MotoGP 22, un opus en partie solidifié
Un temps, le petit monde des jeux de course fut clairement l’affaire de deux acteurs prestigieux : Polyphony Digital (Gran Turismo) et Turn 10 (Forza Motorsport). Depuis quelques années, cette hégémonie bicéphale est régulièrement remise en question, notamment par les surprenants développeurs de Codemasters, dont les jeux de F1 font le bonheur des amateurs. Dans l’ombre de ces nouveaux maîtres, un studio italien s’est aussi fait un nom : Milestone. Si leurs titres sont sans doute un peu moins aboutis, reste que c’est grâce à eux que les fans de motos en tous genres peuvent tout de même prendre leur pied très régulièrement, leur rythme de parution laissant pantois tous les observateurs du milieu. Quelques mois après Monster Energy Supercross 5 et MXGP 2021, voilà donc que débarque un MotoGP 22 très surveillé. Car l’édition de l’année dernière, plutôt rutilante mais timide en nouveaux contenus et sans doute brimée par le début de génération PS5/Xbox Series, n’avait pas totalement satisfait son monde.
Je vais aller droit au but : j’espérais surtout de MotoGP 22 qu’il soit intéressant dans son contenu. Non pas que je ne croyais pas en une révolution technique, mais tout le monde savait bien qu’elle n’aurait pas lieu en simplement une année. L’année prochaine, je serai plus intransigeant sur cet aspect. Cette précision faite, vous comprenez que je me sois tout d’abord rué sur le casting des modes. Et là, que vois-je ? Un contenu intitulé Nine : Saison 2009. Voilà qui a fait naître beaucoup d’interrogations chez les simples amateurs de simulations automobiles, mais pas chez les passionnés. Car cette saison 2009 fut démentielle, avec un quatuor de génies de la mécanique (Lorenzo, Pedrosa, Stoner et bien évidemment le grand vainqueur Rossi) qui ont tenu en haleine des millions de téléspectateurs pendant près d’une année, avec des rebondissements à foison que ce mode nous permet de revivre avec une belle réalisation, digne d’une série de qualité.
En fait, ce contenu Nine : Saison 2009 est un mode Histoire, purement et simplement. La super idée de Milestone étant de ne surtout pas se perdre dans un scénario bidon, comme j’ai pu en vivre dans quelques FIFA, aux côtés de ce pauvre Alex Hunter sans charisme. Ici, pas d’invention, le joueur est en immersion avec de vrais champions pur jus, et la mise en scène se charge de coller aux faits réels. Du coup, la saison se présente sur la forme d’un documentaire interactif, avec le renforts de moult images d’archives afin de bien capter l’intensité de ce que l’on parvient à réaliser. Les dix-sept circuits s’enchainent, et au sein de ces véritables épreuves le jeu nous demande de venir à bout de certains événements réellement survenus. Pas de doute, c’est bien avec ce contenu que MotoGP 22 parvient à me faire écrire qu’il s’agit de l’un des jeux les plus importants du studio italien : il est si réussit que je ne peux qu’espérer le voir revenir l’année prochaine. Avec peut-être encore plus de choses à débloquer, même si ces récompenses (tenues, motos…) sont déjà très bien pensées.
Le mode Nine, très bon apport de cette édition
L’autre gros morceau que je surveillais particulièrement n’est autre que le mode Carrière. Et là, MotoGP 22 est beaucoup plus classique pour qui connait les travaux de Milestone. Comprendre par là qu’il s’agit d’enchainer les courses officielles, si on le souhaite depuis les divisions inférieures (Moto3 et Moto2) et dans une team toute aussi réelle. Rassurez-vous, on peut aussi en créer une de toute pièce. Puis, il va falloir monter les échelons, non sans gérer toute la partie contrats, recherches et développements. Bref, du déjà-vu l’année dernière, celle d’avant, et encore celle d’avant, etc. Le principe est à peu près le même qu’auparavant, avec des ingénieurs à placer dans différents services (électronique, moteur, etc), et des points de développement à glaner pour progresser. Bref, rien de bien nouveau sous le soleil, même si je me prends encore et toujours à l’exercice grâce à l’impression d’évolution et au bon rythme de l’ensemble. Mais, encore une fois après MotoGP 21, il va falloir que Milestone se penche sur la nécessité de renouveler la structure de la Carrière, sinon la lassitude finira par l’emporter.
MotoGP 22 apporte deux autres contenus neufs : l’Académie et le mode multi avec écran splitté. Pour le premier mode, il s’agit de se mettre en condition afin de bien comprendre tous les rouages de cette simulation. C’est une très bonne initiative, car certains éléments de gameplay peuvent faire peur aux nouveaux venus. On pense notamment à la température des freins, à l’usure des pneus. Cela a un impact direct sur la conduite, les performances, et donc le temps à l’arrivée. Ainsi, les novices qui, auparavant, ne comprenaient pas certains échecs vont de suite comprendre où ils se situent, ce qui les provoque. Du coup, je ne peux que conseiller de vous y aventurer avant même de vous lancer dans la Carrière, et même dans Nine. Ce ne sera que plus palpitant. Ensuite, il est enfin possible de s’amuser avec un pote en local. Pas grand chose à écrire sur ce mode splitté, mis à part que la technique prend un petit coup derrière les oreilles, avec des décors encore plus vidés qu’en solo.
La technique reste plantée sur l’ancienne génération
Côté gameplay, MotoGP 22 reprend les solides bases installées depuis la saison 2020, et les améliore sur quelques points clés. Les habitués de la licence remarqueront de suite que la physique des bolides est plus réaliste que jamais. Coucher une moto ne se fait plus au pifomètre, il est nécessaire de gérer son accélération en virage sous peine de perdre en adhérence, et donc de dire bonjour au bitume. Du coup, les suspensions deviennent hypers importantes, elles sont la clé des réussites et des échecs. Aussi, les freins paraissent plus sensibles qu’auparavant, et surtout la différence entre avant et arrière est désormais primordiale. Ne pensez pas les utiliser au hasard, sinon c’est le soleil assuré. Tout le reste, comme l’anti-wheeling, est digne du prédécesseur, ce qui est une bonne chose. Par contre, il faut signaler l’arrivée d’une sorte d’aide au pilotage intelligente, un analyseur de conduite, qui permet surtout de modifier certains aspects afin d’éviter d’être trop facile en course. Tout le reste est conforme aux attentes, la licence étant désormais bien rodée dans le domaine des sensations, et surtout du côté de l’intelligence artificielle, vraiment enquiquinante mais jamais folle furieuse. Un bon équilibre qui imprime aux courses un rythme agréable, sans trop l’impression de facilement survoler toutes les situations.
Reste tout de même un dernier point, et c’est malheureusement celui-ci qui porte un peu atteinte au constat. Si la série n’a jamais été un foudre de guerre technique, on attendait tout de même de ce MotoGP 22 qu’il passe un réel cap visuel. Ce n’est pas encore le cas. Le résultat n’est pas vraiment moche, la fluidité est constante et le moteur assure un rendu sans bugs d’affichage. Le principal est donc assuré, mais le reste est trop juste. Les animations sortent de la précédente génération, que ce soit en course ou en-dehors. Surtout, les décors font datés, sans vie. Les conditions météorologiques gardent aussi ce caractère un peu terne, issu de l’époque PlayStation 4 / Xbox One, même si elles restent encore un minimum impressionnante. Quant aux bruitages, ils me paraissent sortir tout droit de l’ancienne édition, sans aucun apport. Pour la claque, il faudra espérer que la prochaine année sera la bonne. Sinon, il sera temps de sortir le couperet.