Rhapsody : Marl Kingdom Adventure gâte les fans de J-RPG
Quelques mois après m’avoir comblé de bonheur en nous (re)sortant Rhapsody : A Musical Adventure dans l’excellente compilation Prinny Presents NIS Classics Volume 3, voilà que le très précieux éditeur NIS America va encore plus loin. Car, si le premier opus de cette trilogie était déjà paru en Europe (en 2009 sur Nintendo DS, soit près de dix longues années après sa sortie initiale au Japon !), les deux suites n’avaient pas eu droit à ce traitement. Alors certes, on parle bien de J-RPG de niche, mais les fans de Nippon Ichi Software, ces gens de bon goût, savent à quel point chacun de leur titre est important, renferme une bonne dose de fun. Alors, c’est avec délectation que j’ai foncé sur Rhapsody : Marl Kingdom Chronicles, sorte de fantasme devenu réalité.
Rhapsody : Marl Kingdom Chronicles embarque donc deux jeux, Rhapsody II : Ballad of the Little Princess et Rhapsody III : Memories of Marl Kingdom. Si l’on ne peut que féliciter NIS America pour cette importante sortie dans le cadre de la préservation du jeu vidéo (une industrie qui, dans un futur moyen, aura bien des difficultés dans ce domaine, vous verrez), je me dois tout de même d’exprimer deux regrets. Le premier, c’est évidemment l’absence du premier opus. Cela va vous pousser à acheter la compilation Prinny Presents NIS Classics Volume 3, car cette base me paraît importante afin de comprendre l’univers. Oui, vous pourrez très bien découvrir les deux titres ici présents sans avoir joué au premier opus, mais vous passerez tout de même à côté de pas mal de clins d’œil. Ensuite, l’absence de sous-titres français pourra refroidir certains. Bon, je reconnais que ce dernier bémol est à relativiser : n’importe quel vrai fan de J-RPG sait depuis longtemps que la maitrise de l’anglais est une condition sine qua non pour bien profiter de ce genre. Et encore, les seuls anglophones ont aujourd’hui de la chance car, bien avant, il fallait carrément apprendre le japonais sur le tas. Et je vous parle d’expérience.
Si ce test de Rhapsody : Marl Kingdom Chronicles revient globalement sur les deux jeux sans trop s’attarder sur les détails des deux, il faut tout de même aborder les scénarios. J’ai une nette préférence pour le récit de Rhapsody II, car il se déroule dans la droite lignée du premier en proposant une narration limpide. Le joueur y incarne la jeune princesse Kururu, fille de la reine Cornet (que l’on a joué dans le premier épisode, donc). Désirant partir en épopée pour trouver son propre prince charmant, elle va devoir faire face à un dragon, ce qui sera le point de départ à une intrigue bourrée d’humour grinçant, de personnages secondaires mémorables, et de conflits assez sombres. C’est hyper rythmé, drôlatique, et même intelligent dans les thèmes abordés. L’aventure se termine de manière très ouverte, et l’on sent que les développeurs avaient déjà en tête Rhapsody III. J’aime moins sa structure, avec une narration éclatée en plusieurs chapitres se déroulant sur une timeline un peu bordélique. Si tout cela se justifie par un artifice là encore intelligent à bien des égards, avec en bout de tunnel une apothéose stylistique inoubliable, il faudra tout de même s’armer de patience et parfois perdre un peu pied. Je conseille de faire les trois jeux d’affilée, et dans ce cas les événements du troisième épisode paraitront beaucoup plus clairs.
Deux comédies musicales aussi déjantées que funs
Outre son univers délicieux, la licence propose aussi des spécificités de gameplay très intéressantes, une constante chez Nippon Ichi Software. Tout comme pour le premier opus, ceux contenus dans Rhapsody : Marl Kingdom Chronicles sont des J-RPG… mais ils abandonnent le Tactical à la Tactics Orgre. On retrouve donc un système de combat en tour par tour, mais évidemment avec des twists. Pour Rhapsody II, il s’agit d’une mécanique nommée Puppets, assez proche dans l’esprit de ce qu’on trouve dans Pokémon (ce qui est assez compréhensible, cette suite étant sortie en plein boom du hit de Game Freak). Il faudra en capturer, puis utiliser leurs attaques en combat contre de la monnaie. Une profondeur bienvenu, et une difficulté globalement plus prononcée que dans le précédent opus. Bien entendu, l’impact de la musique reste prépondérant, avec une jauge musicale rattachée à l’attaque ultime (et pâtissière) de notre avatar. Tout juste puis-je regretter une exploration toujours aussi peu poussée, mais trouver des trésors reste agréable. Rhapsody III garde les acquis du second épisode, mais le pousse encore un peu plus loin avec une équipe de douze combattants dont seuls quatre sont jouables. Les autres se contentent d’attaquer de manière plus ou moins aléatoire. Les Puppets reviennent, avec comme différence une jauge SP prenant lieu et place de la monnaie afin d’être invoqués. Pour cette troisième aventure, l’exploration est un peu plus intéressante, mais elle reste tout de même un peu anecdotique. Surtout dans les donjons, dont le level design est linéaire au possible.
Rhapsody : Marl Kingdom Chronicles propose deux J-RPG dont le trip se veut différent des autres softs du genre. C’est aussi vrai dans l’histoire que dans le contenu. Le duo ici présent se termine, en tout et pour tout, en une quarantaine d’heures, soit une vingtaine par aventure. Cela peut sembler peu, mais ça se justifie pleinement, et je préfère des expérience « courtes » (c’est relatif, cela reste tout de même conséquent) mais intenses, que longues et ennuyeuses. N’est-ce pas, Final Fantasy XVI. Hum. Et comme il s’agit de simples portages, il ne faut attendre aucun bonus. Coté technique, le résultat est satisfaisant. Il ne s’agit pas de remakes, donc on garde l’aspect d’époque, donc bien rétro. Et comme, selon moi, les J-RPG époque PlayStation 2, sont les plus beaux, je suis ravi. Surtout par Rhapsody III, dont le mélange de 2D et de 3D fonctionne à merveille. Aux musiques, on retrouve Teinpei Sato, compositeur historique des Disgaea (jusqu’au sixième, malheureusement), et c’est toujours une gigantesque réussite. Les thèmes sont admirables, accompagnent parfaitement ces comédies musicales décidément marquantes.