait les choses en grand. Je passe volontairement sur pas mal d’activités qui vous attendent, comme la défense du quartier générale, pour vous en laisser l’entière surprise. Par contre, sachez que l’aventure principale vous occupera à peu près quarante heures, tandis que la complétion vous demandera de quasiment doubler ce chiffre. C’est donc très conséquent, mais ce n’est pas tout : la rejouabilité est prodigieuse grâce à un end game faramineux. Même si la fin du scénario est si poignante qu’on a un peu de mal à enchainer (un syndrome bien connu des fans de JRPG), lancer la sauvegarde « Cleared » est une expérience incroyable. Bien sûr, vous pourrez emporter certaines choses (vos niveaux, le pourcentage d’exploration etc) ou essayer une nouvelle difficulté. Sachez d’ailleurs que les modes Cauchemar et Infernal font passer les Souls-like pour de petits jeux pas trop compliqués, ça a pas mal ragequit par ici. Au-delà de ça, vous pourrez essayer à un gros donjon bonus en forme de gros challenge, de gagner plus de réputation afin d’obtenir la vraie fin, etc.

Il est désormais temps d’aborder ce qui est plus sujet à débat quant à l’expérience d’origine. La technique d’Ys VIII : Lacrimosa of Dana est celle d’un jeu PlayStation Vita. Oui, les textures sont presque aussi préhistoriques que les monstres rencontrés sur l’île Sirène, et les animations raides au possible. Heureusement, le soft est dénué de tout bugs, c’est propre à ce niveau. De même, la direction  artistique reste une pépite indéniable : les couleurs se marient parfaitement avec le caractère insulaire de l’œuvre, faisant de ce titre le compagnon parfait d’un début d’été. Et cela se prolonge jusque dans la bande originale, un véritable délice. La musique a toujours été un point fort de la licence, mais celle de cet épisode est clairement la meilleure à ce jour au sein de cet univers. Vous serez émus par le thème du titre, ou encore idéalement motivé par la très rock progressive Sunshine Coastline. Finalement, le seul regret tourne autour… de cette version PlayStation 5. Soyons clairs : à part le 4K, le soixante images par secondes constants et les temps de chargement presque inexistants, elle n’apporte rien. Pas même un petit bonus de contenu. Du coup, cette sortie s’adresse avant tout aux joueurs qui seraient passés à côté de ce chef-d’œuvre ludique. Ceux-là n’ont plus aucune excuse (en plus, l’éditeur NIS America assure une sortie boîte), surtout que cette édition contient tous les DLC parus à ce jour.

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