South Park : Snow Day, un petit plaisir coupable
Comme souvent, j’aime débuter mes tests en évoquant mes souvenirs de joueur quarantenaire. Prenons la machine à remonter le temps, direction 1999, alors que la Nintendo 64 est désormais très bien installée après le lancement stratosphérique de The Legend of Zelda : Ocarina of Time. Je me souviens parfaitement, en cette époque bénie, lire et relire mes magazines, et certains nous tenaient au courant de l’avancée d’un projet très surveillé : la première adaptation de South Park, une série alors sur toutes les langues. Cet engouement ne sortait pas de nulle part, puisque cette édition d’Acclaim était développée chez le studio Iguana Entertainment. Un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais qui figurait parmi les grands noms de la N64 grâce à un certain Turok, grand FPS qui me file encore le frisson. Le résultat ne fut pas des plus convaincants, et la déception de l’époque fut difficile à balayer. Quelques années plus tard, c’est Obsidian qui releva le niveau avec deux RPG restés dans les mémoires. Du coup, si je me fiais à cette courbe de progression, il était logique de nourrir quelques espoirs avec South Park : Snow Day, cette fois édité par THQ Nordic.
Avant d’aller plus loin, il faut de suite préciser que South Park : Snow Day ne s’inscrit pas dans la même veine RPG que ses deux prédécesseurs. Cela peut être décevant pour certains. Pour ma part c’est une excellente chose tant ce genre est sur-usité en ce moment. Mais de là à aller vers la pure action en multijoueur, c’est clairement surprenant. Bref, on y reviendra plus bas. Pour le moment, il faut souligner la plutôt belle qualité de ce jeu : le scénario. Pour faire vite, une tempête de neige menace de s’abattre sur la petite ville presque tranquille, et Cartman ne peut s’empêcher de prier pour qu’elle pousse l’école à rester fermer au moins une journée. Dieu l’entend, et voici notre lourdingue préféré replongé dans son rôle de grand sorcier, lequel accueille un nouveau. Oui, votre avatar. Et vous voilà embarqué dans une histoire évidemment très grossière, et surtout très drôle, bourrée de références et même doublé en français. Alors certes, c’est très loin d’être aussi encyclopédique que chez Obsidian, mais j’ai tout de même bien rigolé. Et c’est le principal.
South Park : Snow Day fait le choix de l’action en 3D. On a droit à cinq niveaux à vider de ses objectifs, qu’ils soient d’exterminer tous les ennemis ou de récupérer un objet avant de l’emmener sur un endroit précis. Cela se terminant, pour chacun des niveaux, par un combat de boss. Le sel de la recette est apporté par une mécanique un peu Roguelite, par le biais d’une table de guerre permettant de choisir des bonus provisoires par le biais de cartes. Celles-ci pourront être assez banales (mais efficaces), mais aussi être ce qui est intitulé ingame des règles à la con. Là, c’est plus farfelus, plus dans l’esprit de la licence, et je vous en laisse l’entier plaisir de la découverte. Seulement voilà, il s’agit de la seule mécanique apportant de la profondeur, les combats s’avérant très simples voire simplistes. Un coup léger, une charge, un enchainement, une attaque à distance, et c’est tout. Surtout, le multijoueur ne se justifie pas vraiment, puisque le groupe créé manque de cohésion avec des classes pas vraiment importantes.
Du potentiel mais trop léger sur le contenu
Et pourtant, malgré son côté assez superficiel, je me suis tout de même amusé. Car South Park : Snow Day fait appel à des plaisirs simples, aussi bien visuellement que manette en mains. S’il est très, très fun de voir Monsieur Le Chat uriner sur nos ennemis, c’est aussi assez agréable que de molester ces dernier afin de récupérer du PQ (denrée devenue rare dans la ville suite à la panique, ça nous rappelle quelque chose) pour se payer des cartes bonus de plus en plus puissantes grâce à un rang de rareté. Il est aussi question de récupérer un peu de caca un peu partout, cette fois-ci pour améliorer ses statistiques comme l’endurance par exemple. Alors certes, la dimension exploration des niveaux est très mince, on ne fait que les traverser et aller au plus vite vers les objectifs. De plus, l’intelligence artificielle fait un peu baisser l’intérêt pour la tactique, et le résultat se fait bourrin au possible. Dommage, mais au moins l’expérience ramassée, assez pure en fait, peut largement plaire à ces joueurs qui en ont un peu assez de ces open world interminables.
South Park : Snow Day peut donc rejoindre les rangs des plaisirs coupables. Même si mon vrai regret concerne le contenu. C’est très mince, la rejouabilité finalement en berne même si les développeurs sont entrain de gonfler tout ça. Avec, c’est à noter, un récent DLC apportant un mode Horde plutôt réussit. Et l’on pourra tout de même se lancer dans une quête au 100% avec des éléments cosmétiques à débloquer avec des pièces en platine. Mais bon, il manque tout de même une dimension fan service, un musée. Enfin, il faut aborder le côté technique. Personnellement, je regrette le passage à la 31d, même si la direction artistique n’est pas désagréable. Les modèles 3D sont fidèles à l’esprit de la série, mais pas les animations pas assez raides. Les textures se font un peu pauvres, mais ça rentre dans l’esprit de la licence. La fluidité n’est pas vraiment mise à mal, par contre les serveurs ne sont pas des plus stables. Plus dommage, ils sont assez vides en journée. Mon conseil : attendez le soir, les américains viennent parfois mettre de l’ambiance. Signalons la belle qualité des doublages français, assurés par les acteurs officiels de la série. Et ça, c’est une délicieuse friandise.