Mon-Yu, le D-RPG à l’ancienne a encore du charme
Paru dans une certaine indifférence, et surtout entre deux grosses sorties (un peu boring cette année, il faut bien l’écrire), Mon-Yu a tout de l’expérience de niche. Et, comme souvent en ce moment, j’en reste comme deux ronds de flan : voir ce genre de J-RPG sortir officiellement en Europe, c’était inespéré pour un vieux de la vieille comme votre humble serviteur. Je rappelle que, à l’époque, j’ai dû acheter un adaptateur à emboiter dans ma Super Nintendo afin de découvrir Final Fantasy VI ou Chrono Trigger ! Bref, c’est un régal que d’accueillir ce genre de soft, ici un Donjon-RPG tout aussi classique qu’efficace. Et distribué en édition physique par Just For Games, s’il vous plaît !
Mon-Yu (dont je vous laisse découvrir le gigantesque sous-titre un peu plus haut) s’adresse avant tout aux joueurs cherchant une expérience en forme d’hommage à un genre bien spécifique : le D-RPG. Avant d’aborder le gameplay, cela se vérifie dans le récit. Vous le savez, je n’ai pas apprécié la route empruntée par FF XVI, notamment à cause d’un scénario trop présent, étouffant un game design fatalement impacté. Ici, comme pour le reste on le verra plus bas, on va à l’essentiel. Il est question de sept rois démons ayant volé tous les trésor du Royaume des fées, Tir na Balc. Le joueur est donc appelé par la reine Eternia, afin de se rendre dans la tour Yggdran afin de récupérer tout ça et de réduire la menace à néant. Il ne faudra pas attendre de retournements de situation, ni d’une quelconque complexité… et c’est tant mieux pour ma part. On a donc une motivation, un univers baignant dans la fantasy, tout est agréable et non dénué d’humour. Seul petit regret : les sous-titres sont disponibles uniquement en anglais. Mais entre nous c’est déjà très, très inespéré de pouvoir découvrir tout ça sous nos latitudes que l’on ne peut que s’en contenter.
Mon-Yu n’est pas une expérience en phase avec son époque, et c’est un parti-pris maitrisé de la part du très doué studio de développement Experience. Si vous connaissez les précédents travaux de cette entité, comme les deux Demon Gaze, vous savez à quel point le genre D-RPG c’est leur dada. On retrouve donc toutes les mécaniques inhérentes à ce genre : on a un hub avec toute l’activité d’organisation (construction de groupe, magasin, etc), et le donjon. Celui-ci est organisé en étages au level design persistant (on n’est pas dans un mystery dungeon), avec des déplacement en vue subjectif sur un terrain en damier dont l’entièreté se dévoile quand on la foule. Les combats se font au tour par tour, on gagne de l’XP, les niveaux se glanent par le biais des menus, on récupère aussi des équipements de plus en plus puissants. Bien entendu, l’on ne se retrouve pas isolé, il faut surtout bien s’entourer et, pour ce faire, passer du temps dans le build de personnages que l’on doit penser surtout en terme d’utilité. Donc, vous me voyez venir, de classe. Celles-ci sont au nombre de huit, assez classiques (magicien, mage, clerc, etc) et surtout offrant assez de possibilités afin que chaque style de jeu puisse s’y retrouver. Aussi, l’on pourra aller plus loin en ajoutant plus tard une sous-classe. Toute cette base est solide au possible.
Un jeu qui plaira aux fans du genre… et seulement à eux
À mes yeux, le D-RPG doit son charme à la consistance de son game design, mais aussi à sa bonne courbe de difficulté. Là encore, Mon-Yu rend une copie tout à fait satisfaisante. Cela notamment grâce à la sélection, en début d’aventure, du style de jeu. Ils sont au nombre de trois : Insouciant, Standard et Défi. Pour faire plus simple : Facile, Normal et Difficile. C’est surtout Défi qui sort de l’ordinaire, particulièrement dans la découverte de la map, beaucoup plus exigeante. Les combats (au tour par tour), eux, vont certainement surprendre les novice du genre. Oui, c’est difficile et il va souvent falloir passer par la case du levelling. Les adversaires, qui apparaissent sur l’ATH sous la forme traditionnelle de crânes, vont vous opposer un sacré challenge. Heureusement, l’on peut un peu choisir si l’on s’engage dans la bataille ou pas, grâce au code couleur de ces crânes. Les rouges, immobiles, sont classiques. Les bleus, fuyant notre avancée, renferment des monstres intéressants à battre. Les verts, mobiles, sont déjà plus costauds. Et les roses, qui vous pourchassent, vous feront faire des cauchemars. On va donc vadrouiller dans des donjons afin d’en battre le boss. Cette tâche accomplie, on passe à un nouveau lieu, un nouveau boss. La structure se fait certes répétitive, pensée avant tout pour les amateurs du genre, mais si l’on accroche à la boucle de gameplay alors c’est très agréable.
La durée de vie de Mon-Yu est sans aucun doute mon seul regret. Attention, le jeu est tout de même assez long, avec une aventure vous demandant une bonne grosse trentaine d’heures d’implication. Mais aucun contenu annexe ne vient gonfler tout ça, et je n’ai pas senti le besoin d’y revenir, outre le possible challenge du mode Défi. Techniquement, mon avis est clairement entre deux eaux. Si j’ai apprécié la direction artistique, développée à base d’artworks sans grande originalité mais parfois très jolis (l’introduction en est un bon exemple), je ne peux cacher une petite déception concernant les animations très primaires. Oui, c’est là encore très traditionnel dans ce genre, mais les environnements gagneraient en intérêt avec un peu plus d’effets. Les menus, et globalement l’ergonomie, a aussi de quoi faire tiquer : les menus sont trop nombreux, changer d’équipement est trop long. Bref, sur ce point précis l’aspect daté est un handicap. Cependant, il ne faut pas trop noircir le tableau : ça reste très propre dans les textures et, heureusement, la fluidité n’est jamais mise à mal. Enfin, les musiques sont assez entrainantes, mais le nombre de thèmes est trop peu nombreux.