Marvel vs Capcom Fighting Collection : la baston 2D la plus spectaculaire
Oui, en ce moment je suis d’humeur rétro. Très rétro. Les récentes annonces venues de l’industrie (comme pendant ce très décevant State of Play de septembre 2024) ont bien du mal à m’ambiancer. Et, pendant ce temps, on est beaucoup à redécouvrir le bonheur de simples pixels mariés à des game design toujours aussi efficaces. Bref, le jeu vidéo continue à procurer du plaisir pour tout le monde, même pour les gamers expérimentés ! Et Capcom, en ce moment, fait le boulot pour les nostalgiques ! Entre la resortie de tous les Ace Attorney, le remaster de Dead Rising, les Mega Man etc, on a de quoi faire. Et en cette rentrée, Marvel vs Capcom Fighting Collection me replonge dans de bien de doux souvenirs, tout en s’imposant comme une compilation de titres toujours aussi géniaux.
La simple annonce de Marvel vs Capcom Fighting Collection avait suffit à me provoquer une chair de gallinacée corsée. Je ne vais pas le cacher, c’est principalement Marvel vs Capcom 2 qui créé cet émoi (et un peu X-Men vs Street Fighter), et pour cause. Vous ne pouvez imaginer toutes les après-midi et soirées passées entre amis, désormais perdus de vue, à se bastonner virtuellement sur cette perle dans la joie et la bonne humeur mauvaise foi. Des tournois à n’en plus finir, organisés parfois sur plusieurs jours quand il y avait des potes absents, des tonnes de boissons gazeuses et de kébabs dévorés devant une sainte Dreamcast hurlant l’entêtant Take You For A Ride pendant des heures et des heures. Je vous l’assure : c’était un temps béni. Celui aussi d’une technologie en constante évolution, de développeurs totalement libres dans leur approche créative, et de projets totalement dingos comme un crossover entre un géant du comics et des génies du code. Mon test pourrait s’arrêter là, sur un 20/20, une obligation d’aller vous le procurer, avant de retourner y jouer et basta. Mais on va aller plus loin, car cette sortie mérite bien plus d’attention.
Marvel vs Capcom Fighting Collection n’est pas qu’une compilation, c’est le rassemblement de tous les jeux issus du partenariat, débuté en 1993, entre les deux entités. Et ça, mine de rien, c’est non seulement tout un pan de l’histoire de Capcom, mais aussi du jeu vidéo. Si, aujourd’hui, la licence est un peu moins sous les projecteurs, à l’époque elle était un véritable phénomène outre-Atlantique, bien plus fort que ne l’était Street Fighter. Nous, en Europe, fûmes moins impactés car Marvel n’était pas encore le monstre associé à Disney. Du coup, il est bon de pouvoir retrouver ici certains titres à l’époque un peu passés inaperçus, voire sous-cotés. Avant d’aller plus loin, voici les titres embarqués :
- The Punisher (1993)
- X-Men Children of the Atom (1994)
- Marvel Super Heroes (1995)
- X-Men vs Street Fighter (1996)
- Marvel Super Heroes vs Street Fighter (1997)
- Marvel vs Capcom : Clash of Super Heroes(1998)
- Marvel vs Capcom 2 : New Age of Heroes (2000)
Et mieux vaut le préciser de suite : tous sont proposés dans leur version Arcade. C’est sans doute mon seul regret quant à cette sortie, car j’aurais aussi aimé aussi avoir accès aux versions consoles, dans un esprit de complétion. Mais passons. Comme vous le constatez, cet accord entre Capcom et Marvel était vertigineux non seulement sur le papier mais aussi en terme de rythme de sortie. On est quand même sur une par an, c’est aujourd’hui impensable. Alors même que les effectifs des équipes de développement ont augmenté aussi drastiquement que les budgets, allez donc comprendre (en fait, on a compris…). Mais la qualité était-elle au rendez vous ? Marvel vs Capcom Fighting Collection me permet de répondre positivement.
Sept jeux indémodables pour bien des raisons
Tout d’abord, et c’est une vraie surprise pour ma part, The Punisher est un excellent beat’em all. Comme j’avais à peine dix ans lors de sa sortie, je n’avais que connu sa sortie sur Mega Drive en 1994. Et encore, uniquement dans les colonnes d’un Player One qui l’avait sanctionné, je m’en souviens parfaitement, d’un vilain 60%. J’en étais resté à ce statut de soft très moyen, sans même connaître celui, bien plus reluisant, de la version Arcade. Là, j’ai découvert un BTA hyper bien rythmé, certes bien bourrin pour rester dans l’esprit de la licence mais surtout assez novateur avec cette mécanique des armes sur certaines phases précises. Alors oui, on marave le bouton de frappe sans trop réfléchir, et la difficulté est d’époque. Mais j’insiste vraiment sur cette impression de toujours voir le jeu se renouveler dans les situations, une qualité que presque seuls les BTA de Capcom à l’époque nous proposaient. Et si vous avez de la compagnie, sachez qu’il existe un mode deux joueurs, en local. Le second perso étant Nick Fury. Ah, rassurez-vous : le challenge d’époque est bien élevé mais, et c’est une constante dans ce Marvel vs Capcom Fighting Collection, il existe tout un tas de nouvelles options pour éviter le rage quit (rewind, crédits infinis, sélection du niveau).
Les six autres titres inclus dans Marvel vs Capcom Fighting Collection sont autant de témoignages d’une époque où la progression du gameplay se faisait autant sentir que celle de la technique. Tentez l’expérience, jouez à tous les jeux les un après les autres dans l’ordre chronologique, vous allez découvrir une véritable montée en puissance. X-Men : Children of the Atom et Marvel Super Heroes gardent une forme qu’on peut qualifier de classique : du un contre un dans le pur style Street Fighter. Par contre, le premier cité installe bel et bien des mécaniques et des particularités qui seront reprises jusqu’à Marvel vs Capcom 2. La première, c’est l’aspect bien plus brute que chez Ryu et Guile. Certains personnages (Juggernaut et Sentinel !) sont gigantesques, les coups spéciaux éclatent l’écran. C’est clairement pensé pour un public américain qui peut imaginer perdre en visibilité ce qu’il gagne en spectaculaire. Cela pourrait en fait être problématique si, d’un autre côté, Capcom n’avait pas incorporé des mécaniques techniques. Heureusement, c’est bien le cas avec la fameuse jauge X-Power qui se rempli quand on frappe, et dont l’utilité est de balancer une super attaque contre une manipulation plus ou moins ardue. On a aussi des dashs, des rétablissements rapides permettant de surprendre l’adversaire, le super saut. Bref, des réflexes s’installent, et on les utilisera avec quelques modifications sur les autres titres.
Le musée, pièce centrales de cette compilation
Le combat par équipe débarque en grandes pompes avec la version arcade du cultissime X-Men vs Street Fighter, que j’avais découvert sur PlayStation. Le truc, c’est qu’il était sorti quelques jours avant l’ultra-attendu The Legend of Zelda : Ocarina of Time, donc on l’avait tous un peu mis de côté. Marvel vs Capcom Fighting Collection m’a permis de me rendre compte à quel point le résultat était déjà hallucinant. Combats en deux contre deux, un seul round, temps limité et surtout des sensations aériennes décuplées (ça tabasse violemment pendant les sauts !) et des coups spéciaux plus faciles à sortir. Et le clou de ce spectacle déjà somptueux visuellement, ce sont les coups spéciaux associés si l’on opte pour une paire de personnages complémentaires. Ensuite, Capcom n’aura qu’à perfectionner la formule au fil des itérations, en même temps que le roster. La compilation fait en sorte qu’on puisse jouer aux jeux dans des conditions parfaites, avec les tag team battle évidemment au rendez-vous. Car je rappelle que les versions PlayStation ne pouvaient les proposer à cause de son hardware limité. Tout cela explosera avec Marvel vs Capcom 2, le sommet de la licence que même les plus récents Marvel vs Capcom 3 et Marvel vs Capcom : Infinite n’atteignent pas.
Marvel vs Capcom Fighting Simulation ne fait pas que proposer ces jeux, il les accompagne de tout un tas de modes et surtout d’un bon musée. Bien sûr, on a le online pour qui n’a pas le choix, avec même des leaderboards, des matchs classés ou amicaux, le tout avec un système Rollback Netcode solide au possible. Mais bon, je reste clairement de la team local. On a aussi un mode spectateur pour regarder les autres s’écharper et un Entrainement pour chacun des titres (hors The Punisher, évidemment). Les option d’accessibilité sont aussi assez nombreuses, comme une difficulté bien réglable ou, pour les plus paresseux, des coups spéciaux à un seul bouton. Une hérésie, oui, mais que voulez-vous : c’est 2024. Enfin, le Musée, l’une des grandes réussites de cette sortie. On a un jukebox incroyable (totues les OST , et surtout tout un tas de documents d’époque ! Pas seulement des artworks donc, et ça fait grandement plaisir. Je reste cependant persuadé que, dans la forme, cela peut encore être amélioré : on pourrait pourquoi pas gagner des points en jouant, pour les dépenser à débloquer des parties de ce musée. Cela ajouterait un côté engageant. Enfin, la technique est clairement identique à celle de l’Arcade, tous les jeux sont donc impressionnants : le pixel art est et restera ce qui vieilit le moins. Contrairement à la 3D. Et toc les SSD magiques blablabla.