Hades est l’un des meilleurs jeux de ces dernières années
Enfin ! Les mois furent longs mais c’est fait : Hades est disponible sur PlayStation et Xbox. Et même avec une version next-gen tirant partie de ses spécificités. Pourquoi une telle attente ? Tout simplement parce qu’il s’agit clairement de l’un des tous meilleurs Roguelite parus à ce jour. Et pourtant, le titre reste assez peu connu du grand public. Espérons que cette sortie créera de nouveaux adeptes, car l’expérience est tout bonnement fascinante.
Avec son ambiance très olympienne, on pourrait être tenté de rapprocher God of War et Hades. Si les personnages sont évidemment en communs, d’ailleurs cela nous fait tout drôle de revoir Zeus avec ses yeux, la tonalité est pourtant totalement différente. Ici, il n’est pas question d’une quête vengeresse ultra-violente mené par un chauve énervé, mais plutôt d’une envie d’évasion. En effet, le joueur incarne Zagreus, fils d’Hadès, maître des Enfers. Et le fiston a des envies de rejoindre la surface et d’en respirer l’air frais. Seulement voilà, le papa n’a pas spécialement envie de vous voir gambader en Grèce, donc il lui oppose une horde de monstres de plus en plus puissants, dans des environnements labyrinthiques et générés aléatoirement.
Sur ce pitch parfaitement adapté à un Roguelite, Hadès va ajouter d’autres éléments, notamment des précisions sur des personnages secondaires avec qui l’on peut discuter. C’est l’un des grands exploits du très talentueux studio Supergiant Games (Bastion, Transistor) : avoir insuffler un véritable souffle épique, de l’aventure qui dynamise les innombrables run que vous ne manquerez pas de vivre. C’est ce qui manquait peut-être un peu au pourtant tout à fait culte The Binding Of Isaac. De plus, on vit aussi des rebondissements, le récit n’est pas un long Styx tranquille, et Zagreus va découvrir bien des choses pas toujours agréables. Et sachez que les sous-titres sont assurés dans un français soigné.
Un traitement scénaristique très soigné
Si l’enrobage scénaristique est très important, que dire alors du gameplay de Hades ? Rappelons d’abord succinctement ce qu’est un Roguelite : il s’agit d’une somme de mécaniques faisant de l’échec un élément central de l’expérience. On perd, on recommence, on gagne en skill, et l’on progresse aussi grâce à des objets que l’on garde après le game over. Le tout avec des environnements générés aléatoirement, tout comme la disposition des armes et de salles spéciales. Cela peut prendre plusieurs formes, comme un jeu de VTT (Descenders) ou de pure action (Returnal, qui partage aussi un univers très développé). Il s’agit d’un style qui mise avant tout sur l’accroche du joueur. Si elle est effective, alors le soft devient hyper addictif.
Hades, lui, s’inscrit dans l’action, utilise une vue éloignée et isométrique. Ce qui n’étonnera pas les amateurs de Supergiant Games, soit écrit en passant. Cela donne aussi une information : si le recul est tel, c’est que les salles vont proposer du remue-ménage, de la bataille acharnée. Et c’est bien le cas. La prise en mains se fait immédiate, un véritable plaisir pour tout joueur. On voit des ennemis et on veut les occire, rien de plus naturel. Pour ce faire, on a une attaque normale, une spéciale, une sorte de bombe à recharger en la retrouvant au sol, et une esquive assurant un court temps d’invincibilité. Plus tard, on obtient aussi une offensive de renfort en rapport avec l’une des divinités. Tout cela est sublimé par une maniabilité tout simplement exemplaire : tout répond avec la nervosité idéale. Fabuleux.
Le gameplay est d’une grande profondeur
Bien entendu, qui dit Roguelite dit améliorations temporaires, voire définitives. Et là aussi, Hades fait très fort. D’ailleurs, on pourra se sentir un peu submergé en début d’expérience, car tout n’est pas toujours hyper expliqué. Les ressources, comme des clés débloquant les six armes, ou de la monnaie afin de développer le lieu de vie, sont nombreuses et leur utilité multiple. Les armes, d’ailleurs, ont été remarquablement pensées : toutes apportent leur gameplay, mais aussi leur développement par le biais des bonus en cours de run. L’arc ne se joue pas comme l’épée ni comme le bouclier. Du coup, tous les joueurs vont pouvoir se concentrer sur l’approche qu’ils préfèrent : distance, corps-à-corps, allonge.
Les salles, toujours vivantes grâce à des pièges (dalles à mécanisme, tonneau explosif, lave brûlante etc) vous proposeront parfois plusieurs embranchements. Sur les portes, un indice quant au contenu ou à la récompense qui vous attend par la suite. C’est là aussi une bonne idée, car Hades demande au joueur une certaine concentration, donc cultive l’implication. Ainsi, si l’on veut gagner un bonus lié à Zeus ou à Poséidon, attention à ne pas louper leurs signes respectifs. Ces améliorations pourront être normales, rares, épiques, on a un classement un peu comme pour les armes et armures d’un Hack ‘n’ slash. Et ce n’est pas terminé : en refilant du nectar aux personnages secondaires, divinités ou autres, ils nous refileront un point de vie supplémentaires et parfois des souvenirs. On peut en activer un à la fois et il nous offre un effet évolutif (plus on l’utilise, plus il se renforce) tant qu’on porte cet objet. Tout cela apporte une profondeur sidérante.
Hades ne cesse de se renouveler
S’il nous faut faire attention à ne pas tout dévoiler, sachez tout de même que d’autres mécaniques renforcent encore une saveur un peu RPG. Par exemple, des cristaux mauves peuvent s’échanger contre des améliorations permanentes. Et les fameuses clés pourront en ouvrir de nouvelles au fur et à mesure, renforçant encore l’impression de toujours progresser. C’est d’ailleurs l’une des grandes réussites de Hades : si les bases de son gameplay sont répétitives, comme le veut le genre, il parvient sans cesse à maintenir éveiller l’envie d’avancer car la récompense est au rendez-vous. Et même quand on pensait en avoir fait le tour, Supergiant Games parvient à relancer l’intérêt brillamment. Mais chut, on n’en dit pas plus. Sachez simplement que la durée de vie est on ne peut plus solide. Zagreus peut atteindre la surface en une vingtaine d’heures, mais les jusqu’au-boutistes pourront multiplier ce chiffre au moins par cinq.
Techniquement, Hades a toujours été de bon niveau, mais c’est évidemment encore plus vrai sur PlayStation 5. Adieu les petites chutes de framerate sur Nintendo Switch : cette version affiche un 4K / 60fps constant, sans le moindre début de toussotement. Artistiquement, c’est marquant, même si l’on n’est pas fan d’absolument toutes les représentations de dieux et surtout de déesses (Athéna, vraiment trop éloignée de ce que la tradition antique nous a inculqué). Mais les décors restent bourrés de détails, les différents environnements sont bien différenciés. Un régal, et ce aussi côté ambiance sonore entre le doublage anglais bien joué et la musique dynamique. Seule déception, la DualSense n’est pas exploitée à sa juste valeur. Cela se ressent surtout dans les vibrations haptiques anecdotiques. Heureusement, le jeu ne l’est pas, lui.