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Final Fantasy VI Pixel Remaster – Test – PC

image jeu final fantasy vi pixel remaster

Final Fantasy VI Pixel Remaster, un indispensable pour toute ludothèque

Suite et fin (?) de nos tests consacrés à la collection Pixel Remaster, lancée à l’approche des trente-cinq ans de la licence cultissime de Square Enix. Un parfum de fête donc, surtout que le soft ici traité est clairement notre préféré de la série, toutes époques comprises. Mais aussi d’accomplissement, voire même de mélancolie. Car ce grand, très grand jeu qu’est Final Fantasy VI est le dernier opus en full 2D, et se vit comme le témoignage d’une époque d’or aujourd’hui révolue, au profit de softs malheureusement bien plus cadrés, à de rares exceptions près. On était donc nostalgique en lançant ce titre sur Steam. Et sa majesté éclatante, toujours aussi grandiose, nous conforte dans cet état d’esprit : oui, c’était quand même mieux avant.

Pas que Final Fantasy VII, X, XII, et même le XV (oui, oui, on assume) ne nous aient pas réservé de très bons moments, loin de là. Ce furent aussi des jeux mémorables. Mais Final Fantasy VI Pixel Remaster, c’est autre chose. Avant d’aborder ce que cette histoire, et ce gameplay, ont encore de sidérant aujourd’hui, il est important de rappeler un peu qui est FF VI. Le titre d’origine est paru en 1994, sur Super Famicom. Non, pas sur Super Nintendo : rappelons que nous autres européens n’y avons pas eu droit à l’époque. D’ailleurs, sachez qu’en 1994, votre dévoué serviteur attendait encore Secret of Mana, c’est vous dire le retard que l’on pouvait prendre sur les gamers nippons. Enfin bref. La PlayStation était déjà en ligne de mire, le divorce entre Nintendo et Square approchaient irrémédiablement. Mais, depuis un an et demi (donc en 1992), l’éditeur préparait en secret des adieux en fanfare à la plus belle console de tous les temps.

Si FF V fut une très, très bonne itération, sous-estimée au possible, force est de constater que Square se devait tout de même de redresser la barre du côté des fans de J-RPG. Ceux-ci étant de plus en plus exigeants, surtout depuis la parution, en 1992, d’un Dragon Quest V tout bonnement exceptionnel. Mais, pour atteindre ne serait-ce que la cheville de ce gros morceau, il fallait surtout s’atteler à trouver le parfait équilibre entre gameplay et scénario, ce que ne parvenait pas encore à atteindre le cinquième opus. Final Fantasy VI a non seulement réussit ce tout de force, mais a aussi imposé un nouveau mètre étalon en la matière, faisant d’ailleurs passer le genre à l’âge adulte. Si, comme votre humble serviteur, vous avez découvert ce bijou il y a bien longtemps, vous vous souvenez sans aucun doute de cette tonalité hyper sombre, de ces thèmes matures sans non plus surjouer cette qualité (n’est-ce pas, le jeu vidéo moderne). Eh bien sachez que tout cela transpire encore de cette œuvre, c’est dire si elle était et reste marquante, au-delà de son caractère rétro.

Le récit de Final Fantasy VI est toujours à en tomber par terre, tant il réserve des moments d’une puissance colossale. En 1994, testeurs et joueurs avaient noté la propension du jeu à nous surprendre, notamment lors d’un événement chamboulant que l’on ne vous décrira pas dans ces lignes (les fans le connaissent, parlons simplement d’équipe disséminée). Oui, cela reste prégnant tout du long, et même mieux encore : comme le J-RPG a aujourd’hui du mal à proposer des expériences aussi fortes, on ressent même quelques passages bien plus puissamment qu’auparavant. Eh oui, enchainer Tales of Arise (et on l’a apprécié, ce soft !) et FF VI, ce n’est pas la même chose que de passer de Dragon Quest V à ce sixième opus. Quand on enchaine les moments de bravoure, on a peut-être du mal à les savourer, donc la collection Pixel Remaster a cela de bon qu’elle permet de véritablement prendre conscience des forces en présence. On insiste sur ce point, Square Enix a parfaitement raison de se lancer dans ces sorties, même si l’on aurait aimé les voir débarquer sur une console comme la Nintendo Switch. Pour bientôt ?

Le meilleur Final Fantasy à portée de tous les joueurs

Final Fantasy VI regorge de séquences inoubliables.

Le scénario de Final Fantasy VI Pixel Remaster est entièrement sous-titré en français, sur la traduction GBA. Rendez-vous compte, joueurs modernes, de l’incroyable chance que vous pouvez avoir alors que, en 1995, on se coltinait la version US en import, censurée dans tous les sens et incomplète avec l’adaptateur Super Nintendo (on manquait toute la fin, qui se résumait à un écran noir, c’était épouvantable). Rien que pour ce confort de lecture, vous devez vous rapprocher de cette sortie. Surtout que la traduction est d’excellente qualité, contrairement à certaines versions pirates que l’on peut trouver sur les Internets, tout à fait approximatives à bien des endroits. C’est donc dans la plus grande des aisances que l’on redécouvre une histoire au background fouillé, et aux personnages attachants. Mille ans après la légendaire guerre de la Magi, opposant humains et Espers, le monde vit désormais une paix toute relative. Car depuis peu, l’Empire, mené par le détestable Gestahl, a mis au point une technologie capable de faire plier n’importe quelle opposition : la Magitek, mélange de magie et de mécanique meurtrière. Déjà alarmante, la situation ne va faire qu’empirer quand, dans l’ombre, un autre personnage encore plus perfide, le psychopathe clownesque Kefka Palazzo, va s’emparer de cette arme pour ses plans purement destructeurs.

À partir de ce pitch d’apparence simple, Final Fantasy VI Pixel Remaster brode un cheminement en tous points remarquable. Dès l’ouverture, avec cette avancée des mechas menés par l’indomptable Terra Branford (vous voulez une femme forte, la voilà, oubliez les clichés sur pattes comme Aloy), baignée de l’inoubliable thème de Nobuo Uematsu, l’on sent que l’on va se prendre une torgnole à chaque situation vécue. Et c’est bien le cas. La jeune femme, accompagnée de deux autres soldats, est envoyée à Narshe, une ville minière dans laquelle un Esper congelé aurait été découvert. Ce qui pourrait bien marquer le retour de la magie, et donc intéresser plus que fortement l’Empire. Après avoir investigué dans les lieux, le trio est attaqué par sa cible, et seule Terra s’en sort vivante, mais amnésique (comme dans tout bon J-RPG). Ne se souvenant plus de ce qui la lie à Gestahl, notre héroïne va rejoindre la Résistance, et s’entourer de toute une tripotée d’alliés tous mieux écrits les uns que les autres (au point que presque tous peuvent être considérés comme les héros de l’histoire). Et ceci afin de faire échouer les plans machiavéliques de l’Empereur… et surtout de son terrifiant bras droit Kefka, l’antagoniste le plus marquant de la licence. Oui, devant Sephiroth, on assume pleinement ce propos.

Voir ce clown frappadingue empoisonner une rivière afin de tuer tous les habitants d’une ville, c’est toujours aussi renversant. Jamais un antagoniste n’a aussi bien endossé le rôle du cauchemar ambulant, culminant sur la fin en une sorte de représentant du Mal absolu. Final Fantasy VI Pixel Remaster doit énormément à ses personnages, car c’est notre rapport à ceux-ci qui forge notre empathie, force essentielle afin de bien capter l’aspect dramatique des événements. De plus, le cheminement est constant, exemplaire tant il pousse à ne pas rester bloqué dans une seule facette du scénario. Le danger était de rester trop centré sur Terra, personnage iconique mais surtout bien complété par des coéquipiers eux aussi très importants. Ils sont donc treize à rejoindre l’héroïne (un record pour les Final Fantasy), tous accompagnés de leurs propres motivations, toujours émouvantes ou compréhensibles. Pour prouver l’importance de chacun, sachez que le joueur devra, à un moment crucial, choisir ceux qui devront rejoindre l’équipe. Même Terra peut ne pas y figurer, il faudra donc en laisser sur le carreau. C’est évidemment un crève-cœur, mais cela prouve aussi à quel point l’écriture des protagonistes prend une place très importante dans ce très grand J-RPG.

Un résultat presque parfait…

La mini-carte se révèle très utile…

Côté gameplay, Final Fantasy VI n’était pas une révolution en son époque, et c’est toujours vécu ainsi avec l’édition Pixel Remaster. On reste donc dans une prise en mains carrément idyllique, n’ayons pas peur des mots : les déplacements (à pied, puis en Chocobo et en astronef) ne souffrent d’aucune bizarrerie, et surtout les combats démontrent à quel point Square était à l’époque le roi en la matière (avec l’Enix de Dragon Quest, mais dans un style plus conservateur). On retrouve donc le système à base de jauge ATB, rendant les batailles aléatoires assez dynamiques pour ne pas trop paraître redondantes, même à l’époque. Sur ce socle solide, les développeurs ont tout de même fait preuve de courage en proposant des spécificités liées à chacun des personnages. Par exemple, l’un d’entre eux déclenchent ses coups spéciaux à l’aide de combinaisons de touches clairement inspirées par… les jeux de combat de 2D. Un autre peut voler les objets de ses adversaires. Chacun a donc sa propre classe, donc l’on dit au revoir au système de jobs de FF V. L’évolution se fait toujours en gagnant des point d’XP en fin de joute, mais aussi par l’acquisition d’équipements de plus en plus puissants dans les coffres ou magasins, au sein desquels on viendra dépenser tous nos gils. Enfin, signalons l’arrivée des attaques de désespoir, quand les PV sont très bas, mais aussi d’un système original d’invocations (les Espers, donc ça a un lien direct avec le scénario) à déclencher une fois par combat. Tout cela forme un système redoutablement efficace, toujours aussi agréable à maitriser.

Cependant, il va falloir aborder le sujet qui nous fâche. Aller, on peut comprendre (avec difficulté tout de même) que Square Enix ait décidé de baser Final Fantasy VI Pixel Remaster sur la version de 1994. Donc, comme pour tous les autres, on peut dire adieu aux ajouts de la version Game Boy Advance, qui comportait tout de même pas mal de bonus très sympathiques : des Espers, mais aussi des donjons et boss en plus. C’est vraiment dommage, même si la durée de vie reste évidemment solide pour un J-RPG de l’époque : une grosse d’heures pour l’histoire principale, et d’autant plus si l’on veut tout refaire avec les personnages que l’on n’avait pas sélectionnés. Pareillement, on peut pardonner la fameuse police d’écriture, ce n’est pas si grave que ce qu’on peut en lire. Par contre, il est à noter que cette édition est très légèrement censurée. Oui, censurée, comme au temps de la version Super Nes, mais cette fois-ci pour des raisons plus modernes. Afin de ne pas montrer l’un des personnages féminins se faire battre, par exemple, alors même que cela servait le propos pour bien installer le caractère détestable de ceux qui exécutaient ces exactions. C’est vraiment le genre de choses détestables (et tout à fait contre-productives) que l’on désire ne pas voir dans une telle version, surtout quand Square Enix prend l’excuse du remaster basé sur l’original pour ne pas proposer les bonus liés aux éditions plus récentes. Il y a là un paradoxe que l’on ne comprend pas, et qui prive le jeu de la note parfaite, ce qui aurait été une première dans notre webzine.

Malgré ce regret de taille, Final Fantasy VI Pixel Remaster propose tout de même quelques refontes bienvenues. On signalait plus haut les sous-titres français, déjà une grande qualité. Signalons aussi, comme pour tous les autres opus de cette collection, la possibilité de sauvegarder quand on veut (et aussi des sauvegardes automatiques), et une option afin d’accélérer la marche des personnages et des combats (ouf !). Aussi, la carte est un vrai ravissement, non seulement pour s’y retrouver mais aussi s’assurer qu’on a bien trouvé tous les trésors à chaque lieu visité. Ceux-ci ont parfois eu droit à une bonne refonte technique, tout comme certains sprites. Par contre, c’est moins visible que pour les autres épisodes de la collection, et ça se comprend tant ceux de base sont déjà d’une beauté saisissante. La colorimétrie a un peu été retouchée, c’est globalement un peu plus vif, ce qui pourra peut-être un peu déplaire dans la seconde moitié de l’aventure, alors que le monde est plongé dans l’angoisse. Mais tout de même, on ne peut que saluer le travail effectué sur l’aspect visuel, notamment les effets de lumière vraiment qualitatifs. Enfin, on se doit aussi d’insister sur la réorchestration de la bande originale, supervisée par Nobuo Uematsu lui-même. Déjà plus que prodigieuses en 1994, les musiques établissent ici un nouveau standard : c’est tout simplement divin aux oreilles. Et cela ne fait que rendre l’expérience d’autant plus indélébile.

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