KeyWe, un jeu de réflexion aussi mignon que difficile
Comme tous les ans, la rentrée de septembre est synonyme d’emballement de la production vidéoludique. Cette année ne déroge pas à la règle, notamment avec du gros J-RPG et du Director’s Cut. Du coup, il faut bien dire que les jeux plus humbles ont droit à un peu moins de lumière, malgré des qualités évidentes. Dans ce registre, on retrouve KeyWe, que Just For Games a la bonne idée de distribuer physiquement sous nos latitudes.
Si KeyWe se concentre rapidement sur ses belles idées de gameplay, on doit aussi signaler que le studio de développement, Stonewheat & Sons, a tenu à installer un petit contexte scénaristique. Il est simplement question de deux kiwis (nommés Debra et Jeff), ces animaux emblématiques de la Nouvelle-Zélande, dont la destinée est de travailler dans… un bureau de poste. Celui-ci, un peu dans la dèche et en plein no man’s land, a besoin de quiconque peut bosser. Oui, même deux adorables boules de poils à bec, tous petits et sans bras. Comment vont-ils pouvoir se débrouiller avec les tâches administratives, plus précisément la rédaction de messages pour des quidams, ou des envois de colis ? Eh bien en coopérant, pardi.
Le principe, sur le papier, est simple et limpide. Il vous est d’ailleurs exposé dans un tutoriel bien pensé, car il n’expose pas non plus tous les cas de figure que vous rencontrerez. Le premier sera de taper un message à la machine, et là on comprend le choix du kiwi pour nous représenter à l’écran. Comment ce petit animal rondouillard peut-il se faire dactylo ? En bondissant, en attrapant avec son long bec, ou encore en chargeant son saut vers le sol à la manière d’un Mario 64. Sur cette base, KeyWe brode un gameplay hyper intéressant, qui demande une grosse phase d’apprentissage, et une maitrise des sticks si vous jouez en solo. En effet, Jeff et Debra sont assignés aux deux, droit et gauche, et leurs mouvements sont évidemment indépendants.
Une expérience surtout coopérative
Cela, c’est pour le solo, qui a le mérite d’exister même si sa prise en mains est parfois délicate quand les tableaux se font plus avancés. Et chronométrés, qui plus est. Mieux vaut vous le dire de suite : KeyWe ne sera jamais aussi fun qu’avec un deuxième joueur. On se lance ainsi dans les niveaux de la campagne principale, lesquels vont bien vite mener le concept vers des développements inattendus. Alors que l’on galère déjà pas mal avec les majuscules, les clochettes de livraisons et autres, certains stages vont multiplier les pièges. Une pieuvre tentera de vous ralentir, des tempêtes de sables vont vous rendre fous, et l’on aura même droit à des phénomènes au-delà du réel. Cette diversité est bienvenue car, il faut bien l’avouer, la répétitivité peut parfois pointer le bout de son nez. Elle est ainsi atténuée.
KeyWe est certes une humble production, elle n’en est pas moins généreuse. Outre sa carrière principale étalée sur plusieurs saisons, et divisées chacune en douze stages, le soft propose de petites activités annexes. Tout d’abord, on a droit à des Heures Sup’, soit des minis-jeux qui s’écartent de la dactylo tout en sauvegardant une coopération primordiale. Il est notamment question de l’activité la plus agréablement intellectuelle du monde : éclater du papier à bulle. Aussi, sachez que si vous êtes chronométrés, ce n’est pas pour rien. En fin de stage, vous êtes récompensés par des timbres. Ceux-ci s’échangent dans la boutique, contre des objets purement cosmétiques (lunettes, coiffures, sacs, masques, etc), histoire de donner une apparence délirante à nos deux kiwis. Et le 100% n’est pas évident.
Qui s’y frotte s’y pique
D’ailleurs, c’est presque tout KeyWe qui n’est pas évident. La difficulté du jeu va crescendo, mais les dernières saisons sont vraiment très, très, très ardues. La moindre mésentente entre les joueurs se paie cash, ce qui a le don de créer quelques crispations. Donc, un conseil : ne vous fiez pas à la direction artistique mignonne, aux couleurs éclatantes, car le challenge est de taille. Techniquement, le résultat est plutôt convaincant, même si l’on remarque un peu de crénelage ici ou là. Cela reste fluide sur PlayStation 5, bien animé et, globalement, les textures confortent le style cartoonesque. Le multijoueur peut s’effectuer aussi en ligne, mais uniquement avec un joueur que vous connaissez. Une étrange décision qui nous coupe des joueurs du monde entier.